D'où venons-nous, où sommes-nous, où allons-nous ?

Depuis quelque temps, la presse professionnelle évoque l'inquiétude des vétérinaires quant au devenir économique de leurs structures. Il est en effet désagréable de voir notre niveau de rémunération diminuer.

Il y a trente-cinq ans, la profession glissait progressivement vers la mixité. Nous rentrions dans un schéma économique qui plaisait à nos gouvernants. Nous étions dans le haut du panier des professions libérales. Je pense que la spirale vers le bas a commencé quand, dans les années 80, nous sommes volontairement passés à la TVA. 18 % certes, mais 18 % qui n'ont pas été répercutés sur les honoraires.

Le développement de la mixité d'exercice, par l'accroissement rapide de la canine, a été un bien. Mais la rentabilité économique n'a été au rendez-vous que pour certains. Ils étaient canins. Les rémunérations rurales tenaient compte essentiellement du médicament. Le conseil, le diagnostic n'ont pas acquis de valeur monnayable. Dommage.

Il y a vingt-cinq ans, alors que l'inflation augmentait tous les ans, l'optimisme était encore de rigueur. L'activité vétérinaire était développable sans limites. Le travail ne manquait pas. L'insémination, qui nous était proposée, ne nous a alors pas intéressés. Notre philosophie sociale a parallèlement évolué. Face au nombre croissant d'animaux de compagnie et aux propriétaires dont les revenus n'étaient pas toujours au rendez-vous, nous avons souhaité assurer un droit louable aux soins. La répercussion sur nos finances a été progressive. Les prix de revient des interventions courantes sont désormais assez bien codifiés. A nous d'en tenir compte pour établir nos honoraires, sans honte !

Depuis une dizaine d'années, bien démarché par des laboratoires, entraîné vers des diagnostics toujours pointus, le praticien de base s'est équipé de plus en plus. Cela engendre un endettement qui dure. Par ailleurs, la quantité de travail n'a pas toujours été bien gérée. L'activité rurale dans certaines régions n'étant pas au mieux, l'Etat a voulu garder un maillage rural. Alors nous devons faire des bilans et des visites sanitaires. Du travail intellectuel enfin rémunéré. Mais la fièvre catarrhale est arrivée. Bilans et visites ont été mis un peu de côté pour vacciner. Espérons que cela ne nous a pas fait louper le coche de la rémunération du conseil et de l'intervention sans médicament, alors que le mandat sanitaire est en discussion.

Nous sommes désormais des chefs d'entreprise, en même temps que des scientifiques. Une situation parfois incompatible avec nos caractères sociaux. Pour rester nous-mêmes, nous devons faire le rapport finances/service/social. Il est indispensable de calculer ce que nous voulons gagner (bénéfice) pour ensuite remonter vers l'obligatoire amortissement des investissements, additionnés aux frais fixes de fonctionnement, qui nous laisseront alors, peut-être, la possibilité de réinvestir.

Ces considérations budgétaires peuvent paraître primaires à certains. Les notions de bénéfice important et de place dans l'échelle sociale ne semblent plus être les critères recherchés par la plupart des jeunes vétérinaires. Ils veulent exercer un métier qu'ils savent intéressant, dans les meilleures conditions techniques et environnementales. Ils devront malgré tout maîtriser l'aspect financier de leur activité pour y parvenir.