La “zénitude” vient avec le temps

Avec les années, nous apprenons à être plus patients. Les débuts dans la profession sont parfois tumultueux et l’ego du jeune praticien a besoin de s’affirmer face aux doutes qui émergent parfois sur ses capacités professionnelles. Mais le temps et l’expérience nous apprennent à gérer les situations complexes ou délicates, de façon plus zen. Les besoins matériels et les engagements financiers se font aussi moins pressants, ce qui nous permet de voir s’éloigner les problèmes de fins de mois. Nous apprenons également à déléguer les actes pour lesquels nous ne disposons ni du savoir-faire ni du matériel nécessaire. Il n’y a rien de honteux à cela, bien au contraire.

Aux confrères qui n’ont pas le moral⁽¹⁾, je conseille de travailler en ayant conscience des enjeux de notre métier et avec le désir de faire réellement ce qu’il y a de mieux pour les animaux pris en charge. Le bonheur est dans le sentiment d’avoir bien rempli sa journée et travaillé en adéquation avec certains principes que nous nous sommes fixés, d’avoir pu au moins servir avec honneur sa profession en aidant réellement les animaux à rester ou à recouvrer la santé et le bien-être, d’avoir pu communiquer avec tous ceux qui nous entourent, en sachant combien ils nous sont précieux et savoir les comprendre et les aimer.

Etre heureux, c’est simplement s’accepter comme l’on est. C’est aussi dire la vérité, donner de son temps et partager son savoir et ses compétences.

C’est encore admettre l’aide des autres et leurs conseils, tout en sachant garder sa personnalité et son indépendance. Bref, être heureux, c’est être soi-même. Le premier pas pour y parvenir est de se connaître, de prendre conscience de ses capacités et de ses limites sans se mentir et avec indulgence, parfois aussi de reconnaître ses défauts.

Pour les biens matériels je ne retiens qu’une phrase : « Désire ce que tu as, et tu as ce que tu désires ! » Le grand bonheur de notre profession, comme l’indique une affiche éditée par l’Ordre, c’est d’être « vétérinaires pour la vie ». Pour finir, je citerai un grand poète et sage persan, Djalal al-Din Rûmi : « Aime chaque chose et tu vivras toujours au milieu des roses ! »

• (1) Notre confrère réagit au sondage sur le moral des vétérinaires, paru dans La Semaine Vétérinaire n° 1351 du 13/3/2009 en page 10.