Des moustiques génétiquement modifiés sont à l’étude pour lutter contre la dengue - La Semaine Vétérinaire n° 1358 du 02/05/2009
La Semaine Vétérinaire n° 1358 du 02/05/2009

Santé publique. Maladie vectorielle

Actualité

Auteur(s) : Nathalie Devos

Le but est de diminuer l’effectif des moustiques autochtones pour limiter la pression d’infection.

Il n’existe ni vaccin ni traitement curatif pour lutter contre la dengue, une infection virale transmise par les moustiques du genre Aedes (voir encadré). Des spécialistes s’accordent donc sur le fait que le seul moyen efficace de combattre ou de prévenir cette maladie est de s’attaquer à son vecteur. Mais la tâche est difficile, car ces moustiques prolifèrent en milieu urbain et leurs œufs résistent dans des milieux humides, par exemple des pneus, échangés dans le monde entier. Les résultats de travaux scientifiques ouvrent néanmoins une nouvelle perspective. D’ici à un ou deux ans, une nouvelle “sorte” de moustique génétiquement modifié pourrait être lâchée dans l’environnement si son utilisation est approuvée en termes de biosécurité, d’éthique et de réglementation et si les communautés y consentent, indique l’Organisation mondiale de la santé (OMS) dans son bulletin de mars dernier. Créés dans les laboratoires de l’université d’Oxford et d’Oxitec, une entreprise de biotechnologie située dans le sud de l’Angleterre, ces moustiques mâles de l’espèce Aedes aegypti seront destinés à s’accoupler avec des femelles sauvages, mais leur descendance mourra au stade nymphal. Le but est de diminuer l’effectif des moustiques autochtones pour limiter la pression d’infection.

La technique dite de l’insecte stérile est utilisée en agriculture depuis plus de cinquante ans contre les ravageurs. Elle consiste à disséminer des insectes élevés en laboratoire et rendus stériles par irradiation. Mais cette méthode n’a pas donné de bons résultats avec les moustiques, car les doses de rayonnement stérilisantes les affaiblissent et réduisent leur aptitude à rivaliser avec les autres mâles.

Les résultats obtenus par Oxitec ont été corroborés par les premiers essais réalisés en conditions semi-naturelles, en collaboration avec l’Institut de recherche médicale (IRM) de Malaisie. Ils ont été effectués dans un local fermé reproduisant l’environnement naturel dans le but de tester la capacité des moustiques mâles génétiquement modifiés à rivaliser avec les insectes non modifiés. En décembre dernier, des experts internationaux ont pris part à une réunion organisée à l’IRM par le Programme des Nations unies pour le développement (PNUD) dans le but de débattre de l’évaluation des risques avec des scientifiques et les représentants d’organismes de réglementation malaisiens et régionaux.

La prochaine étape consistera à effectuer des essais dans la nature. Les moustiques seront lâchés sur des sites choisis, naturellement clos, par exemple des îles. Selon Yeya Touré, responsable des interventions innovantes pour la lutte antivectorielle au sein du programme spécial PNUD/Banque mondiale/OMS de recherche et de formation concernant les maladies tropicales, ils pourraient débuter dans quelques mois.

Les moustiques génétiquement modifiés ne sont pas la solution à eux seuls

Le moustique Aedes et la lutte contre la dengue ne sont pas les seuls visés. D’après Paul Eggleston, de l’université de Keele, en Angleterre, qui travaille à la mise au point de moustiques génétiquement modifiés depuis 1983, il est maintenant possible de modifier génétiquement tous les grands groupes taxonomiques de moustiques, y compris ceux du genre Anopheles, qui transmettent le paludisme, et ceux du genre Culex, vecteurs de la filariose lymphatique, qui peut entraîner l’éléphantiasis. Les possibilités de mener une offensive concertée contre les maladies transmises par les moustiques sont immenses. Il convient de distinguer la technique de l’insecte stérile de celle du remplacement de la population, actuellement à l’étude. Cette dernière consiste à modifier l’insecte pour qu’il ne puisse plus transmettre le parasite à l’origine de la maladie. Elle suppose l’accouplement d’insectes génétiquement modifiés avec la population sauvage et la modification permanente de son patrimoine génétique.

Mais les moustiques génétiquement modifiés ne sont pas une solution miracle pour lutter contre les maladies qu’ils transmettent. Selon les chercheurs, si l’une des méthodes qui les utilisent fonctionne, elle devra être associée à d’autres éléments d’éradication, comme la lutte antivectorielle, les vaccins et les médicaments.

Etiologie et symptômes de la dengue

La dengue est une maladie virale transmise par les moustiques du genre Aedes, notamment Aedes aegypti (plus rarement Aedes albopictus ou Aedes polynesiensis qui sont des vecteurs moins compétents). Elle se traduit par une forte fièvre, accompagnée de maux de tête, de courbatures et d’une sensation de fatigue. La maladie peut cependant évoluer vers des formes sévères (dengue hémorragique, dengue avec syndrome de choc).

Le virus de la dengue est un arbovirus dont il existe quatre sérotypes distincts (DEN-1, DEN-2, DEN-3 et DEN-4).

L’infection par un sérotype donné confère une immunité prolongée, mais n’offre pas d’immunité croisée contre les autres sérotypes. L’homme représente à la fois le principal réservoir naturel pour les virus de la dengue et le disséminateur de la maladie.

Selon les estimations, cent millions de personnes contractent la dengue chaque année.

N. D.
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