La conduite zootechnique des élevages était au cœur de la session santé des JRP

Génétique, qualité, alimentation, santé, bien-être, conduite d’élevage, reproduction, environnement, économie/sociologie… les 41^e journées de la recherche porcine ont permis aux acteurs de la filière de s’informer des recherches menées dans de multiples domaines. Réunis à la maison de la RATP, à Paris, les 3 et 4 février derniers, ils ont en effet pris connaissance de vingt-neuf communications orales et quarante-neuf posters.

La session santé a combiné recherche appliquée et fondamentale, en étudiant l’impact de la conduite zootechnique et du statut sanitaire de l’élevage sur l’état de santé des animaux. Notre confrère Fabrice Robert, de l’entreprise de services Conseils et compétences en productions animales (CCPA), a confirmé, en partenariat avec l’Inserm et le CHU de Grenoble, l’importance de la valence oxydative du stress au sevrage chez le porcelet, et a évalué sa correction nutritionnelle. L’analyse des profils sanguins avant et après le sevrage identifie un stress oxydatif chez les porcelets, caractérisé par une diminution des antioxydants plasmatiques, une augmentation de la concentration plasmatique en produits d’oxydation et une inflammation. Ce stress, ainsi que la croissance des porcelets sont significativement améliorés par l’incorporation d’un adjuvant antioxydant dans l’alimentation premier âge.

Jean-Noël Sialelli, vétérinaire à Lamballe (Côtes-d’Armor), a pour sa part piloté une étude qui analyse le lien entre les caractéristiques de la truie et l’apparition des diarrhées néonatales. « La relation entre les différentes cinétiques de mise bas et l’apparition de diarrhée néonatale est une piste intéressante », a déclaré Pascal Fourchon, vétérinaire à Coopagri Bretagne, qui présidait la session santé. Les voies d’amélioration des dynamiques de mises bas chez les truies seraient à explorer.

Un outil de modélisation permet d’évaluer l’impact des actions sanitaires et médicales

Qualifié de révolutionnaire par Pascal Fourchon, l’outil de modélisation de la dynamique d’infection intratroupeau au sein d’un élevage naisseur-engraisseur par le circovirus porcin de type 2 (PCV2) permet de quantifier l’impact des actions vaccinales et zootechniques. Par exemple, « la limitation des adoptions, en réservant cette pratique aux portées surnuméraires, permet de diminuer par deux le risque des infections précoces par rapport à la conduite dite la plus permissive, avec des adoptions en mélange intégral et un regroupement aléatoire des porcelets en grande case dans les salles de post-sevrage, a expliqué Nicolas Rose, chercheur à l’Afssa de Ploufragan. Dans le cadre d’une conduite dite permissive, la vaccination des porcelets permet de diminuer le risque des infections précoces de 56 % » (voir figure).

L’Afssa de Ploufragan a également exploré l’impact du PCV2 sur la transcription des gènes de cellules porcines infectées par ce virus. Leur réponse transcriptionnelle est faible. Le PCV2, non lytique, perturbe moins les cellules que les virus de la peste porcine classique et de la maladie d’Aujeszky. L’infection par le circovirus inhibe l’expression de trois gènes impliqués dans le développement cellulaire, le fonctionnement du système hématologique, la réponse immunitaire et la mort cellulaire. « L’exploration plus précise du lien avec la maladie, plus particulièrement les lésions du myocarde, n’a pas donné de résultat intéressant, car les gènes impliqués sont généraux », a précisé Béatrice Grasland, chercheuse à l’unité de génétique virale et de biosécurité de l’Afssa de Ploufragan.

Durant ces deux jours, les communications sanitaires ne se sont pas limitées à la session santé. Mycotoxines et additifs immunomodulateurs ont ouvert celle consacrée à l’alimentation. Quant aux trois communications orales de la session qualité, elles étaient dédiées aux salmonelles. Les études menées tant en élevage qu’en abattoir permettent de dégager des grandes lignes d’actions collectives pour réduire la prévalence des salmonelles dans la viande de porc.