Premiers pépins pour les praticiens du grand Ouest

Avec un millier de vétérinaires inscrits à l’Ordre cette année, la région des Pays-de-la-Loire compte deux cents praticiens de plus qu’il y a trois ans. Surtout, la profession se féminise, jusque dans les campagnes. « Grâce à la proximité de l’école vétérinaire de Nantes et l’arrivée d’étudiants de Liège, nous enregistrons une explosion des inscriptions », remarque Hervé Bossy, secrétaire général du conseil régional de l’Ordre.

Au cours des trois dernières années, la deuxième région d’élevage française a vu, en revanche, son cheptel diminuer de près de 3 %. Cela a entraîné, de fait, une diminution du nombre d’actes. Du nord au sud de la région, les praticiens se féliciteraient presque des effets de la vaccination contre la fièvre catarrhale ovine, jugée « aussi rémunératrice qu’artificielle » pour l’activité. Pour un cabinet mixte comprenant trois associés, il est estimé qu’elle a permis de générer 25 % du chiffre d’affaires. « Une rémunération largement méritée au regard de la préparation et de la gestion nécessaires », souligne Philippe Archambaud, installé à Montaigu, dans le nord de la Vendée. En 2008, elle aurait même “sauvé” l’année des vétérinaires ruraux. Qu’en sera-t-il en 2009 ? La question inquiète.

La crise commence à se faire sentir et n’en est qu’à son début

Avec la baisse de la consommation des ménages, une chute des cours du lait et de la viande est redoutée, car cela pourrait mettre à mal les exploitations agricoles. « En milieu rural, la crise est devant nous, estime Loïc Guiouillière, président du syndicat des vétérinaires libéraux de Mayenne. Aujourd’hui, il faut être kamikaze pour venir s’implanter à la campagne. » Depuis quelques années déjà, le Maine-et-Loire, et plus récemment la Vendée, ont multiplié les regroupements, en favorisant la création de cabinets pluridisciplinaires. Une manière de diluer les contraintes des gardes et de mieux répondre à l’urgence. Composée d’une multitude de petites exploitations, la Loire-Atlantique présente une configuration plus fragile. « Dans un contexte d’allégement des prophylaxies, l’urgence et le conseil (alimentation, etc.) deviendront des piliers de l’activité vétérinaire rurale. Je crains que la vaccination nous échappe au profit des éleveurs. Et je redoute les chamboulements du mandat sanitaire dessinés par le rapport Guené », analyse Fabien Petitjean, président du SVEL de Vendée.

Si 2008 est finalement une bonne année, 2009 risque de révéler d’énormes problèmes de trésorerie chez les éleveurs. Ayant acquis une certaine technicité, ils pourraient être tentés de se débrouiller seuls. A cela s’ajoutent une baisse de l’acte individuel et l’inéluctable évolution de la profession vétérinaire. « Les anciens ruraux sont progressivement remplacés par des cabinets mixtes, observe Philippe Archambaud. Dans cette partie du département, proche de la périphérie nantaise, la canine peut représenter jusqu’à la moitié de l’activité d’un cabinet mixte. » Cela dit, en ville ou sur le littoral, fiefs de la canine, les baisses de chiffres d’affaires pressenties au dernier trimestre 2008 se confirment avec, selon les endroits, des ralentissements de - 10 % à - 30 %. Les achats de médicaments, d’aliments, d’antiparasitaires, etc., sont revus à la baisse ou reportés. « Le nombre de chiens diminue. Il est le concurrent direct de l’agent de voyage, le problème des familles recomposées, l’ennemi de l’urbanisation et la victime des lois sur les animaux dangereux », rappelle Hervé Bossy.