Le lymphome reste un défi diagnostique chez les chevaux - La Semaine Vétérinaire n° 1355 du 10/04/2009
La Semaine Vétérinaire n° 1355 du 10/04/2009

Cancérologie

Formation continue

ÉQUIDÉS

Auteur(s) : Marine Neveux

Les progrès de la biologie moléculaire ouvrent des perspectives pour son diagnostic, voire son traitement.

Chez le cheval, le lymphome est généralement présenté comme une maladie qui touche plusieurs organes, rarement comme le résultat d'une lymphadénopathie périphérique. Cette affection est souvent difficile à diagnostiquer. En effet, les anomalies biochimiques et hématologiques couramment observées chez les chevaux atteints (anémie modérée, hypoprotéinémie ou encore hypo-albuminémie) peuvent être aussi présentes lors d'autres maladies qui ne sont pas néoplasiques. Les lymphocytes néoplasiques qui entrent dans les effusions des cavités permettent toutefois d'établir un diagnostic de lymphome sur la base d'un examen cytologique des fluides de l'ascite. Le lymphome intestinal est cependant difficile à déceler si les cellules néoplasiques ne s'étendent pas à la muqueuse rectale, rendant illusoire toute détection via la biopsie rectale. De même, distinguer une entérite lymphocytaire grave d'un lymphome peut être difficile en se fondant uniquement sur les techniques d'histopathologie standard.

Chez l'homme, le chien et le chat, le recours à la polymerase chain reaction (PCR) est possible pour identifier les réarrangements clonaux des gènes des récepteurs des cellules B et T. Cette méthode permet de distinguer les populations lymphoïdes néoplasiques (clonales) des hyperplasiques (polyclonales). Une fois le diagnostic de lymphome établi, il peut en effet être intéressant de créer une sous-classification des différents types histologiques, fondés sur la morphologie cellulaire et l'organisation architecturale d'une section de tissu.

La classification des lymphomes équins mérite d'être affinée

En médecine humaine, le sous-typage histologique a été affiné via l'utilisation de schémas de sous-classification détaillés, fondés sur l'expression de marqueurs antigéniques particuliers (emploi de la cytométrie de flux et de l'immunohistochimie) et d'anomalies cytogéniques caractéristiques. En médecine vétérinaire, cette sous-classification des types de lymphomes n'avance pas aussi vite, en raison du manque de réactifs d'anticorps spécifiques. En outre, l'identification d'aberration chromosomique spécifique qui apparaît lors d'une sous-catégorie peut aider à confirmer les classifications morphologiques.

Certains cas humains de lymphome résultent dans des translocations de gènes particulières, essentielles pour le développement d'une tumeur, et qui fournissent des cibles pour une thérapie adaptée. Chez le cheval, les sondes chromosomiques spécifiques pour le développement de cartes de chromosomes détaillées du caryotype normal sont récentes. Seule la mise en œuvre de ces marqueurs caractéristiques, via des techniques d'hybridation in situ par fluorescence ou d'hybridation génomique comparative, permettra d'identifier des aberrations chromosomiques récurrentes, comme les amplifications, les délétions, les translocations et les inversions lors de lymphomes équins. Les puces à ARN, en cours de développement, constituent une autre piste. Ces progrès scientifiques permettront, à terme, de mieux déceler les lymphomes dans l'espèce équine et de cibler la chimiothérapie de façon plus efficace.

BIBLIOGRAPHIE

  • • T.J. Scase : « Classification of equine lymphoma », Equine Vet. Educ., 2008, vol. 20, n° 9, pp. 467-468.
  • • M.K. Sheats et coll. : « Disseminated large granular lymphoma in a horse », Equine Vet. Educ., 2008, vol. 20, n° 9, pp. 459-463.

Cas clinique

Dans un récent article (voir bibliographie), M.K. Sheats et son équipe abordent le cas d'un poney de vingt et un ans présenté en consultation pour diarrhée, inappétence, perte progressive de poids et léthargie installées depuis cinq semaines. En raison de la diarrhée et de la perte de poids, le diagnostic différentiel inclut une salmonellose chronique, une entéropathie, une entérolithe, du parasitisme, une maladie inflammatoire intestinale (entérocolite granulomateuse, lympho-plasmocytaire ou éosinophilique), une néoplasie gastro-intestinale (lymphosarcome, carcinome à cellules squameuses), une surabondance clostridienne associée aux antibiotiques, une alimentation altérée ou une fermentation bactérienne, une péritonite, une artériopathie induite par Strongylus vulgaris, une masse ou un abcès abdominal. Le diagnostic établi ante mortem par cytologie du fluide abdominal et immunohistochimie d'une biopsie d'un muscle rectal montre que le poney souffrait d'un lymphome.

M. N.
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