Quelques brebis galeuses suffisent à ruiner le troupeau

La nouvelle génération a une fausse idée de la profession qu’elle veut embrasser ; elle est à côté de la plaque.

Déjà au berceau, elle apprend à obtenir, à gaspiller, à balancer l’assiette qu’on lui tend. Bien plus tard, après avoir crâné sur le cheval offert par papa-maman, pleine des prérogatives insufflées par une éducation d’enfants rois, relayée par une société obsédée par l’abondance, elle arrive sur le marché du travail.

Dans ces conditions, le diplôme n’est là que pour lui offrir à tout prix et rapidement ses revendications. Tout lui est dû, depuis le plus jeune âge on lui a inculqué « qu’elle a droit à… », alors c’est bien normal de gagner plein de “tunes” tout de suite, de revendiquer des récup’, des heures, des droits, d’être payé pour apprendre. Il arrive même que les parents de ces stagiaires que nous accueillons gracieusement (et qui gardent l’œil rivé sur la montre) s’étonnent de ne pas disposer d’une convention de prise en charge avantageuse.

Cette génération ne se rend même pas compte de sa chance d’avoir trouvé le “maître” qui va lui enseigner les secrets de l’art et les valeurs morales qui le fondent. Ce maître qu’elle n’hésite pas – pourquoi pas ? – à clouer au pilori des prud’hommes, comme on trahit un membre de sa famille.

Qu’apprend-on, ou bien que n’apprend-on plus dans les écoles vétérinaires ? Cette génération veut calquer sur la profession ses points de vue morbides, plutôt que d’essayer de se mouler en elle.

C’est là que les instances professionnelles, l’Ordre en tête, ont un rôle essentiel à jouer : transmettre les valeurs culturelles de l’entreprise vétérinaire. Faute de quoi, elles n’auront qu’une fonction mineure, une réputation réduite à celle d’empêcheurs de tourner en rond. Et puis ce sera rapidement l’anarchie, la foire d’empoigne. Notre art deviendra un métier soumis aux pures lois mécaniques du marché et de ses chiffres. Pourtant, je suis certain que plein de jeunes ne demandent qu’à embrasser une carrière où la noblesse, la morale, la probité ont fait et feront encore respecter notre profession et ceux qui l’exercent comme un sacerdoce.

Mais il suffit de quelques brebis galeuses pour ruiner le troupeau. L’Ordre doit être là pour veiller, pour faire évoluer notre profession en protégeant ses racines, pour qu’elle reste maîtresse de son destin.

• Voir également le commentaire du sondage sur le rôle de l’Ordre, en page 10 de ce numéro.