Les vétonautes se sentent plutôt en désaccord avec les principales propositions du rapport Guené - La Semaine Vétérinaire n° 1345 du 30/01/2009
La Semaine Vétérinaire n° 1345 du 30/01/2009

Entre nous

QU’EN PENSEZ-VOUS  ?

Le moins que l’on puisse dire, c’est que le rapport de Charles Guené ne fait pas recette auprès des vétonautes. Ceux qui ont répondu à notre sondage sont en désaccord, parfois sévère, avec les principales propositions du sénateur de la Haute-Marne. La délégation de certains actes : retoquée. « Quand on lit que pour mettre fin à une pratique courante, on va autoriser les ASV à réaliser certains actes, cela revient à couvrir l’exercice illégal de la médecine vétérinaire ! Comment être reconnus par nos clients si nous acceptons de les tromper ? », s’afflige ainsi une praticienne. « Monsieur Guené est encore un de ces démagogues qui veulent flatter les agriculteurs avec l’autorisation de vacciner dans le cadre des prophylaxies. C’est totalement ringard », ajoute l’un de ses confrères, courroucé.

La mise en place de “holdings vétérinaires” permettant la création de réseaux de sociétés d’exercice libéral pour conforter le maillage territorial : rejetée itou. « Ça va être beau : quelques actionnaires propriétaires de cliniques énormes et une armada de vétérinaires salariés payés à moindre frais, mais aux 35 heures, n’ayant plus le moindre pouvoir décisionnel sur leur activité et, un jour, sur le devenir de la profession… », ironise un praticien. Ecartée aussi, l’idée d’augmenter le numerus clausus de 10 %. Quant au projet de supprimer la “prépa véto” pour raccourcir le cursus de sept à cinq ans, il est rejeté d’avance par plus de 56 % des votants. « Charles Guené veut la mort de notre profession et de notre activité libérale par un abaissement de notre niveau d’études : éloge de la médiocrité ! », raille un vétérinaire.

Seule trouve grâce aux yeux des sondés la proposition du rapport relative au mandat sanitaire. Il s’agit notamment d’associer le mandat avec la gestion de l’élevage et de promouvoir l’avènement de vétérinaires référents, spécialisés dans une affection donnée. Qui était au bout de la souris pour s’exprimer sur ce sondage ? Plutôt des ruraux, plutôt des canins ? Impossible de le dire, puisque les répondants n’avaient pas à le préciser. Sans doute faut-il voir dans cette large approbation la volonté des praticiens de clarifier et d’optimiser le fonctionnement du système sanitaire actuel, un peu confus. Peut-être s’agit-il aussi de la plus consensuelles des propositions du rapport. En fait, seule une poignée (moins d’une dizaine) de vétérinaires se sentent en accord avec les cinq propositions du rapport retenues dans ce sondage. « Enfin une vision d’avenir qui sort du “nous ferons comme nous avons toujours fait”, se satisfait l’un d’eux. Les solutions préconisées sont souvent bonnes. A nous de nous en emparer, de les faire vivre et de les appliquer. » Le débat peut commencer…

réactions Internet

Un bon rapport

Enfin un rapport qui constate l’ampleur du malaise de la profession. Félicitations au sénateur Guené. Il reste à bouger notre Ordre et à modifier la fiscalité de nos entreprises.

Fabrice Bonin

Un champ de gravats

La disparition de la “prépa” constitue, au prétexte d’une harmonisation européenne, le passage brutal de notre belle profession dans une catégorie inférieure. Nous étions un corps d’élite au service d’une activité libérale, nous allons former des cadres “B”, esclaves salariés de quelques gros investisseurs privés non vétérinaires… Je vais emprunter une métaphore à un penseur et écrivain français : la profession vétérinaire était une cathédrale, une œuvre collective dont nous étions les pierres, souvent anonymes dans les fondations, parfois clés de voûte de l’édifice. Ce que je vois poindre, à la place, c’est un tas de cailloux dans un champ de gravats… Nos dirigeants devraient relire Saint-Exupéry.

Arnauld Durand
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