LA FRANCE, L’UNE DES PREMIÈRES AGRICULTURES D’EUROPE - La Semaine Vétérinaire n° 1350 du 06/03/2009
La Semaine Vétérinaire n° 1350 du 06/03/2009

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Auteur(s) : Stéphanie Padiolleau

La baisse de la consommation de viande s’accentue en France et en Europe. L’effet conjugué de la fièvre catarrhale ovine et de la crise financière devrait amplifier le repli des productions animales, déjà observé l’an passé. Dans ce contexte de morosité, la filière ovine française est la plus malmenée.

La fin de l’année 2008 constitue une charnière pour l’économie mondiale : la crise financière annonce une récession, les premières conséquences se font sentir sur la consommation alimentaire et s’étendent rapidement aux secteurs agricoles. Selon l’indice des prix à la consommation harmonisé d’Eurostat, les prix de l’alimentation ont augmenté de 7 % l’an passé. Parallèlement, la consommation de viande a diminué de 1,5 % au sein de l’Union européenne (41,949 millions de tonnes équivalent carcasses, soit une perte de 0,626 million par rapport à 2007). C’est la première fois qu’une baisse se produit depuis l’élargissement européen, en 2004, et cela malgré une progression de 0,5 % de la démographie qui, les années précédentes, avait suffi à compenser la diminution de la consommation individuelle.

Une observation plus détaillée montre des variations entre les pays de l’Union à quinze et les nouveaux Etats membres. Pour les premiers, la baisse de la consommation de viande bovine (- 2,6 %) et de viande ovine (- 5,6 %) est contrebalancée par un report partiel vers la viande de volaille (+ 1,6 %). Dans les seconds, le repli de la consommation concerne tous les types de viande. Le porc (- 7,3 %) et la volaille (- 4,3 %) affichent les plus mauvais résultats, en dépit de prix abordables. La viande bovine, dont la consommation est traditionnellement faible dans ces pays (10 % de la consommation totale des viandes au lieu de 22 % dans l’Union à quinze), recule de 3,3 %. Pour la viande ovine, le repli s’établit à 1,2 %.

En France, selon l’Institut national de la statistique et des études économiques (Insee), l’indice général des prix à la consommation a enregistré une hausse de 3,1 % sur les dix premiers mois de l’année 2008 par rapport à 2007, dont + 4,6 % pour celui des viandes. Cependant, la baisse de consommation observée n’a été que de 0,8 % pour l’ensemble des productions carnées. La viande ovine est la plus touchée, avec une chute de 6,9 %, suivie de la viande bovine et du porc (voir tableau), alors que le veau et la volaille sont en progression (voir article en page 31).

Le prix du lait baisse, pas celui des produits transformés

La hausse de 10,4 % de l’indice des prix à la consommation spécifique du lait, des fromages et des œufs enregistrée par l’Insee n’a pas empêché une augmentation de la consommation des produits laitiers. Elle ne profite toutefois qu’aux aliments faciles à utiliser et aisés à conserver, comme la crème, le lait longue conservation ou le beurre.

Les prix des produits ultrafrais (représentés à 55 % par les yaourts) sont restés élevés après leur envolée fin 2007, et leur consommation a diminué de 2 à 3 %. Dans le reste de l’Europe, la consommation des produits laitiers (hors ultra-frais) augmente régulièrement de 1 % par an. La production laitière a progressé par rapport à 2007, tout en demeurant en dessous du quota. Le spectre de la suppression des quotas, qui s’accompagne de leur hausse de 1 % par an, fait craindre une plus grande volatilité des prix et des volumes collectés, dans un contexte déjà tendu entre éleveurs et industriels. La chute du prix du lait souhaitée par les transformateurs en fin d’année a provoqué de nombreux mouvements de protestation des éleveurs en France et, surtout, en Allemagne.

… Malgré la baisse de la consommation, le cheptel allaitant poursuit sa progression

Du côté des troupeaux, la France possède toujours le plus grand effectif bovin d’Europe (voir graphique 1). Avec près de 3,7 millions de vaches laitières, son cheptel laitier reste au deuxième rang européen (voir graphique 2) derrière l’Allemagne. Il poursuit par ailleurs sa phase d’adaptation et de restructuration. Ainsi, le nombre d’exploitations s’est encore réduit de plus de 5 % l’an passé (cinq mille exploitants en moins) au profit de troupeaux toujours plus grands. Cependant, la réorganisation est inégale, et se fait moins sentir dans les zones défavorisées et celles de montagne. En relation avec le marché porteur observé durant la campagne 2007/2008 et en prévision de l’augmentation du quota, le taux de réforme des vaches laitières diminue, et le cheptel laitier a affiché une hausse d’effectif l’an passé.

Après un déclin régulier du nombre de vaches nourrices entre 2001 et 2006, le cheptel allaitant a continué sa progression malgré la baisse de consommation de viande bovine observée au niveau national. Environ 30 % des veaux et des broutards produits sont destinés à l’exportation (voir schéma ci-contre).

Les exportations sont victimes de la blue tongue

Le commerce extérieur des animaux vivants est en baisse depuis 2004 et cette tendance s’est accentuée en 2008. Les veaux maigres sont particulièrement touchés et le nombre d’animaux exportés a accusé une chute de 50 %. Les exportations de broutards ont été décalées de deux à trois mois, mais elles ont repris un niveau presque normal en fin d’année.

Cette situation s’explique partiellement par la crise de la fièvre catarrhale ovine et la fermeture des frontières italiennes au printemps. Les exportations d’animaux destinés à l’engraissement ont été reportées, les veaux étant maintenus dans les élevages et/ou engraissés en France avant d’être exportés, plus lourds. Le bilan en volume est donc meilleur que celui par têtes. L’impact de la fièvre catarrhale sera différé et visible sur la production de veaux cette année. En effet, après le passage infectieux, de nombreuses vaches sont restées vides ou ont présenté des gestations décalées. La stratégie vaccinale est également mise en cause par les éleveurs. Une réduction du nombre de veaux produits est à craindre cette année, avec un impact variable selon les régions et les exploitations.

  • Sources : Agreste, Eurostat, ministère de l’Agriculture.

POUR EN SAVOIR PLUS

• Bimagri 2009, ministère de l’Agriculture.

• « Le marché des produits laitiers, carnés et avicoles en 2008 » de l’Office de l’élevage.

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