Les myopathies équines sont nombreuses et complexes - La Semaine Vétérinaire n° 1344 du 23/01/2009
La Semaine Vétérinaire n° 1344 du 23/01/2009

Médecine interne

Formation continue

ÉQUIDÉS

Auteur(s) : Sophie Paul-Jeanjean

Le cheval est sujet aux myopathies acquises ou héréditaires.

L’anamnèse et les signes cliniques des chevaux atteints sont des éléments clés du diagnostic d’une myopathie, qui repose également sur les examens orthopédique, neurologique et transrectal, ainsi que sur les analyses de laboratoire (voir encadré). Le diagnostic précis d’une myopathie doit souvent être confirmé par une biopsie musculaire ou des tests génétiques.

Les myopathies équines sont nombreuses, complexes et leur diagnostic peu aisé. L’anamnèse est particulièrement importante. Les symptômes sont d’intensité et de gravité variables : raideur, difficulté, voire incapacité à se déplacer, sudation, tremblements, myoglobinurie et tachypnée. Certains de ces signes cliniques sont aspécifiques et peuvent relever d’une autre affection.

En outre, tout décubitus latéral prolongé peut provoquer une rhabdomyolyse des muscles écrasés et une augmentation des enzymes musculaires dans le sang qu’il faut différencier d’un processus myopathique primaire.

Des rhabdomyolyses induites par l’effort sont identifiées

Les rhabdomyolyses induites par l’effort incluent les syndromes myopathiques qui apparaissent à la suite d’un exercice. Elles peuvent avoir une origine musculaire (et présentent alors un caractère chronique) ou résulter d’un effort excessif. Actuellement, trois syndromes de rhabdomyolyse d’effort chroniques sont identifiés. La rhabdomyolyse récurrente induite par l’exercice (RER) qui atteint les chevaux de sang et dont le diagnostic repose sur l’anamnèse et la biopsie musculaire, la myopathie à stockage de polysaccharides du quarter horse (PSSM) ou des chevaux de trait (EPSM). A l’inverse, des rhabdomyolyses sporadiques, qui peuvent survenir chez un animal sain soumis à un exercice exagéré, apparaissent chez ces chevaux myopathes à la suite d’un effort relativement léger. Les techniques de prévention recommandées sont un travail approprié et régulier, un contrôle de l’environnement et un régime alimentaire adapté. La rhabdomyolyse idiopathique chronique induite par l’effort est diagnostiquée lorsque le cheval souffre de myosites récurrentes consécutives à un effort, mais non imputables à l’une des trois maladies précitées.

Le syndrome d’épuisement résulte d’un effort excessif, souvent par temps chaud et humide, et se traduit par la défaillance de plusieurs organes. La rhabdomyolyse est l’une des complications de ce syndrome, favorisée par la déplétion en glycogène et en électrolytes.

Les rhabdomyolyses sans effort préalable recouvrent plusieurs affections

Les rhabdomyolyses sans effort préalable regroupent la myopathie atypique, qui touche de manière sporadique les chevaux en pâture et dont l’origine est inconnue, lors de conditions climatiques particulières (froid et humidité) ; la myopathie nutritionnelle (ou maladie du muscle blanc), une myodégénérescence primaire dont la cause est une carence alimentaire en sélénium et en vitamine E, qui touche préférentiellement les jeunes poulains ; la rhabdomyolyse, associée à une infection à Streptococcus equi, qui est un syndrome de type choc toxique.

Le troisième groupe d’affections musculaires se caractérise par de la faiblesse et de l’atrophie. Dans la maladie du motoneurone (EMND), les chevaux présentent une faiblesse et une fonte musculaire malgré un appétit conservé, le polygone de sustentation se réduit, l’étiologie comprend aussi une déficience chronique en vitamine E. Une forme de myosite à médiation immune est en outre décrite chez la race quarter horse, associée à une infection respiratoire à Streptococcus equi subse. equi.

Le quatrième groupe de maladies est caractérisé par de la faiblesse musculaire intermittente : la paralysie hyperkaliémique périodique (HYPP) est une affection musculaire à caractère héréditaire identifiée chez les descendants de l’étalon quater horse Impressive : le cheval atteint peut présenter des tremblements musculaires ou de la paralysie, des fasciculations et de la sudation, et les épisodes d’hyperkaliémie durent classiquement de trente à soixante minutes, puis le cheval apparaît généralement normal.

