RADIOGRAPHIE DE L'IMAGERIE D'AUJOURD'HUI ET DE DEMAIN - La Semaine Vétérinaire n° 1357 du 24/04/2009
La Semaine Vétérinaire n° 1357 du 24/04/2009

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Auteur(s) : Lorenza Richard

L'imagerie médicale vétérinaire est aujourd'hui en plein essor, grâce à la démocratisation de techniques sophistiquées. Pourtant, si de plus en plus de confrères se forment, parfois jusqu'à se spécialiser, l'avenir de la profession ne sera pas une médecine à deux vitesses, mais une chaîne de soins cohérente, où le praticien généraliste jouera un rôle de première importance.

Depuis le début du XXIe siècle, la médecine vétérinaire connaît un véritable engouement pour les techniques d'imagerie(1), qui sont de plus en plus performantes. L'essor technologique observé ces dernières années a conduit de nombreux praticiens à se former à la pratique de ces examens, voire à l'imagerie pure, et à investir dans des techniques lourdes, ce qui était inenvisageable voici encore peu de temps.

« Avec l'imagerie, la médecine progresse, souligne notre consoeur Juliette Besso, consultante en imagerie à Paris. Plus elle s'affine, plus il est permis d'être précis dans la catégorisation de la lésion. Nous savons s'il est possible de traiter et de quelle manière. Opérer un méningiome cérébral était inconcevable il y a dix ou quinze ans, de même qu'une intervention sur l'obstruction du canal cholédoque. »Olivier Sebille, praticien à Castres (Tarn), renchérit, expliquant le succès de l'imagerie médicale par la « volonté d'affiner le diagnostic avec la procédure la moins invasive possible. Son évolution permet de préciser les diagnostics et les pronostics, et de prendre les meilleures décisions thérapeutiques, c'est-à-dire de donner aux gens ce qu'ils attendent de nous ». L'évolution de l'imagerie permet donc une médecine de qualité, une meilleure prise en charge de l'animal, mais également l'orientation vers des traitements de qualité.

« Aucune technique d'imagerie ne tue les autres »

La crainte que les nouvelles techniques supplantent les anciennes, et que ces dernières disparaissent au profit des plus performantes, est légitime. Il n'en est rien. La technologie progresse, ce qui provoque le perfectionnement des techniques, mais elles ne sont pas remises en cause, comme l'illustre la disparition prochaine de la radiographie argentique au profit de la numérique, sans pour autant modifier la place de la radiographie en médecine vétérinaire.

Les consultants en imagerie n'établissent aucune hiérarchie entre les différents examens d'imagerie, qui sont complémentaires. Il faut souvent en associer plusieurs pour obtenir le diagnostic différentiel le plus réduit possible. « Aucune technique ne tue les autres. Toute avancée est une bonne nouvelle », constate Olivier Sebille. Disposer de plusieurs techniques d'imagerie sur un même site, choix qu'ont fait certaines structures, permet une prise en charge des animaux plus précoce que dans le cadre de référés. Mais comme le souligne Arnaud Louvet, praticien à Saint-Germain-en-Laye (Yvelines), « la radiographie et l'échographie, relativement peu coûteuses et qui donnent de bons résultats, apportent la majorité de l'aide nécessaire au diagnostic dans la pratique quotidienne ». Néanmoins, lorsque cela n'est pas suffisant, d'autres examens complémentaires sont à envisager, comme l'imagerie par résonance magnétique (IRM), souvent demandée trop tard. « Comme le scanner, elle doit être envisagée le plus tôt possible, et non en dernier recours, en fin de vie », poursuit Arnaud Louvet. « Si un praticien hésite à prescrire une technique, il peut poser la question de l'indication aux spécialistes », précise Juliette Besso.

