Le système de contrôle sanitaire des aliments est défaillant outre-Atlantique - La Semaine Vétérinaire n° 1353 du 27/03/2009
La Semaine Vétérinaire n° 1353 du 27/03/2009

Sécurité des aliments

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FILIÈRES

Auteur(s) : Nathalie Devos

La dernière crise sanitaire aux Etats-Unis, une épidémie de salmonellose, a touché plus de six cents personnes.

Les pouvoirs publics américains semblent décidés à engager une réforme radicale du système de contrôle de la sécurité sanitaire des aliments, après diverses crises survenues sur leur territoire ces dernières années. La dernière en date concerne des arachides transformées par la société Peanut Corporation of America (PCA), basée en Georgie. Cette dernière, pourtant avertie du risque de contamination des arachides par des salmonelles, n’a pas hésité à livrer certains industriels de l’agro-alimentaire sans attendre le résultat des contrôles. A la suite des alertes sanitaires, près de deux mille produits (beurre d’arachide, biscuits, crackers, etc.) potentiellement contaminés ont finalement été retirés du marché, mais le bilan humain est lourd. Plus de six cents personnes ont déclaré une salmonellose et huit sont décédées.

Après des semaines d’enquête, la Food and Drug Administration (FDA), chargée de veiller sur l’innocuité des produits alimentaires commercialisés aux Etats-Unis(1), a identifié l’origine de la contamination des produits début janvier dernier. Il s’agit d’une installation de transformation d’arachides appartenant à la société PCA, située à Blakely, en Georgie. Cette dernière a alors été fermée, mais un autre centre de PCA, localisé à Plainview, au Texas, n’a cessé son activité que le 9 février. Les analyses réalisées ultérieurement y ont également révélé la présence de salmonelles.

Le système d’inspection de la FDA est mis en cause

Au-delà du comportement scandaleux des dirigeants de PCA, le fonctionnement du système d’inspection de la FDA est mis en cause. Selon l’un de ses anciens responsables, qui a récemment témoigné devant une commission sénatoriale américaine, « si elle avait mis en place un dispositif d’analyse et de contrôle des risques HACCP(2), comme l’a fait le département de l’Agriculture pour la viande, les arachides contaminées n’auraient pas été vendues ».

Une autre critique porte sur l’insuffisance des moyens dont dispose la FDA pour contrôler la sécurité sanitaire des aliments. Il y a une trentaine d’années, elle pouvait inspecter trente-cinq mille transformateurs alimentaires par an, soit l’ensemble des industriels agro-alimentaires en deux ans. Aujourd’hui, elle ne peut pratiquer que sept mille inspections chaque année, alors que le nombre de transformateurs alimentaires a plus que doublé. C’est pourquoi elle sous-traite aux états l’inspection des structures qui fabriquent des produits alimentaires. Mais le problème reste entier, car les états n’en ont pas toujours les moyens. Ainsi, les services d’inspection géorgiens n’ont réalisé que trois contrôles pour les salmonelles sur le site de PCA à Blakely en 2007, aucun en 2006 et en 2008. Quant au centre de Plainview, il n’avait pas été contrôlé depuis quatre ans lorsque la crise est survenue.

La réglementation comporte des lacunes en matière de traçabilité des produits

La gestion d’autres scandales alimentaires par la FDA avait également fait l’objet de nombreuses critiques, en particulier ceux des épinards contaminés par E. coli O157 : H7 à la fin de l’été 2006 et des tomates et piments contaminés par Salmonella Saint-Paul au cours de l’été 2008. Il lui avait été reproché d’avoir tardé à détecter le problème, d’avoir mis beaucoup trop de temps à identifier l’aliment en cause (pour l’épisode de Salmonella Saint-Paul), de s’être révélée incapable de tracer les produits à risque dans des temps raisonnables, etc. Toutefois, la responsabilité de cette gestion de crise, jugée médiocre, n’incombe pas seulement à la FDA. Les Centers for Disease Control (CDC) sont aussi en cause. Ils sont chargés de détecter les crises sanitaires et d’identifier l’agent et l’aliment en cause. Or, dans leur cas également, les lacunes de la réglementation américaine en matière de traçabilité handicapent lourdement l’administration en situation d’urgence.

D’autres carences du dispositif sanitaire outre-Atlantique sont pointées. Selon la législation fédérale, un transformateur alimentaire qui est contrôlé positif pour un agent pathogène n’est pas obligé d’en informer la FDA, sauf si le produit contaminé est mis sur le marché. En outre, les amendes infligées aux entreprises qui commercialisent des aliments contaminés sont peu dissuasives.

  • (1) A l’exception des viandes, qui relèvent du département de l’Agriculture.

  • (2) Hasard analysis critical control point.

  • Source : Agri US Analyse, février 2009.

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