L’examen clinique lors de diarrhée donne les clés d’une fluidothérapie adaptée - La Semaine Vétérinaire n° 1341 du 02/01/2009
La Semaine Vétérinaire n° 1341 du 02/01/2009

Gastro-entérologie du veau

Formation continue

RURALE

Auteur(s) : Paul Perié

Les troubles hydro-électrolytiques et acido-basiques sont à évaluer, même en l’absence d’examen sanguin, afin d’estimer l’état de déshydratation du veau.

Les entérites néonatales sont des affections courantes en médecine bovine. Leur traitement passe par la lutte contre les agents infectieux, la prise de solutés oraux et la fluidothérapie. En pratique, les bilans complets sont encore rarement pratiqués chez le veau diarrhéique. Un examen clinique précis fournit alors au praticien de nombreuses informations. Lors des Journées nationales des GTV, organisées à Nantes du 28 au 30 mai dernier, notre confrère Didier Raboisson a rappelé les critères d’évaluation des troubles sanguins à partir des signes cliniques et a redéfini les principales stratégies thérapeutiques en matière de fluidothérapie.

Les troubles sanguins lors de diarrhée sont comparables, quel que soit l’agent infectieux

Bien que les mécanismes physiopathologiques diffèrent selon l’agent infectieux, les troubles sanguins sont souvent proches chez le veau nouveau-né (déshydratation, acidose et troubles électrolytiques). La diarrhée induit des pertes liquidiennes parfois importantes (jusqu’à 20 % du poids vif par jour) et des pertes électrolytiques (ions Na+, Cl-, K+, HCO3-).

Les pertes de Na+ conduisent, par osmose, à une diminution du volume extracellulaire et renforcent la déshydratation. L’élimination des bicarbonates dans les fèces provoque une acidose renforcée par le développement du métabolisme anaérobie producteur de L-lactate, une diminution de la réabsorption rénale des ions HCo3- et une diminution d’excrétion de H+. Cette acidose s’accompagne d’hyperkaliémie à la suite d’une sortie du K+ cellulaire. En outre, le bilan énergétique du veau est dégradé : il s’alimente moins et les apports énergétiques fournis par les solutés oraux sont souvent insuffisants.

L’évaluation des troubles sanguins est possible d’après l’examen clinique

L’évaluation de la déshydratation est facilement réalisable sur le terrain. L’énophtalmie et la persistance du pli de peau sont les indicateurs de déshydratation les plus pertinents (voir tableau 1). La température, l’humidité de la bouche, le réflexe de succion et la vigilance sont également des symptômes à estimer, même s’ils accompagnent également l’acidose.

Chez le veau nouveau-né, le tonus musculaire, le port de tête, la position de l’animal et l’activité cardiaque permettent d’évaluer l’acidose. Sans déshydratation, une absence du réflexe de succion, un réflexe à la menace retardé, un réflexe panniculaire amoindri, une incapacité à se tenir debout, un palais et des extrémités froids, une démarche chancelante constituent autant de signes cliniques complémentaires révélateurs d’acidose. En effet, chez les animaux correctement hydratés, il existe une corrélation linéaire entre le score clinique et l’excès de base (voir tableaux 2 et 3). Ces symptômes peuvent donc être utilisés sur le terrain afin de déterminer la quantité de bicarbonates à perfuser.

En outre, une dyspnée atteste généralement d’une acidose respiratoire (PCO2 élevée), mais pas d’une acidose métabolique.

Les arythmies seraient spécifiques d’une hyperkaliémie sévère. En effet, il existe une corrélation positive entre la tachycardie et l’hyperkaliémie. A l’inverse, les bradycardies s’accompagnent autant d’hyperkaliémie que d’hypokaliémie. De plus, quelques cas de myasthénie sont parfois observés lors d’hyperkaliémie.

La stratégie thérapeutique vise à corriger plusieurs conséquences de la diarrhée

De nombreux solutés sont disponibles sur le marché et l’examen clinique permet d’orienter le praticien dans son choix.

• Correction de la déshydratation

Une déshydratation supérieure à 7 % nécessite impérativement une fluidothérapie intraveineuse. Une fois les pertes continues prises en compte (25 ml/kg/j), la quantité de fluides à perfuser est alors égale au poids vif multiplié par le taux de déshydratation.

La perfusion rapide de NaCl hypertonique (5 ml/kg) permet de rétablir le volume extracellulaire. Elle diminue également l’hypertension artérielle et la résistance vasculaire lors de choc toxémique.

• Correction de l’acidose

Tout d’abord, corriger la volémie a un impact direct sur les troubles acido-basiques. Cependant, la correction totale de l’acidose est lente et souvent insuffisante avec des solutés dépourvus de bicarbonates.

La quantité de bicarbonates à perfuser (en mmol) est égale à ([HCO3-]mesurée - [HCO3-]référence) x 0,6 x poids vif du veau (en kg).

Si la concentration en HCO3- n’est pas mesurée, elle est évaluée cliniquement. Une quantité standard de bicarbonates peut être perfusée (entre 200 et 500 mmol), mais des sous-corrections ou des surcorrections importantes peuvent être induites.

Lors d’acidose sévère, la perfusion de NaHCO3 hypertonique est indispensable. Elle est relativement sécurisée en l’absence de symptômes respiratoires, bien qu’une hypercapnie ainsi qu’une acidose intracellulaire et cérébro-spinale paradoxale soient parfois observées.

• Correction des troubles électrolytiques

L’hyponatrémie est corrigée par l’apport de solutés salés. Lors de déshydratation et d’hyponatrémie modérées, la perfusion de solutés sans NaCl, tel que du bicarbonate de sodium isotonique, peut se révéler suffisante.

L’hyperkaliémie est en partie corrigée par le rétablissement de la volémie (effet dilution) et de l’acidose (échange des ions H+/K+). En outre, du glucose isotonique (5 %) ou hypertonique (10 %), éventuellement associé à de l’insuline, permet de favoriser le passage du potassium intracellulaire.

Les solutés sont perfusés lentement (20 ml/kg/h), sans jamais dépasser 80 ml/kg/h.

Ainsi, l’examen clinique du veau diarrhéique permet d’évaluer assez précisément le degré de déshydratation, mais également les troubles électrolytiques et son statut acido-basique. Grâce à l’ensemble de ces informations, le praticien peut déterminer la thérapeutique la plus adaptée parmi les nombreuses spécialités disponibles sur le marché. Des solutés alcalinisants hypertoniques seront perfusés chez les veaux atteints d’acidose, mais sans déshydratation. Chez ceux qui présentent de l’acidose et de la déshydratation, des solutés alcalinisants isotoniques sont préférables.

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