Les structures vétérinaires naviguent à vue

De 2004 à 2006, les revenus moyens des vétérinaires libéraux bourguignons étaient supérieurs à la moyenne nationale, mais ils progressaient peu⁽¹⁾. En 2007, ils se situaient dans la moyenne⁽²⁾. En 2008, le chiffre d’affaires a légèrement augmenté pour certains, s’est maintenu pour d’autres.

En rurale, les praticiens sont désormais moins sollicités dans le cadre de pathologies et pour des actes en obstétrique. Cette situation semble davantage d’ordre épidémiologique que liée à la crise. Toutefois, la fièvre catarrhale ovine donne du travail et fausse cette récession. « En l’écartant, notre activité a diminué de près de 20 %. Et cela continue cette année, car nous n’avons pas besoin de “piqueur” », affirme un praticien basé dans l’Yonne. Pourtant, le bilan financier reste positif. « Soyons honnêtes, la fièvre catarrhale a généré des frais, une paperasse effrayante, du stress, mais aussi beaucoup d’argent », reconnaît l’un de ses confrères de Saône-et-Loire. Il relève, en outre, la détérioration des relations avec les éleveurs : « Le clash de l’an passé a laissé des traces indélébiles. L’ambiance est pesante lors des visites, et nous partons travailler avec une boule au ventre. » « Les vétérinaires en ont ras-le-bol. Ils n’envisagent pas leur métier ainsi », confirme une consœur, qui exerce également en rurale. Les tensions sont aussi perceptibles dans les autres départements, ce qui, au final, aboutit à un bilan mitigé.

De plus, les impayés ont augmenté, essentiellement en raison de la conjoncture, ce qui pousse certains éleveurs à faire jouer la concurrence. « Ils nous disent qu’un confrère fait des réductions de tarif, pour voir si nous baissons les nôtres. Nous devons nous serrer les coudes, et ne pas céder à ce chantage », remarque un praticien de la Nièvre.

Les clients citadins se plaignent davantage de la crise

En canine, la morosité ambiante influe sur le comportement des clients, qui se plaignent plus des prix, souvent indirectement, par l’intermédiaire des auxiliaires. Les campagnes sont moins touchées que les villes, où la clientèle citadine évoque davantage la crise. « La plupart des propriétaires n’ont été confrontés à aucune baisse de salaire, mais le sentiment de peur qui est véhiculé les freine. Ils retardent des traitements de confort, non parce qu’ils ne peuvent les payer, mais parce que l’inquiétude est contagieuse », affirme ainsi un praticien de Côte-d’Or.

Dans l’ensemble, l’évolution se maintient au niveau des actes et des ventes, même s’il faut argumenter davantage. Le paiement en plusieurs fois est devenu courant dans toute la région, sans qu’il soit possible de dire si cela s’explique par la récession ou le développement d’un état d’esprit. Mais loin de se laisser aller, certains estiment que c’est à eux « de positiver et d’enrichir l’offre : il faut montrer aux gens qu’ils en ont pour leur argent. Si nous n’évoluons pas, nous risquons de ne pas être au rendez-vous quand la crise sera passée ».

• (1) Données Valovet.

• (2) Données de l’Union nationale des associations agréées (Unasa) et de la Fédération nationale des associations de gestion agréées (Fnaga).