Les propriétaires sont demandeurs d'actes poussés en imagerie

Les vétérinaires réfèrent d'ailleurs de plus en plus, comme le souligne Franck Durieux, praticien à Eysines (Gironde) et président du Groupe d'étude en imagerie médicale (Geim) de l'Afvac. « Autrefois, il n'y avait que deux scanners et les propriétaires devaient être motivés pour effectuer le trajet. Aujourd'hui, il en existe un peu partout en France, ce qui entraîne une multiplication des prescriptions. »Mais parfois, les clients font eux-mêmes la démarche, comme en témoigne Arnaud Louvet : « Paradoxalement, la demande d'IRM vient souvent d'eux. »

« Malgré la crise, une tranche de la population refuse de rester dans le flou et veut savoir », renchérit Olivier Sebille. De nombreuses personnes vont ainsi chercher l'information sur l'Internet, et s'adressent directement aux spécialistes susceptibles de leur proposer une alternative pour leur animal.

Vers une chaîne de soins cohérente entre généralistes et spécialistes

Dans les années à venir, l'imagerie prendra une place de plus en plus importante, d'autant que les jeunes vétérinaires qui sortent des écoles ont l'habitude d'avoir recours au scanner ou à l'IRM, contrairement à leurs aînés de quelques années. Cela entraînera une spécialisation du praticien. « Les exigences des clients augmentent, les confrères le sentent, mais ils ne peuvent être au top dans tous les domaines, même s'ils font l'effort de se former »,souligne Franck Durieux. Il est donc important que les praticiens connaissent leurs limites, car « l'imagerie change vite, et la précision du diagnostic aussi, estime Juliette Besso. Il serait dommage, pour l'animal, que son vétérinaire ne tire pas toutes les informations fournies en raison d'une insuffisance de formation ou d'un manque d'expérience. Toutes les formations ne se valent pas, et la pratique est essentielle. Mal utiliser une méthode peut la discréditer, ainsi que le praticien ». Pour ces raisons, l'avenir prendra probablement l'aspect d'une chaîne de soins cohérente, dont les maillons seront constitués de généralistes et de spécialistes, les premiers avec un rôle de premier ordre, la médecine de proximité permettant de cibler les examens et de les référer vers les seconds. L'examen clinique reste en effet le préalable indispensable. C'est lui qui oriente le choix du praticien vers une technique d'imagerie particulière.

La télémédecine trouve toute sa place en imagerie médicale

La télémédecine constitue une solution d'avenir. Aujourd'hui, grâce à l'Internet, le vétérinaire peut, depuis sa clinique, demander une expertise visuelle pour infirmer, confirmer ou orienter un diagnostic, selon son examen clinique. « La transmission d'images numériques via le Web permet “d'amener” les spécialistes d'une technique d'imagerie précise dans les structures généralistes. Cet avis extérieur, obtenu rapidement, évite au praticien de rester bloqué dans son cheminement diagnostique et thérapeutique », souligne Franck Durieux. Les structures peuvent ainsi s'équiper de techniques plus lourdes, sans pour autant disposer d'un imageur diplômé du collège européen d'imagerie(2) à demeure, et avoir recours à des spécialistes extérieurs. « L'avis d'un spécialiste expérimenté est une aide et un confort au quotidien. Il valide notre travail et nous permet aussi de progresser », témoigne Amandine Savet, praticienne à Saint-Martin-Bellevue (Haute-Savoie). Cette lecture a posterioriest possible avec la radiographie, le scanner et l'IRM. Encore faut-il que la localisation soit la bonne. « Si seules les images sont interprétées, alors qu'elles n'ont pas été ciblées correctement, cela peut conduire à ne rien constater, ou à voir une lésion en périphérie d'image, ce qui nécessite d'endormir de nouveau l'animal pour un second examen », remarque Juliette Besso. Il est nécessaire que le support informatique soit adapté, que les images envoyées soient de haute définition et arrivent sur un écran lui-même de haute définition. Cette façon de travailler n'est cependant pas utilisable pour l'échographie, qui reste un examen en temps réel.

Peu à peu, le diagnostic devient indissociable de l'imagerie. L'avenir de la profession ne sera donc pas une médecine à deux vitesses ou divisée en spécialités cloisonnées, mais une médecine cohérente, où le praticien généraliste jouera un rôle de première importance.

  • (1) L'imagerie médicale est l'ensemble des techniques qui n'utilisent pas la lumière comme vecteur (rayons X, ultrasons, phénomènes de résonance magnétique nucléaire, marqueurs radioactifs, etc.).

  • (2) L’European College of Veterinary Diagnostic Imaging (ECVDI).

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