Les difficultés des éleveurs pourraient favoriser les regroupements de vétérinaires

Même si les situations varient d’un département à l’autre, une constante ressort parmi les praticiens de la région dont une partie au moins du chiffre d’affaires est réalisée avec les éleveurs : la fièvre catarrhale ovine a relancé un peu l’activité. « C’est ce qui sauve la rurale en 2008 », estime même Arnaud Dorange, président du syndicat des vétérinaires libéraux de Charente-Maritime, installé à Pont-l’Abbé d’Arnoult. Un point de vue partagé par Olivier Carrard, à Saujon (Charente-Maritime) : « Economiquement parlant, la fièvre catarrhale ovine a généré un chiffre d’affaires supplémentaire, en dépit d’un problème de taille que sont les retards de paiement : ceux de l’Etat pour qui nous devons avancer la trésorerie, et ceux des éleveurs dont les délais de règlement ont doublé. Dans ces conditions, il est nécessaire avoir les reins solides pour continuer à acheter les médicaments, à négocier les remises, à payer les charges, etc. Mieux vaut être plusieurs associés dans une structure. »

La plupart des cabinets regroupent trois ou quatre praticiens mixtes

La situation actuelle pourrait renforcer encore une tendance au regroupement, qui préexiste depuis plusieurs années dans la région, notamment en raison des difficultés à assurer seul un service vingt-quatre heures sur vingt-quatre, sept jours sur sept. Désormais, la plupart des cabinets comptent trois ou quatre vétérinaires à l’activité mixte. En conséquence, le maillage vétérinaire est moins étendu et les déplacements plus importants.

Par ailleurs, face aux difficultés qui s’accumulent, beaucoup d’éleveurs sont au bord du dépôt de bilan et pourraient se reconvertir, notamment dans la culture de céréales. « Il y aura moins d’élevages, mais pas forcément moins de vaches, tempère Olivier Carrard. Mais de plus en plus, nous devenons les pompiers de service, bons à ne gérer que l’urgence et les prophylaxies. Il faut au moins conserver la vente de médicaments, et à un bon niveau. »

L’activité canine semble, de son côté, connaître un petit ralentissement. « Après un premier semestre 2008 de croissance à deux chiffres, tant en fréquentation qu’en pet food, l’activité a chuté brutalement dès la rentrée, témoigne David Robin, installé à Poitiers (Vienne). Depuis le début 2009, elle s’est stabilisée, ce qui constitue déjà une satisfaction. Mais il est évident que les clients limitent les frais. Si la médicalisation est indispensable, ils l’acceptent, mais ils évitent les soins de confort. »

Le constat est identique dans les secteurs plus touristiques de la région, notamment sur la côte Atlantique où la profession profite généralement d’une clientèle estivale. La météo peu clémente de l’été n’a pas favorisé l’activité. En outre, beaucoup de praticiens estiment qu’il y a une surpopulation vétérinaire. « Nous sommes dans l’expectative, avoue l’un d’entre eux. Nous anticipons une faible progression, tout en essayant de freiner au maximum la croissance de nos charges. »