Le potentiel de croissance des veaux de race bouchère suscite différentes hypothèses

Les veaux des races à viande grandissent plus vite et utilisent mieux les nutriments que ceux des races laitières, avec des dépenses d’entretien moins élevées. Les raisons de ces disparités ne sont pas complètement élucidées. Les particularités du tractus digestif rencontrées dans chaque type sont mal connues. Une différence dans le processus de digestion ne peut être exclue. Des variations de structure des tissus du rumen ou de l’intestin sont également possibles, affectant l’afflux de nutriments absorbés vers les organes intermédiaires (tractus gastro-intestinal, pancréas, rate et tissus adipeux associés) drainés par le système porte. L’activité métabolique de ces organes est considérable. Leur poids varie de 3 à 6 % de la masse corporelle, mais leur besoin en énergie et leur taux de renouvellement des protéines représente 20 à 35 % par rapport à l’ensemble du corps.

Les processus de digestion ne sont pas plus efficaces chez les charolais

Des chercheurs⁽¹⁾ ont donc émis l’hypothèse que la morphologie de la muqueuse du tractus gastro-intestinal reflète la différence d’utilisation des nutriments chez les veaux en croissance de races de type différents. Leur objectif est d’étudier les fermentations ruminales et la digestibilité des nutriments selon la morphologie de la muqueuse du tractus gastro-intestinal.

Six taurillons de race german holstein et six de race charolaise sont élevés et engraissés individuellement dans des conditions identiques, avec une ration à haute énergie distribuée semi-ad libitum, à partir de leur sevrage, à quatre mois, jusqu’à leur abattage, à dix-huit mois. Une première phase expérimentale, à neuf mois, permet d’étudier l’efficacité de la digestion. Les veaux sont maintenus dans des cases métaboliques individuelles avec un accès libre à l’eau. Le niveau nutritif de la ration, dont la composition est contrôlée, représente environ 1,2 fois les besoins d’entretien. Les selles sont collectées, leur composition est déterminée et mise en relation avec celle de la ration et des échantillons d’urine prélevés. La seconde phase consiste à étudier les échantillons de tissus digestifs après l’abattage des animaux.

Les résultats montrent que le potentiel de croissance plus élevé et la meilleure efficacité de l’utilisation de la ration des charolais par rapport aux holstein ne sont pas liés à des processus de digestion différents ou plus efficaces. La concentration et le type des acides gras à courte chaîne observés, la digestibilité apparente des matières organiques, de la cellulose brute et des extraits non azotés ne présentent pas de différence significative entre les deux races. Les divergences existent au niveau des traits morphométriques de la muqueuse du duodénum et du jéjunum proximal. Chez les taurillons charolais, les villosités sont plus élevées et les cryptes plus profondes. L’utilisation des protéines brutes est corrélée positivement avec la longueur des villosités du duodénum (p = 0,001) et du jéjunum proximal (p = 0,003) et la profondeur des cryptes (p 0,001), et négativement avec le poids de l’intestin grêle (p = 0,004).

L’adaptation à la demande croissante en nutriments chez les charolais semble donc se traduire par une augmentation de la surface de digestion.

• (1) R. Zitnan, J. Voigt, S. Kuhla, J. Wegner, A. Chudy, U. Schoenhusen, M. Brna, M. Zupcanova et H. Hagemeister : « Morphology of small intestinal mucosa and intestinal weight change with metabolic type of cattle », Veterinarni Medicina, 2008, vol. 53, n° 10, pp. 525-532.