Le clonage ouvre de nouvelles voies pour la conservation des espèces - La Semaine Vétérinaire n° 1351 du 13/03/2009
La Semaine Vétérinaire n° 1351 du 13/03/2009

Sauvegarde de la diversité génétique

Formation continue

FAUNE SAUVAGE ET NAC

Auteur(s) : Marie Sigaud

Des chercheurs ont réussi à utiliser l’ADN d’une espèce éteinte depuis plus de 70 ans, le tigre de Tasmanie.

C’est une première mondiale. Des chercheurs des universités de Melbourne (Australie) et du Texas (Etats-Unis)(1) ont extrait des gènes d’un spécimen de tigre de Tasmanie (Thylacinus cynocephalus) conservé depuis près de cent ans au muséum d’Australie pour les insérer dans des cellules embryonnaires de souris. Un précédent projet avait été mené il y a quelques années par le muséum pour tenter de cloner ce même animal, mais s’était soldé par un échec. Les scientifiques avaient essayé d’intégrer son génome dans une cellule embryonnaire d’une espèce de marsupial, en vue de l’implanter dans l’utérus d’un individu porteur. Mais l’ADN collecté était trop dégradé pour être utilisable, même pour la constitution d’une banque d’ADN.

Le clonage permettra-t-il une résurrection des espèces disparues ?

Pour la première fois, de l’ADN issu d’une espèce éteinte est donc utilisé avec succès pour induire une réponse fonctionnelle dans un autre organisme vivant. D’après les auteurs, ce processus permettrait de disposer d’une mine d’informations à partir de matériel génétique ancien, susceptible d’apporter une meilleure compréhension de l’évolution des génomes et des caractéristiques génétiques qui définissent une espèce particulière.

Par ailleurs, au moment où le taux d’extinction atteint un niveau particulièrement alarmant, notamment chez les mammifères, cette découverte apparaît capitale. Selon les chercheurs, ces travaux montrent que l’accès à la diversité génétique des espèces déjà éteintes n’est pas totalement perdu. Il s’agit pour eux d’un premier pas vers la possibilité de “ressusciter” des espèces disparues.

Le dernier individu s’est éteint en captivité au zoo de Hobart en 1936

Le tigre de Tasmanie, connu également sous l’appellation de loup marsupial, est observé pour la dernière fois dans la nature en 1930. Largement répandu en Australie et en Nouvelle-Guinée à l’origine, ce grand carnivore marsupial ne survit déjà plus que sur l’île de Tasmanie, au sud-est de l’Australie, au moment de l’arrivée des premiers colons européens. Son extinction en Tasmanie est due à plusieurs facteurs concomitants largement attribuables à l’homme. Tout d’abord, il bénéficie d’une mauvaise réputation auprès des éleveurs australiens qui l’accuse, souvent à tort, de dégâts causés sur les espèces d’élevage comme les poules et les moutons. Son habitat s’est par ailleurs réduit en raison de l’occupation humaine, renforcée par la concurrence avec les chiens domestiques introduits par les colons. Il est alors chassé sans relâche, sa capture pouvant même donner lieu à l’octroi de primes. Le dernier individu s’est éteint en captivité au zoo de Hobart, en 1936.

Faire renaître des espèces éteintes ou se concentrer sur celles encore vivantes ?

« Le jour n’est, hélas !, pas venu où l’extinction d’une espèce vivante sera tenue pour un délit aussi grave que la destruction d’un chef-d’œuvre artistique. Le fait est d’ailleurs plus grave encore, évidemment, puisqu’on peut reconstruire un monument ou même refaire un tableau, mais qui rappellera à la vie le grand pingouin, le pigeon migrateur, le dodo ou le zèbre quagga ? », s’interrogeait le célèbre naturaliste Théodore Monod(2). Alors que les scientifiques entr’aperçoivent la possibilité de “rappeler à la vie” des espèces éteintes, la principale interrogation porte sur leur remise en circulation, alors que les hommes sont à peine capables de ménager les espaces naturels nécessaires et d’éviter la disparition des espèces encore présentes dans la nature, comme le montrent les disparitions du dauphin du Yangtsé (Lipotes vexillifer) et du phoque moine des Caraïbes (Monachus tropicalis), respectivement déclarées disparues en 2007 et 2008, en raison des activités humaines (chasse, pollution, réduction de l’habitat etc.).

Avant de considérer la perspective du clonage comme une solution pour freiner la disparition des espèces, ne vaudrait-il pas mieux se concentrer sur les efforts considérables à fournir aujourd’hui pour enrayer la crise d’extinction observée ? La transposition à la réalité de Jurassic Park n’est pas pour aujourd’hui. Et comme le déclare le biologiste Edward O. Wilson(3) : « L’homme se définit non par ce qu’il crée, mais par ce qu’il choisit de ne pas détruire. »

  • (1) A.J. Pask, R. Behringer, M. Renfree : « Resurrection of DNA function in vivo from an extinct genome », Plos One, 2008, vol. 3, n° 5.

  • (2) Et si l’aventure humaine devait échouer, Théodore Monod, 1991 (réédité en 2000), éditions Grasset.

  • (3) Propos tenus lors de la conférence internationale “Biodiversité, science et gouvernance”, organisée à Paris en 2005.

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