Des alternatives thérapeutiques existent lors de fibrillation atriale chronique équine - La Semaine Vétérinaire n° 1349 du 27/02/2009
La Semaine Vétérinaire n° 1349 du 27/02/2009

Cardiologie et traitements médicaux

Formation continue

ÉQUIDÉS

Auteur(s) : Isabelle Desjardins

Une étude tente d’évaluer l’intérêt de la propafénone chez le cheval, sans grand succès thérapeutique.

En l’absence de lésions cardiaques significatives, la fibrillation atriale est dite primaire. Les signes cliniques associés sont une baisse des performances, parfois de l’épistaxis à l’exercice. Il n’est pas rare que cette affection soit découverte fortuitement lors d’un examen vétérinaire. L’auscultation cardiaque révèle alors une arythmie de type irrégulier, avec un premier bruit cardiaque d’intensité augmentée. Le diagnostic de certitude repose sur un électrocardiogramme (ondes f) et l’absence de maladie cardiaque sous-jacente est à vérifier par un examen échocardiographique complet.

En général, ces cas répondent bien à la cardioconversion, surtout si la fibrillation atriale est récente.

Au-delà de trois à six mois de fibrillation atriale persistante, le pronostic de retour à la normale du rythme cardiaque diminue significativement.

Une cardioconversion électrique est envisageable, avec un taux de succès élevé. Toutefois, cela nécessite le transfert du cheval dans un hôpital spécialisé et une anesthésie générale, ce qui génère un coût important.

Analyser et choisir l’arsenal chimique dédié n’est pas aisé

Parmi l’arsenal chimique, le sulfate de quinidine per os (anti-arythmique de classe I) a longtemps été utilisé pour traiter des cas aigus et chroniques, avec une efficacité estimée à 85 % pour les fibrillations atriales primaires de moins de deux mois. Mais cette molécule engendre souvent des effets indésirables (coliques, diarrhée, ataxie, œdème nasal, fourbure, urticaire, syncopes etc.) et n’est plus disponible en France.

Les auteurs d’une étude récente(1) déconseillent l’usage de flécaïnide lors de fibrillation atriale aiguë ou chronique en raison des risques de dysrythmie ventriculaire dangereuse induits.

La cibenzoline injectable (anti-arythmique de classe I) ne semble pas efficace et entraîne aussi des arythmies ventriculaires sévères.

L’utilisation expérimentale de solatol (anti-arythmique de classe III) n’a pas permis de restaurer un rythme sinusal chez des chevaux atteints de fibrillation atriale.

Quant à l’amiodarone par voie intraveineuse (anti-arythmique de classe III), il possède une efficacité incomplète dans les cas chroniques de fibrillation atriale, avec 50 à 67 % de cardioconversions.

La propafénone ne semble pas être une alternative thérapeutique efficace

En médecine humaine, la propafénone est utilisée chez des patients qui souffrent de fibrillation atriale chronique (avec une efficacité moyenne de 86 %) et semble sécuritaire. Dominique de Clercq et ses collaborateurs ont évalué les effets de la propafénone chez six chevaux trotteurs de trois à huit ans, en extrapolant les doses employées chez l’homme au cheval. Deux des animaux souffrent de fibrillation atriale primaire chronique et une fibrillation atriale induite expérimentalement est maintenue pendant quatre mois chez les quatre autres chevaux.

Avant, pendant et dans les deux heures suivant le traitement, un examen clinique, un électrocardiogramme, une échocardiographie Doppler, un bilan hémato-biochimique sont réalisés.

Les chevaux reçoivent 2 mg/kg de propafénone par voie intraveineuse, sur quinze minutes, puis une infusion continue de 7 µg/kg/min si la fibrillation atriale est persistante vingt minutes après le bolus, jusqu’à la conversion à un rythme sinusal. Les concentrations plasmatiques en propafénone sont déterminées par une technique de chromatographie liquide à haute performance, de T0 à T + 24 heures.

Aucun effet indésirable n’est constaté. Pendant l’administration, les chevaux ne présentent pas de complications cardiaques. Une tachycardie modérée et une sensibilité aux stimuli extérieurs transitoires sont observées. Malgré l’infusion continue de propafénone, la conversion à un rythme sinusal n’a pu être obtenue chez aucun cheval.

Chez l’homme, les concentrations thérapeutiques de propafénone varient suivant les individus, de 20 à 1 044 ng/ml selon les études. Chez le cheval, l’élimination de la propafénone à la suite d’un bolus isolé est rapide (demi-vie d’une à deux heures). Dans l’étude, avec une administration continue, la concentration plasmatique en propafénone a varié de 50 à 200 ng/ml, soit une concentration se situant dans la portion inférieure de l’intervalle thérapeutique.

Pourtant, aucune cardioconversion n’a pu être obtenue, malgré le ralentissement de la conduction enregistré au niveau atrial (augmentation de la longueur de cycle de FA).

L’augmentation de la dose de propafénone à administrer est problématique, car des conséquences cardiaques néfastes sont susceptibles de survenir, comme un allongement du QRS et l’apparition d’arythmies ventriculaires.

Une semaine après l’expérimentation, cinq chevaux sur six reçoivent un traitement de sulfate de quinidine per os (22 mg/kg) et une cardioconversion est obtenue pour chacun d’eux en deux à trois doses. Ainsi, contrairement à l’homme atteint de fibrillation atriale chronique, la propafénone ne semble pas être une alternative thérapeutique efficace chez le cheval.

  • (1) D. de Clercq, G. van Loon, R. Tavernier, R. Verbesselt, P. Deprez : « Use of propafenone for conversion of chronic atrial fibrillation in horses », Am. J. of Vet. Research, 2009, vol. 70, n° 2, pp. 223-227.

VOIR AUSSI DANS Pratique vétérinaire équine

• E. Maurin, H. Amory, C. Sandersen : « L’insuffisance mitrale chez le cheval : revue de littérature », PVE 137, vol. 35, 2003, pp. 7-12.

• H. Amory, T. Art : « Affections cardiaques et intolérance à l’effort. 1 - Les troubles du rythme », numéro spécial PVE, vol. 32, 2000, pp. 71-78.

La fibrillation atriale

Parmi les arythmies cardiaques qui affectent les performances du cheval, la fibrillation atriale est la plus fréquente. Sa prévalenceest estimée à 0,5 % et aucune prédisposition particulière (genre, race) n’est miseen évidence. Le cheval, en raison d’un tonus sympathique élevé et de la taille importante des oreillettes, est enclin à développerce genre d’arythmie, par des phénomènes électriques myocardiques de “réentrées”.

I. D.
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