Lors d’arthrites septiques du veau, le traitement chirurgical est préférable

L’arthrocenthèse est un geste essentiel au diagnostic et au traitement des arthrites septiques des veaux », a témoigné notre confrère Vincent Legoupil, praticien à Gavray (Manche), lors de la Journée vétérinaire normande du 14 octobre dernier⁽¹⁾. Les caractéristiques macroscopiques et microscopiques de la synovie permettent d’établir un diagnostic clinique de certitude. Augmentation de la quantité de synovie, diminution de sa vis cosité, opacité, couleur jaune-vert et présence de fibrine caractérisent l’arthrite septique. Plusieurs examens complémentaires permettent d’orienter la conduite thérapeutique. La radiologie offre l’opportunité de réaliser un véritable état des lieux avant l’intervention (^{voir photo 1}). Chez les très jeunes veaux, le dosage des immunoglobulines de type G a pour intérêt de renseigner le praticien quant au statut immunitaire de l’animal. La bactériologie, négative dans la moitié des cas, n’est pas un examen complémentaire pertinent.

Une fois le diagnostic d’arthrite septique établi, un traitement médical peut être tenté, mais il n’a pas la faveur de Vincent Legoupil, qui recommande d’opter immédiatement pour la chirurgie. Après l’anesthésie générale de l’animal, l’intervention se limite au lavage si le liquide synovial est fluide. En présence d’amas de fibrine, l’arthrostomie est indiquée.

Le lactate de Ringer est moins inflammatoire qu’un soluté de chlorure de sodium

Pour le lavage proprement dit, notre confrère conseille des aiguilles d’un diamètre de 12 à 14 G. Il utilise entre 500 ml et 2 l de lactate de Ringer et une seringue de 60 ml (^{voir photo 2}). « Le lactate de Ringer est moins inflammatoire qu’un soluté de chlorure de sodium. Afin de faciliter l’évacuation des débris de cartilage et de fibrine, je bouche l’une des aiguilles avec un doigt pour mettre le liquide de lavage sous pression. » De la polyvidone iodée peut être ajoutée à la solution, à la dose de 1 %.

Les sites de ponction dépendent des particularités anatomiques des articulations. Le lavage des articulations carpiennes nécessite deux arthrocenthèse et deux lavages (^{voir figures 1 et 2}, ^{et photo 3}). « Attention, on ne peut soigner que la moitié du problème », a précisé Vincent Legoupil. Le grasset compte trois synoviales qui communiquent ensemble dans 60 % des cas (^{voir figure 3 et photos 4}, ⁵, ⁶). Dans le tarse, l’articulation intertarsienne communique avec l’articulation tibiotarsienne. Les lavages sont répétés toutes les quarante-huit heures, jusqu’à obtenir une synovie claire. « Je pratique un trou en X et un seul lavage, avec de bons résultats », a témoigné un confrère de l’assistance.

L’arthrostomie consiste à débrider l’articulation, à éliminer le cartilage infecté et à laver l’articulation (^{voir photos 7 et 8}). Elle n’est pas réalisable sur les articulations de l’épaule, du coude et de la hanche. Les tissus nécrotiques sont éliminés avec une curette de Volkman. Le vétérinaire procède ensuite à un lavage articulaire abondant. Les lavages sont répétés quotidiennement jusqu’à ce que le foyer infectieux soit sous contrôle.

Les implants sont retirés quand ils ne sont pas biodégradables

Dans les cas graves, une arthrodèse, avec la formation d’un cal qui bloquera l’articulation, est préconisée. « Il est fréquent que le cal postchirurgical soit volumineux », a indiqué notre

confrère, qui a exposé le cas d’une génisse normande âgée de dix jours atteinte d’une arthrite septique (^{voir photo 9}). La guérison n’a pas été obtenue après une arthrostomie et trois lavages. En raison de l’atteinte des os carpiens, le praticien a pratiqué une arthrotomie et une arthrodèse. Après l’ouverture et l’exérèse des os car piens, des implants de plâtre de Paris, imprégnés d’antibiotiques, ont été introduits dans l’articulation (^{voir photo 10}). Biodégradable en quelques semaines, le plâtre joue le rôle de trame pour la cicatrisation osseuse. Autre matériau également utilisé pour les implants, le polyméthylmétacrylate (PMMA) a l’avantage de per mettre un relargage long de l’antibiotique. Du fait de son caractère pro-inflammatoire, il doit être retiré des articulations au bout de dix jours. Son utilisation est privilégiée dans les cas d’ostéomyélite chronique. Lors de l’exérèse d’une ou deux rangées des os du carpe, une résine est obligatoirement posée pour une durée minimale de cinq semaines. Elle est éventuellement remplacée par une seconde selon les résultats du contrôle radiologique.

« L’arthrostomie est une activité chronophage, mais son impact sur l’image du vétérinaire est fort, a conclu Vincent Goupil. A la suite de cette intervention, la fréquence des appels des éleveurs pour les lavages augmente, c’est la meilleure récompense. »

• (1) Le compte rendu de la journée est disponible auprès de Xavier Quentin (x.quentin@wanadoo.fr, tél. : 02 35 87 60 25).