Le plan de réorientation de la PAC est jugé positif, mais insuffisant pour certains secteurs - La Semaine Vétérinaire n° 1352 du 20/03/2009
La Semaine Vétérinaire n° 1352 du 20/03/2009

Politique agricole commune. Aides aux éleveurs

Actualité

Auteur(s) : Christina Lionnet

Le projet de loi de modernisation de l’agriculture, qui anticipe la réforme de la PAC, est en partie dévoilé.

C’est, selon le gouvernement, la voie vers un « nouveau modèle agricole français et européen ». Le plan de réorientation de la politique agricole commune (PAC) a été présenté par Michel Barnier, ministre de l’Agriculture, le 23 février dernier. De quoi s’agit-il ? En 2013, la PAC fera l’objet d’une révision complète au niveau européen. Côté français, cette réforme est anticipée par un projet de loi de modernisation de l’agriculture qui doit être déposé d’ici à la fin de l’année. Les grandes lignes en ont été dévoilées, avec notamment deux objectifs : répartir plus équitablement les aides et favoriser l’agriculture biologique.

Au final, 18 % des aides directes, soit 1,4 milliard d’euros, doivent être réorientées à partir de 2010. Les “laissés pour compte” de l’actuelle PAC et les secteurs fragilisés, notamment les systèmes herbagers, les éleveurs d’ovins et de caprins, ainsi que la production de lait de montagne, devraient être gagnants. « Le revenu des éleveurs de bovins et d’ovins a été divisé par deux en deux ans. Avec moins de 1 000 € par mois, il est inférieur à la moitié du revenu moyen agricole », a plaidé Michel Barnier.

Un soutien spécifique aux filières ovine, caprine et laitière de montagne

L’élevage à l’herbe, bénéficiaire de la réforme, percevra 700 millions. Pour sa part, l’élevage ovin et caprin recevra un grand “coup de pouce”, avec 135 millions, de même que la production laitière de montagne, avec 45 millions. Par ailleurs, 4,6 millions seront consacrés à la production de veaux sous la mère, pour les veaux “labellisables”, alors que l’existence de la filière était menacée par le découplage(1), en 2010, de la prime à l’abattage pour le veau, a expliqué le ministre. Une aide aux fourrages, de 30 millions, est en outre accordée.

Pour Olivier de la Rochethulon, directeur de l’Alliance pastorale, le bilan est plutôt positif. « Nous espérons que ces mesures vont redonner de l’aisance aux éleveurs et permettre d’investir pour moderniser l’élevage en termes d’équipements, de génétique, de techniques d’élevage et de productivité. » Cependant, si la réforme va dans le bon sens, elle correspond, selon lui, au « minimum attendu », dans un contexte de hausse des prix du fuel, des engrais et des équipements, eux-mêmes liés à l’augmentation du coût de l’acier.

Le son de cloche est le même du côté de la Fédération nationale bovine (FNB), qui estime les mesures insuffisantes pour assurer la pérennité de tous les secteurs. Bernard Labopin, éleveur dans le Charolais, a ainsi constaté un amenuisement de ses revenus. « Il y a vingt ans, on vivait avec cinquante hectares et trente vaches. Aujourd’hui, j’ai cent hectares, cent soixante vaches et environ 300 € de revenu mensuel au final, après la déduction de toutes les charges », explique-t-il, soulignant qu’il travaille en parallèle dans l’immobilier pour compléter ses fins de mois. A l’issue de la réforme, selon Michel Barnier, « plus d’une exploitation sur deux bénéficiera d’un montant moyen d’aides compris entre 200 et 350 €/ha ». Est-ce la perspective d’un équilibre ? Pas vraiment, selon Bernard Labopin. « Lorsqu’une vache nous coûte environ 1 500 € à produire, nous la vendons 1 200 €. Bien entendu, les aides servent à compenser les pertes. Mais c’est financièrement insuffisant et philosophiquement insatisfaisant. Nous préférerions ne pas avoir d’aides et nous nourrir de notre travail ! »

Un fonds de protection contre les risques sanitaires et climatiques

Les aides soutiendront néanmoins certains secteurs en difficulté. En outre, 40 millions financeront un fonds pour indemniser les conséquences des incidents sanitaires sur les productions animales et végétales, une mesure dont les vétérinaires, indirectement, verront peut-être les fruits. Par ailleurs, les productions “bio” seront soutenues à hauteur de 57 millions.

Mais les inquiétudes demeurent. D’autant que, comme l’a souligné Michel Barnier, la redistribution des aides se fera à l’intérieur d’une enveloppe qui ne bouge pas. « Autrement dit [on va] prendre aux uns pour donner aux autres… ou parfois redonner aux mêmes, mais sous diverses formes. » Afin de financer les aides pour l’élevage à l’herbe, 130 millions devraient ainsi être prélevés sur les aides animales, par le biais du découplage total ou partiel des primes à l’abattage, à la brebis et à la vache allaitante.

Les céréaliers, principaux contributeurs, verront leurs aides diminuer. « Avec un tarif des céréales à 150 €/t ou plus, le dispositif peut être acceptable, estime Jean-Michel Lemétayer, président de la Fédération nationale des syndicats d’exploitants agricoles (FNSEA). S’il est à 120 €/t, ce ne sera pas le cas. » De nombreuses questions restent donc en suspens.

  • (1) Les aides découplées sont versées de manière forfaitaire, à l’inverse des aides couplées, calculées selon le nombre de têtes de bétail.

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