Les chauves-souris sont victimes des parcs éoliens - La Semaine Vétérinaire n° 1339 du 12/12/2008
La Semaine Vétérinaire n° 1339 du 12/12/2008

Environnement

Formation continue

FAUNE SAUVAGE ET NAC

Auteur(s) : Marie Sigaud

Elles subissent des barotraumatismes, provoqués par la baisse de pression de l'air au voisinage des pales.

La 12e édition de « la nuit européenne de la chauve-souris », organisée par la Société française pour l'étude et la protection des mammifères (SFEPM), s'est déroulée en août dernier sur de nombreux sites en France métropolitaine, mais également dans les départements et territoires d'outre-mer. Animée par des centaines de bénévoles autour de conférences et de sorties nocturnes, elle a permis de faire découvrir à un large public ces intrigants mammifères, protégés par la loi française(1).

Toutes les espèces de chauves-souris présentes en Europe sont insectivores. En une seule nuit, un individu peut consommer l'équivalent de la moitié de son poids en insectes. Les plus grandes espèces présentes en France atteignent 40 cm d'envergure, alors que sur d'autres continents, certaines chauves-souris frugivores de grande taille peuvent dépasser 1 m d'envergure. L'hiver, ces animaux s'adaptent aux contraintes liées à la baisse de leurs ressources alimentaires et entrent en léthargie. Cette hibernation explique leur mode de reproduction différé. En effet, les accouplements ont lieu en automne, mais la fécondation ne se produit qu'à la fin de l'hiver, car les ovules et les spermatozoïdes restent séparés jusqu'à ce moment. Les femelles n'ont qu'un seul petit par an.

Les réveils intempestifs durant l'hiver, la disparition de leurs gîtes, l'utilisation intensive de pesticides, les transformations paysagères qui s'accompagnent d'une raréfaction de leurs proies, associés à un faible taux de renouvellement des populations, en font des espèces particulièrement fragiles et en déclin depuis plusieurs années.

Les éoliennes provoqueraient des hémorragies internes chez les chiroptères

Un autre type de menace pèse sur ces espèces : les éoliennes. Le changement climatique, largement imputé à l'augmentation de dioxyde de carbone dans l'atmosphère, liée à l'utilisation d'énergies fossiles, a fait comprendre la valeur de l'énergie et les conséquences de son utilisation non raisonnée. Cela se traduit aujourd'hui par l'essor des énergies dites renouvelables. C'est le cas des éoliennes.

De nombreuses études montrent les impacts négatifs de ce type d'installations sur les espèces d'oiseaux, mais également de chauves-souris. Ces effets sont de trois types : mortalité directe (collision avec les pales des aérogénérateurs), dérangement (un parc éolien est susceptible de perturber le fonctionnement d'un milieu et d'en diminuer l'attrait pour certaines espèces) et perte d'habitat (un dérangement répété et intense peut conduire à une perte durable d'habitat). Ils varient selon les espèces, les saisons, les milieux et la taille des parcs éoliens.

Une étude récente, parue dans la revue Current Biology(2), s'est intéressée à un parc éolien au Canada. Elle propose une explication supplémentaire aux mortalités de chauves-souris observées aux alentours des éoliennes. En effet, la plupart de ces animaux s'orientent en émettant des ultrasons qui, par écholocation, leur permettent de détecter les obstacles, même en mouvement. Or, dans cette étude, près de la moitié des cadavres de chauves-souris ne présentaient aucune blessure externe. Mais l'autopsie réalisée sur soixante-quinze carcasses a révélé, dans plus de 90 % des cas, une hémorragie interne.

Les auteurs en concluent que la cause de la mort n'est pas la collision directe avec les pales, mais un barotraumatisme, dû au choc provoqué par la baisse brutale de pression de l'air au voisinage des pales, dont la vitesse dépasse 200 km/h à leurs extrémités. Les oiseaux seraient moins vulnérables à ce barotraumatisme grâce à la plus grande rigidité de leurs parois et vaisseaux pulmonaires.

La Ligue de protection des oiseaux (LPO) prône une planification raisonnée et concertée des projets éoliens, de manière à évaluer les risques vis-à-vis de l'avifaune et des chiroptères, pour adapter ces projets dans une optique de développement durable. Elle recommande notamment d'éviter l'implantation de ce type de structures dans des zones de migration.

  • (1) Loi du 17/4/1981. Le dernier arrêté ministériel qui renforce leur protection et celle d'autres mammifères terrestres date du 23/4/2007.

  • (2) E.F. Baerwald, G.H. d'Amours, B.J. Klug, R. Barclay : « Barotrauma is a significant cause of bat fatalities at wind turbines », Current Biology, 2008, vol. 18, pp. 695-696.

POUR EN SAVOIR PLUS

• www.sfepm.org, site de la Société française pour l'étude et la protection des mammifères.

• www.lpo.fr, site de la Ligue de protection des oiseaux.

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