Le soleil attire encore, mais la crise pointe à l’horizon

En juin 2005, le conseil régional de l’Ordre de Provence-Alpes-Côte d’Azur dénombrait 1 100 vétérinaires (libéraux et salariés) dans la région. En décembre 2008, ils étaient 1 211 et, fin février dernier, près de 1 250 (dont 738 libéraux). Sans doute une traduction chiffrée de l’irrésistible attraction du soleil de Provence ! Et cet attrait s’exerce largement au-delà des frontières. « Nous réunissons les nouveaux inscrits tous les deux ans et, au début de cette année, plus de 80 % d’entre eux étaient diplômés d’écoles étrangères », constate Thierry Boubée, président de l’Ordre provençal. Sortis des écoles vétérinaires françaises ou d’ailleurs, ces jeunes arrivent souvent comme salariés, puis s’installent. Ils boudent la rurale, ne faisant qu’accentuer le déséquilibre et maintenir la décroissance du chiffre d’affaires des libéraux. « Toutefois, les demandes en rurale sont toujours satisfaites et, même si nous notons une érosion de nos chiffres d’affaires depuis quelques années, il ne faut pas tomber dans le catastrophisme », relativise le président régional.

Le revenu moyen des vétérinaires libéraux de Provence-Alpes-Côte d’Azur reste néanmoins parmi les plus faibles de France, peinant à atteindre les 45 000 € en 2006. Cette situation est directement imputable au nombre de praticiens présents sur le territoire régional. Crise aidant, une nouvelle donne émerge. « La fréquentation des cabinets ne paraît pas diminuer, mais quelques confrères semblent enregistrer moins de ventes de médicaments et de pet food », relève Thierry Boubée. Selon lui, il est toutefois prématuré d’en tirer des conclusions pérennes.

Des chiffres d’affaires qui stagnent, mais pas encore de baisse

En rurale, Valérie Schneider, installée à Embrun (Hautes-Alpes) et présidente régionale du syndicat des vétérinaires libéraux, estime que les chiffres d’affaires sont en légère hausse, à tout le moins stagnants, mais pas en diminution. « En activité rurale, la crise se fait tout de même sentir. Nous ne soignons presque plus de veaux souffrant de diarrhée, puisqu’un veau de race laitière de huit jours vaut entre 30 et 50 €, donc presque rien. Nous enregistrons moins de visites et davantage de passages au comptoir. Le chiffre d’affaires 2009 sera faussé par la campagne de vaccination contre la fièvre catarrhale ovine qui prend beaucoup de temps et augmente les rentrées d’argent », analyse-t-elle. Ainsi, si pour l’heure la crise n’a pas conduit les vétérinaires provençaux à prendre des décisions radicales, un courant d’interrogations se propage. « Si la situation perdure, nous devrons peut-être compenser l’érosion de nos chiffres d’affaires par la diminution des embauches d’auxiliaires », reconnaît ainsi Thierry Boubée.