Le clapping est efficace, moyennant quelques précautions - La Semaine Vétérinaire n° 1358 du 02/05/2009
La Semaine Vétérinaire n° 1358 du 02/05/2009

Stimulation du réflexe de toux

Formation continue

ANIMAUX DE COMPAGNIE

Auteur(s) : Philippe Zeltzman

Avec un taux de mortalité de près de 25 %, la pneumonie par fausse route est à prendre au sérieux. Le traitement inclut classiquement l’hospitalisation, une perfusion intraveineuse, une antibiothérapie (souvent une céphalosporine combinée à de l’enrofloxacine), l’oxygénothérapie, la nébulisation et le clapping (ou percussion thoracique). Ce dernier facilite l’expectoration des sécrétions pulmonaires et bronchiques en stimulant le réflexe de toux.

• Positionnement

Pour pratiquer le clapping, le plus facile est de se placer derrière l’animal, et de poser une main de chaque côté du thorax. Les mains sont disposées “en coupe”, afin de laisser de l’air entre la paume de la main et la paroi thoracique. Il s’agit d’un point crucial. Le thorax est alors percuté de manière rythmique : droite, gauche, droite, gauche. Les mains se promènent sur la totalité de la cage thoracique.

L’air emprisonné entre la paume de la main et la paroi thoracique crée une “énergie vibratoire” qui est transmise au tissu pulmonaire et aide les sécrétions à se décrocher. Garder les mains à plat rend le clapping totalement inutile. L’importance du positionnement des mains en coupe peut se quantifier. Elles génèrent ainsi une fréquence de 5 à 10 Hz qui parvient à liquéfier le mucus. Les mains à plat engendrent une une fréquence plus élevée qui ne donne pas le résultat désiré.

• Rapidité, force et durée

La rapidité et la force nécessaires sont difficiles à estimer, mais elles peuvent être comparées à celles d’une personne qui applaudit, ou qui tape dans le dos de quelqu’un qui a avalé de travers. Le son et le rythme sont également comparés à un cheval au galop.

Le bon sens permet ensuite d’adapter la force employée à la taille de l’animal et à son état de santé général. Une période d’adaptation peut être nécessaire. Mieux vaut plusieurs sessions courtes au début. La durée peut ensuite être augmentée progressivement, jusqu’à une dizaine de minutes, trois ou quatre fois par jour, tant que la toux persiste.

• Nébulisation

L’utilisation d’un antitussif est généralement déconseillée, car le but est d’encourager une toux productive afin d’expectorer les sécrétions au maximum. Ce processus est facilité par une bonne hydratation de l’animal, à la fois par voie intraveineuse et par le biais de la nébulisation.

Un nébulisateur permet de créer de minuscules gouttelettes de sérum physiologique qui peuvent descendre dans les parties terminales de l’arbre respiratoire et humidifier l’appareil muco-ciliaire. Pour cela, les gouttelettes doivent avoir un diamètre inférieur à 3 µm. Un simple vaporisateur ou un humidificateur seraient inappropriés. Certains ajoutent un antibiotique dans le réservoir du nébulisateur (gentamycine à la dose de 3 mg/kg), un mucolytique (N-acétylcystéine), ou encore de l’albutérol (une ampoule de 3 ml, 2,5 mg, d’une solution à 0,083 %) afin de provoquer une bronchodilatation. L’intérêt réel de ces médicaments est actuellement controversé. Une séance de nébulisation dure dix à quinze minutes.

Si l’animal est rendu à son propriétaire, il peut lui être conseillé de conduire le chien ou le chat dans la salle de bain à chaque fois que quelqu’un prend une douche. La vapeur d’eau est un moyen simple d’hydrater les sécrétions. Une session de clapping devrait alors suivre chaque douche.

Les sécrétions, une fois présentes dans les voies aériennes, provoquent une toux, qui entraîne à son tour l’expulsion des sécrétions.

La toux peut être exacerbée par une séance d’exercice, qui peut donc faciliter l’expectoration. Une fois le clapping terminé, il est important de se contenter d’une courte marche en laisse lorsque la fonction respiratoire de l’animal est compromise. Les animaux qui peinent à se repositionner eux-mêmes devraient être tournés fréquemment pour que le poumon en position ventrale ne soit pas toujours le même.

Au final, le clapping est une technique simple, peu onéreuse et efficace qu’il convient d’intégrer dans le traitement de la pneumonie par fausse route du chien et du chat.

Cinq erreurs fréquentes à éviter

1. Mettre les mains à plat.

2. Faire le clapping avant la nébulisation.

3. -Taper des deux côtés du thorax simultanément.

4. Taper trop doucement.

5. Taper trop violemment.

Ph. Z.

A LIRE DANS Le Point Vétérinaire

• Anthoy Bartolo : « Le syndrome myasthénique chez le chien », PV n° 267, juillet 2006.

VIDÉO

Une vidéo (en anglais) de démonstration de la technique du clapping est disponible sur l’Internet (www.youtube.com/user/danelover4, référence PV).

Faux amis

Ironiquement, “clapping” est un faux ami, puisqu’il signifie applaudir chez les anglophones. En anglais, la technique est appelée coupage. Or, aux Etats-Unis, ce terme est supposé provenir du mot français “coupe”, puisque les mains sont mises en coupe.

Ph. Z.
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