Les poulains de race quarter horse et apparentés peuvent également souffrir d’une affection particulière, la déficience en enzyme de branchement du glycogène. Les signes cliniques sont variés, le poulain peut être mort-né, présenter un syndrome de faiblesse généralisée, des symptômes respiratoires, une mort subite ou des contractures tendineuses sur chaque membre. En outre, pour être exhaustif, il ne faut pas oublier les douleurs et raideurs musculaires d’origine virale, notamment lors de grippe ou de rhinopneumonie.

  • Source : conférence de G. Van Galen (université de Liège, Belgique) : « Diagnostic différentiel des troubles musculaires », présentée lors des dernières journées annuelles de l’Association vétérinaire équine française à Reims.

Les examens sanguins et urinaires

Le dosage des enzymes musculaires permet la mise en évidence d’altérations.

• Créatine kinase (CK) : elle est essentiellement retrouvée dans le muscle squelettique et le myocarde. L’activité des CK dépend de l’ampleur de la nécrose musculaire. Les valeurs normales se situent entre 50 et 200 UI/l, le pic d’activité qui suit un exercice apparaît quatre à six heures après l’effort.

• Aspartate aminotransférase (AST) : elle est surtout retrouvée dans le muscle squelettique, le myocarde et le foie. Les valeurs normales se situent entre 200 et 400 UI/l. L’activité de l’AST présente un pic douze à vingt-quatre heures après la rhabdomyolyse et reste au-dessus des valeurs normales pendant sept à quatorze jours.

• Lactate déshydrogénase (LDH) : elle n’est pas spécifique d’un organe, mais les concentrations des différentes iso-enzymes varient selon le tissu. Par exemple, la LDH5, et la LDH4 dans une moindre mesure, sont très présentes dans le tissu musculaire. Les valeurs normales se situent entre 100 et 400 UI/l. L’activité des LDH présente un pic vingt-quatre à quarante-huit heures après la rhabdomyolyse et reste au-dessus des valeurs normales pendant cinq à dix jours.

• Vitamine E, sélénium : il n’a jamais été prouvé que les carences en ces éléments prédisposent aux myopathies, mais ils sont néanmoins nécessaires au fonctionnement de la cellule musculaire et il est généralement recommandé de supplémenter les rations des chevaux qui réalisent des efforts intenses.

• Myoglobinurie : elle constitue l’un des signes les plus spécifiques des myopathies, mais n’est présente que lors de nécrose massive. La myoglobinurie induit un assombrissement des urines qui peut être confondu avec de l’hématurie ou de l’hémoglobinurie.

S. P.-J.
Formations e-Learning

Nouveau : Découvrez le premier module
e-Learning du PointVétérinaire.fr sur le thème « L’Épanchement thoracique dans tous ses états »

En savoir plus

Boutique

L’ouvrage ECG du chien et du chat - Diagnostic des arythmies s’engage à fournir à l’étudiant débutant ou au spécialiste en cardiologie une approche pratique du diagnostic électrocardiographique, ainsi que des connaissances approfondies, afin de leur permettre un réel apprentissage dans ce domaine qui a intrigué les praticiens pendant plus d’un siècle. L’association des différentes expériences des auteurs donne de la consistance à l’abord de l’interprétation des tracés ECG effectués chez le chien et le chat.

En savoir plus sur cette nouveauté
Découvrir la boutique du Point Vétérinaire

Agenda des formations

Calendrier des formations pour les vétérinaires et auxiliaires vétérinaires

Retrouvez les différentes formations, évènements, congrès qui seront organisés dans les mois à venir. Vous pouvez cibler votre recherche par date, domaine d'activité, ou situation géographique.

En savoir plus


Inscrivez-vous gratuitement à nos Newsletters

Recevez tous les jours nos actualités, comme plus de 170 000 acteurs du monde vétérinaire.

Vidéo : Comment s'inscrire aux lettres d'informations du Point Vétérinaire

Retrouvez-nous sur
Abonné à La Semaine Vétérinaire, retrouvez
votre revue dans l'application Le Point Vétérinaire.fr