La grippe équine se propage depuis Grosbois vers l’ouest, le nord et le sud

De nombreux foyers de grippe sont désormais signalés par le Réseau d’épidémiosurveillance des pathologies équines (Respe) via ses vétérinaires sentinelles. Le premier, qui remonte à la mi-février, est situé dans le centre d’entraînement de trotteurs de Grosbois (Val-de-Marne). L’affection s’est propagée depuis, au gré des réunions de trotteurs, gagnant les régions hippiques du territoire. Ainsi, de multiples foyers sont signalés dans l’Orne (trois), le Calvados (un), le Maine-et-Loire (un), à Vincennes… et à Cagnes-sur-Mer (un). Le nombre de cas dans chacun de ces foyers n’est pas connu, mais la souche virale semble particulièrement virulente.

La souche de grippe équine H3N8 A/equi2, isolée par le laboratoire Franck Duncombe, est de la lignée dite américaine, proche de la souche Ohio/2003 qui appartient au sous-groupe Florida. Ces virus très virulents ont déjà été isolés récemment en Afrique du Sud, au Japon, en Chine, et en Australie en 2007. « Nous ne sommes toutefois pas dans une situation comparable à celle de l’Australie et du Japon », rassure notre consœur Christel Pitel, directrice du Respe, dans un communiqué.

Depuis Grosbois, le virus a circulé avec les chevaux de course dans les hippodromes (Cagnes-sur-Mer et Vincennes) et les autres centres d’entraînement. Dans ce contexte, les Haras nationaux lancent un appel à la vigilance et à la vaccination contre la grippe équine, mais pas seulement pour les trotteurs. La saison de monte débute et va entraîner de nombreux déplacements de juments pour les saillies, source de contagion potentielle et de stress. Il convient donc de les vacciner avant.

Vacciner tous les six mois avec des vaccins efficaces contre A/eq/Ohio/2003

Les vaccins “préconisés” par les Haras nationaux « doivent protéger contre la souche qui circule actuellement. Seul le vaccin ProteqFlu® ± Te (Merial) contient la valence Ohio/2003, très proche de la souche virulente ». Merial indique que ses vaccins recombinants sont d’ailleurs les seuls, aujourd’hui, à se conformer aux recommandations 2008 de l’Organisation mondiale de la santé animale, en incluant cette souche Ohio/2003. Toutefois, selon les Haras, « une protection croisée a été mise en évidence pour d’autres vaccins comme Equilis® Prequenza® ± Te (Intervet) ». En effet, ce vaccin ne contient pas la souche Ohio/2003, mais la souche Newmarket/1/93, plus ancienne, de la lignée dite américaine des virus influenza équins.

Les chevaux suspects de grippe doivent être isolés pour éviter la contagion

Les deux laboratoires (Merial et Intervet), le Respe et les Haras nationaux appellent donc à vacciner les chevaux en respectant au minimum les protocoles prévus dans les notices d’emploi : une primovaccination de deux injections à un mois d’intervalle, suivie d’un premier rappel cinq à six mois plus tard. Les délais d’apparition de l’immunité sont de deux semaines après la seconde injection de primovaccination, selon les résumés des caractéristiques des produits (RCP) officiels. Ces derniers prévoient ensuite des rappels annuels.

« Dans le contexte actuel », les Haras nationaux « conseillent de pratiquer un rappel vaccinal chez les chevaux dont la dernière injection remonte à plus de six mois ». Le Respe confirme : « Il conviendrait de réfléchir à l’adaptation des protocoles vaccinaux aux situations épidémiologiques à risque (les rassemblements dans un centre d’entraînement ou sur un hippodrome) ou lorsque la pression infectieuse est élevée. » La gravité des symptômes est en effet directement corrélée au statut vaccinal des chevaux.

Confrontée à plusieurs cas dans le Calvados, notre consœur Anne-Caroline Fabry de Monts témoigne pour Merial dans ce sens : « Tous les chevaux vaccinés depuis plus de six mois sont atteints par le virus, plus ou moins fortement, quel que soit leur âge. Seuls 15 à 30 % des chevaux vaccinés [avec ProteqFlu®] depuis moins de six mois, ou qui ont bénéficié de rappels semestriels, ont présenté une toux (deux à quatre jours) et/ou une hyperthermie légère et transitoire. »

Lors de la suspicion d’un cas de grippe, les animaux malades doivent être isolés pour éviter la contagion et être visités en dernier par les soigneurs. Le matériel contaminé (licols, tord-nez, etc.), les box, les vans et les camions sont à désinfecter avec les produits biocides habituels aux doses virucides indiquées sur les notices.