Le pronostic de guérison des perforations complètes demeure sombre chez le cheval - La Semaine Vétérinaire n° 1348 du 20/02/2009
La Semaine Vétérinaire n° 1348 du 20/02/2009

Etude rétrospective sur les lacérations rectales

Formation continue

ÉQUIDÉS

Auteur(s) : Isabelle Desjardins

Le risque est plus grand chez les individus âgés et ceux qui subissent des examens transrectaux répétés.

Les facteurs qui favorisent l’occurrence des lacérations rectales sont assez anecdotiques. Anthony Claes(1) et ses collaborateurs ont mis en place une étude rétrospective, conduite à l’université de Davis, en Californie (Etats-Unis), entre 1985 et 2006.

Les chevaux admis dans cette université qui ont développé une lacération rectale sont inclus dans le protocole, et comparés à un groupe de chevaux admis représentatifs d’une population générale. Quatre-vingt-dix-neuf cas sont inclus dans l’étude, dont une majorité de juments (soixante-quatre) et une minorité de mâles (six). Le groupe à lacération rectale est surtout composé de pur-sang arabes et de quarter horses. L’âge moyen dans ce groupe est de douze ans, avec des variations de six mois à trente-deux ans.

Les juments sont significativement plus atteintes que les hongres ou les mâles, mais aussi surreprésentées par rapport à la population générale. Cette donnée vient contredire celle d’une autre étude dans laquelle les hongres et les mâles apparaissaient prédisposés aux lacérations rectales.

Certaines populations de chevaux sont davantage à risque

Les lacérations rectales sont plus fréquentes chez les chevaux d’âge moyen ou âgés, c’est-à-dire de plus de neuf ans. Un risque plus élevé est noté chez les juments âgées en raison d’un appareil reproducteur plus penduleux et d’un nombre répété d’examens transrectaux, du fait de la baisse de fertilité et des autres maladies. Une diminution de l’élasticité, des modifications dégénératives et des lésions rectales précédentes concourent aussi à faciliter les lacérations.

Parmi les différentes races, une prédisposition des pur-sang arabes et des chevaux miniatures est mise en évidence par rapport à la population équine générale. Le comportement parfois agité, les efforts d’expulsion et l’étroitesse du rectum expliquent cette tendance.

Les circonstances qui occasionnent les lacérations rectales les plus importantes sont les examens du système digestif lors de colique (44,4 %) et du système reproducteur (35,3 %). Chez neuf chevaux (9 % des cas), la cause est indéterminée. Pour les 11,3 % restants, des situations diverses sont évoquées : examen général, dystocie et prolapsus rectal. La muqueuse rectale lors de colique peut être friable et sèche en raison de la déshydratation. Ainsi, les chevaux qui ressentent une douleur abdominale sont parfois difficiles à contrôler.

Le taux de survie des lacérations des grades 1 et 2 est bon

Pour 21,3 % des chevaux, les lacérations observées sont de grade 1 et pour 2,2 % de grade 2. Un traitement médical conservateur (ou pour trois cas une suture “à l’aveugle”) permet la guérison dans tous les cas. Pour les 29,2 % de lacérations de grade 3, les interventions chirurgicales (colostomie, suture par céliotomie) résolvent le problème, mais sur les cinq chevaux traités par une suture “à l’aveugle”, seulement deux survivent. Quatre chevaux atteints d’une lacération de grade 3 ne subissent qu’un traitement médical, avec un taux de mortalité de 50 %. 47,2 % des chevaux de l’étude présentent une lacération rectale de grade 4. Les trois quarts sont euthanasiés à leur admission. Parmi ceux qui subissent un traitement chirurgical (céliotomie, suture “à l’aveugle” ou pose d’une prothèse tubulaire à demeure), seule la céliotomie permet leur survie. Il est toutefois difficile de tirer des conclusions quant à l’efficacité de l’option chirurgicale en raison du faible nombre de chevaux opérés, du coût limitant le nombre de cas, de l’accessibilité de la lésion qui conditionne la technique utilisée et de l’expérience du chirurgien. Le taux de survie des grades 1 et 2 de lacération, quel que soit le traitement entrepris, est bon (100 %) selon cette étude. 38 % des chevaux avec une lacération de grade 3 et 2 % de ceux de grade 4 survivent, quelle que soit l’option thérapeutique, mais ce résultat est biaisé par les considérations économiques qui ont motivé l’euthanasie des chevaux à leur admission.

La réduction significative du risque de lacérations rectales passe par une contention adaptée, l’utilisation abondante de lubrifiant, l’emploi de lidocaïne intrarectale ou de spasmolytiques. Il faut garder en mémoire le risque plus élevé chez les chevaux âgés et chez ceux qui subissent des examens transrectaux à répétition.

Globalement, un traitement médical conservateur est indiqué si la lésion est inférieure à 10 cm de diamètre avec une lacération de grade 1, 2 ou éventuellement 3, et bénéficie d’un bon pronostic de guérison. Les perforations complètes, elles, demeurent de sombre pronostic, malgré les progrès de la chirurgie.

  • (1) A. Claes, B.A. Ball, J.A. Brown, P.H. Kass : « Evaluation of risk factors, management and outcome associated with rectal tears in horses : 99 cases (1985-2006) », Javma, 2008, vol. 233, n° 10, pp. 1 605-1 609.

Les grades de lacération rectale

• 1 : discontinuité de la muqueuse et de la sous-muqueuse.

• 2 : discontinuité de la couche musculaire, mais pas de la muqueuse.

• 3 : discontinuité de la muqueuse, sous-muqueuse et de la musculeuse.

• 4 : déchirure de toutes les couches tissulaires.

L’examen transrectal

Les lacérations rectales se produisent le plus souvent lors d’examens digestifs ou de l’appareil génital. Les énémas entrent dans les causes iatrogènes moins fréquentes. Les lacérations rectales accidentelles et non iatrogènes sont assez rares : elles sont associées à une saillie traumatique, à la parturition, à une fracture vertébrale, à un accident de la route. Une nécrose ischémique de la paroi rectale secondaire à une thrombose ou à une thrombo-embolie est aussi possible.

I. D.
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