L’usage des compléments alimentaires doit être raisonné - La Semaine Vétérinaire n° 1340 du 19/12/2008
La Semaine Vétérinaire n° 1340 du 19/12/2008

Alimentation du cheval

Formation continue

ÉQUIDÉS

Auteur(s) : Isabelle Desjardins

L’efficacité et les effets secondaires des différents types de compléments nutritionnels méritent d’être analysés.

L’administration à des poulinières d’oligo-éléments inorganiques seuls ou complétés par des protéinates d’oligo-éléments ne permet pas de modifier la concentration sanguine en minéraux. En revanche, celle des poulains issus des juments complémentées avec les protéinates est plus élevée en zinc et en cuivre. Les concentrations hépatiques en oligo-éléments et la réponse immunitaire à médiation cellulaire sont identiques chez des juments qui reçoivent 50 % de zinc, de cuivre et de manganèse sous forme organique et un groupe auquel ces minéraux sont administrés sous forme inorganique. Une autre expérimentation montre que la digestibilité du cuivre et l’équilibre minéral du cuivre et du zinc sont plus faibles chez des chevaux adultes complémentés à 45 % par une forme organique de cuivre et de zinc par rapport à d’autres qui reçoivent exclusivement la forme inorganique.

Un essai clinique mené chez des yearlings quarter horse révèle, pour sa part, que la biodisponibilité du protéinate de calcium et du carbonate de calcium est similaire.

Plusieurs travaux étudient les conséquences sur la croissance

Chez les ruminants, la levure au sélénium est utilisée pour améliorer la biodisponibilité de ce minéral. Chez le cheval, les premiers résultats indiquent que la digestibilité de ce composé est améliorée quand il est sous forme organique.

Les effets du cuivre, du zinc et du manganèse, sous forme organique et inorganique, sur la croissance, le poids vif et le développement des sabots ont été comparés chez des yearlings. Seules la taille à la hanche et la croissance du sabot sont significativement plus élevées dans le groupe qui reçoit les protéinates de minéraux. Dans une autre étude, la solidité de la corne et la concentration en cuivre de la corne du pied apparaissent moins élevées chez des poulains au sevrage recevant du cuivre, du zinc et du manganèse inorganiques par rapport à ceux auxquels des formes chélatées de ces mêmes minéraux sont administrées.

Ainsi, les résultats des essais qui explorent les effets des formes minérales organiques sont assez variables. Leur utilisation systématique dans les préparations commerciales alimentaires n’est donc pas encore admise.

Les plantes sont souvent ajoutées aux compléments nutritionnels commerciaux

L’herboristerie est devenue assez populaire parmi les propriétaires. Aux Etats-Unis, l’Association of American Feed Control Officials permet l’utilisation de nombreuses plantes dans l’alimentation animale, pour donner du goût (pour parfumer). Si elles peuvent être employées comme additifs alimentaires, les plantes ne peuvent pas servir d’aliments thérapeutiques, car elles ne sont pas considérées comme des médicaments (et ne sont donc pas réglementées par la Food and Drug Administration). Cela signifie que leur qualité, leur efficacité et leur concentration dépendent entièrement du laboratoire producteur. Quoi qu’il en soit, des plantes sont souvent ajoutées dans des compléments nutritionnels commerciaux.

L’efficacité des extraits de plantes demeure anecdotique. En outre, certaines ne doivent pas être employées chez des chevaux qui participent à des compétitions aux Etats-Unis, car elles peuvent entraîner un résultat positif lors de contrôle antidopage. Les temps d’attente n’ont pas été établis.

Les compléments nutritionnels à base de plantes ne doivent pas être administrés aux juments gestantes ou en lactation. En effet, des recherches en médecine humaine montrent que la bardane, le curcuma, l’achillée millefeuille et le romarin stimulent le tissu utérin, que la consoude officinale est tératogène et que la sauge et le fenugrec ont des propriétés abortives.

Les effets des plantes médicinales sur la croissance n’ont pas été évalués.

Des interactions avec des molécules médicamenteuses sont rapportées. Par exemple, des plantes diurétiques (genévrier, pissenlit, busserole) peuvent accroître la toxicité des anti-inflammatoires non stéroïdiens (AINS).

L’état de santé du cheval conditionne le choix des compléments

Les compléments sont classés en trois catégories : minéraux et vitaminiques, non phytothérapiques visant à améliorer un fonctionnement organique, produits phytothérapiques qui ciblent et traitent un organe précis.

L’état de santé du cheval conditionne le choix. Les plantes médicinales sont à éviter chez les individus sujets aux coliques et aux dysfonctionnements hépatiques, en l’absence de données précises sur leur innocuité. De même, mieux vaut ne pas utiliser les compléments nutritionnels à base de plantes chez les jeunes poulains ou les juments gestantes ou en lactation, dans la mesure où les effets secondaires éventuels des produits phytothérapiques n’ont pas été étudiés, même chez l’homme. En cas de compétition, le propriétaire doit être averti de la possibilité d’une réaction positive au contrôle antidopage avec certains compléments.

Le choix du complément nutritionnel dépend aussi de la ration consommée. Avec une alimentation exclusivement composée d’herbe ou de fourrage, une complémentation minérale et vitaminique est souvent nécessaire. En revanche, elle est moins souvent obligatoire chez les chevaux qui mangent à la fois du fourrage et des granulés commerciaux. Une surconsommation de vitamines hydrosolubles et d’oligo-éléments peut se révéler néfaste. Le sélénium, pour sa part, est particulièrement toxique pour le cheval et ne doit pas excéder 2 mg/kg de matière sèche. En l’absence de données scientifiques qui permettent au vétérinaire de s’assurer de l’innocuité et de l’efficacité d’un complément alimentaire, une période d’essai de trois mois au maximum peut être entreprise. Faute de réponse efficace, ou si des effets secondaires sont suspectés, la complémentation doit être suspendue.

  • Source : M. Stratton-Phelps : « Equine diet supplements : rational use in clinical practice », proceedings du forum Acvim, du 4 au 8/6/2008 (San Antonio, Texas).

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