La crise épargne encore les vétérinaires

Nous aurions des scrupules à nous plaindre aujourd’hui, alors que beaucoup de Français perdent leur emploi. » Cette remarque d’un praticien à la fin d’un entretien est révélatrice. Globalement, l’économie vétérinaire de Lorraine et de Champagne-Ardenne ne se porte pas si mal, malgré un contexte économique régional en récession, marqué par la multiplication rapide des plans sociaux. « Jamais un tel repli n’avait été constaté depuis le lancement de notre enquête, il y a neuf ans », ont ainsi commenté les représentants de la Chambre de commerce et d’industrie de Champagne-Ardenne en présentant leur note de conjoncture, début mars. Pour faire face à la crise, les deux présidents des conseils régionaux se sont rencontrés le 11 mars, pour faire avancer les principaux dossiers de coopération et de partenariat possibles entre les deux régions, proches économiquement, notamment dans le secteur industriel.

S’ils profitent de “l’effet FCO”, les praticiens ruraux en sont aussi victimes

Dans ce contexte de morosité, les vétérinaires lorrains et champardennais ne sont pas encore confrontés à la crise économique. « Du côté de la rurale, nous sommes encore portés par “l’effet fièvre catarrhale” qui génère un surcroît d’activité, même s’il est ponctuel », remarque François Lambert, président du conseil régional de l’Ordre de Champagne-Ardenne, installé à Joinville, en Haute-Marne. Paradoxe, si la fièvre catarrhale ovine profite aux chiffres d’affaires des praticiens ruraux, elle les met également en danger en termes financiers. Intermédiaires entre l’Office national interprofessionnel élevage et production (Oniep) et les éleveurs bénéficiaires de l’aide financière, ils consentent des avances de frais de vaccination. Or les remboursements se font attendre depuis de longues semaines. Pour certains, cela se concrétise par plusieurs milliers d’euros hors des caisses.

« Mais l’année 2008 a été plutôt bonne, constate Augustin Becquey, président de la Fédération des groupements techniques vétérinaires de Champagne-Ardenne. Pour 2009, il est difficile de se prononcer. En zone rurale, les exploitants agricoles ont recours à nos services pour préserver leur outil de travail. La crise de la fièvre catarrhale a accentué cette situation, mais cela ne devrait pas durer. En outre, il ne faut pas oublier que les éleveurs nous jugent uniquement selon leur intérêt économique. »

En canine, les premiers mois de l’année restent stables par rapport à 2008

Du côté canin, les praticiens semblent plutôt sereins. Gilles Maindiaux, praticien à Saint-Mihiel (Meuse), estime que l’activité est restée stable l’an passé. « La croissance des deux années précédentes était exceptionnelle. En conséquence, 2008 peut apparaître en léger repli. » Les premiers mois de 2009 sont à l’unisson. « Ça et là, quelques confrères sont peut-être plus confrontés aux effets de la crise, mais les propriétaires consacrent une part importante de leur budget à leurs animaux, estime l’un de ses confrères. Tout au plus hésiteront-ils à engager certains traitements par mesure d’économie et renâcleront-ils sur l’alimentation. Pour le moment, sauf à être mal informé, les revenus de la profession ne me semblent pas en diminution. »