90 praticiens se côtoient dans l'un des plus grands hôpitaux vétérinaires privés du monde

Créé en 1986 par deux vétérinaires, Anthony J. DeCarlo et Thomas S. Trotter, le RBVH compte environ trois cent cinquante employés, dont quatre-vingt-dix vétérinaires (externes, internes, résidents), des auxiliaires, des techniciens, du personnel responsable du nettoyage du matériel et de la blanchisserie, des secrétaires, des comptables et des femmes de ménage. Cette équipe est répartie sur deux sites : l'hôpital principal, à Tinton Falls, et une structure consacrée à la physiothérapie, toute proche, située à Red Bank.

Une organisation digne d'un hôpital “humain”

L'hôpital est organisé en différents services : les animaux exotiques, la cardiologie, la nutrition, la stomatologie, la dermatologie, la médecine interne, la neurologie, l'oncologie, l'ophtalmologie, la chirurgie (orthopédique, neurochirurgie et tissus mous), les urgences, la physiothérapie et le comportement. Chacun possède du matériel sophistiqué, utilisé par un personnel et des auxiliaires expérimentées et, surtout, autonomes. Ces services, ouverts vingt-quatre heures sur vingt-quatre et sept jours sur sept, accueillent en moyenne soixante-dix mille animaux par an. Avec une telle fréquentation, les semaines sont bien remplies et le personnel ne bénéficie que de trois semaines de congés payés par an. Personne n'a droit à l'erreur, d'où un vrai travail d'équipe.

Une fois les portes franchies, les propriétaires arrivent dans la zone d'accueil, dotée d'une immense salle d'attente autour de laquelle vingt-cinq salles de consultation sont disposées en arc de cercle. Seule cette partie leur est accessible. Le reste de la structure se compose notamment de nombreux chenils, dédiés à la réanimation, au service de chirurgie, aux NAC, aux chats, aux animaux contagieux, à la médecine et au service d'oncologie. Une salle de réveil dotée de nombreux box pour chiens et chats, est également aménagée. Des auxiliaires y sont préposées au réveil, surveillant individuellement les animaux enveloppés de couvertures et placés sur des tapis chauffants, un dispositif complété par un propulseur d'air chaud et une surveillance de la courbe de température.

Les praticiens ont en outre à leur disposition huit salles de chirurgie et autant de tables de préparation. Ces dernières sont regroupées en îlot central et disposent toutes de matériel d'intubation, d'un appareil d'anesthésie volatile (isoflurane) et d'équipement de monitoring, dupliqués dans chacun des blocs chirurgicaux.

Du côté des services de médecine, huit tables de soins sont également réunies en îlot, autour duquel sont installés des salles d'échographie, d'endoscopie, de cardiologie, de radiothérapie et de radiologie numérique, ainsi que le scanner, l'IRM et la fluoroscopie. Le laboratoire et la pharmacie prennent place au milieu du bâtiment.

L'étage abrite les bureaux de la direction et des différents services, une salle de réunion et une vaste pièce dédiée aux conférences. Les vétérinaires s'y retrouvent chaque matin pendant une heure pour la coordination des soins de nuit et de jour, mais aussi pour échanger sur des cas particuliers. Chaque service fait ensuite un point d'une demi-heure sur les animaux hospitalisés et les cas qui seront reçus durant la journée. Ces rendez-vous quotidiens sont complétés par la présentation hebdomadaire d'un cas par un interne ou un externe. Dans cette ambiance studieuse, une cafétéria et une salle de musculation permettent au personnel de se détendre… car les journées sont longues.

Un service de chirurgie au rythme impressionnant

Dans cette structure hors du commun, nous avons réalisé un stage d'une semaine, essentiellement au service de chirurgie, avec notre confrère Christopher Thacher. Chaque chirurgien y travaille avec deux auxiliaires qui s'occupent de la réception de l'animal, de sa préparation (tonte, pose de cathéter, prise de sang préanesthésique systématique, etc.), de son anesthésie (elles suivent le protocole indiqué dans la fiche par le vétérinaire), de son intubation et du monitoring. Quand le chirurgien arrive au bloc opératoire, l'animal est prêt.

Nous avons assisté à de nombreuses interventions de rupture du ligament croisé antérieur, selon différentes techniques (le choix dépend du praticien, du propriétaire et de ses moyens financiers) : depuis la suture latérale la plus basique jusqu'à l'avancement de la tubérosité tibiale (TTA) en passant par le nivellement du plateau tibial par ostéotomie (TPLO). Opérations orthopédiques, ablations de têtes fémorales, mises en place de prothèses totales de hanche, ont également constitué notre quotidien, ainsi que de nombreuses chirurgies des tissus mous, par exemple les surrénalectomies chez des furets, des parathyroïdectomies, une palatoplastie réalisée au laser, ou encore des interventions oculaires… De quoi prendre conscience du rythme de travail impressionnant et de l'enchaînement rapide des actes, chacun occupant son poste avec une grande responsabilité.

Une fois les interventions terminées, le praticien appelle personnellement les propriétaires pour donner des nouvelles, puis rédige le compte rendu pour l'expédier par e-mail, chaque dossier étant en outre relu avant d'être expédié aux vétérinaires référents.

Au final, les techniques utilisées à Tinton Falls sont identiques à celles des structures françaises. Mais la taille de l'hôpital, l'excellence de la coordination et, surtout, le nombre de personnes dédiées à la prise en charge d'un seul animal sont hors du commun, et expliquent le prix des actes. Heureusement, un certain nombre d'Américains disposent d'une bonne assurance animalière. Car même de l'autre côté de l'Atlantique, il n'est pas donné à tout le monde de faire soigner son animal dans un tel hôpital !