Un pôle scientifique sur les maladies émergentes et leurs vecteurs est créé à Montpellier - La Semaine Vétérinaire n° 1336 du 21/11/2008
La Semaine Vétérinaire n° 1336 du 21/11/2008

Recherche. Nouvelles affections

Actualité

Auteur(s) : Myriem Lahidely

En 2010, un pôle scientifique, dont les recherches seront consacrées aux vecteurs et aux maladies émergentes, verra le jour à Montpellier (Hérault). Il regroupera le Cirad(1), spécialiste des maladies animales tropicales ; l’IRD(1), pour les vecteurs de maladies humaines tropicales telles que le chikungunya, le paludisme, etc. ; l’université Montpellier 2 ; l’Inra(1), pour un travail sur les entomopathogènes (virus et bactéries qui s’attaquent aux vecteurs), et l’EID(1) Méditerranée.

Les chercheurs se préparent à repérer et surveiller des maladies jusque-là inconnues

« Le projet, en gestation depuis déjà deux ans, est destiné à fédérer et à rendre plus lisibles les différents organismes de recherche qui s’activent sur les vecteurs de maladies. Nous avons besoin de ce travail en commun et nous possédons des outils et une méthodologie que nous pouvons partager », explique Emmanuel Camus, directeur régional du Cirad. La concertation est d’autant plus indispensable que des maladies jusque-là considérées comme tropicales sont désormais retrouvées dans les régions tempérées (West Nile, grippe aviaire, blue tongue, etc.). « Il y a une confusion des territoires due au réchauffement climatique, aux changements de paysages provoqués par l’agriculture ou le déboisement avec des conséquences sur les insectes. Il devient donc capital de travailler sur les vecteurs », résume Emmanuel Camus. Le dernier exemple en date est celui de la fièvre catarrhale ovine, détectée sur le territoire européen pour la première fois en 2000 (en Corse). A l’origine de la maladie, le moucheron piqueur Culicoides imicola, en provenance d’Afrique et d’Asie, vecteur privilégié des sérotypes 1 et 8, a vu son aire de répartition s’étendre dans tout le bassin méditerranéen. En 2006, de multiples foyers étaient identifiés en Europe du Nord, pour finalement rejoindre, en deux ans, de nombreux pays d’Europe de l’Ouest, dont la France. Au-delà de la fièvre catarrhale ovine, qui fait appel à une surveillance pluridisciplinaire, dont celle des laboratoires vétérinaires départementaux et des organismes professionnels, les chercheurs se préparent à repérer, surveiller et contrôler d’autres affections jusque-là inconnues sur le territoire français.

Ce nouvel ensemble sera le premier pôle européen de recherche scientifique

« Pour lutter contre ces maladies, nous devons cibler les espèces vectrices, identifier les gîtes larvaires, comprendre leur écologie et faire en sorte que tous les acteurs concernés se concertent », explique Dominique Martinez, chercheur au Cirad. Cet organisme scientifique est, avec l’Agence française de sécurité sanitaire des aliments, le laboratoire national de référence pour le diagnostic de maladies animales comme la fièvre catarrhale ovine. Il est aussi, en raison de son expérience tropicale, un acteur majeur dans le domaine des maladies émergentes : il travaille depuis vingt ans sur la cowdriose, par exemple, une maladie essentiellement africaine qui touche les ruminants, mais aussi sur les babésioses et toutes les affections transmises par les glossines (trypanosomiases ou maladies du sommeil).

Montpellier possède ainsi une concentration particulièrement importante de chercheurs puisqu’une centaine d’entre eux travaillent sur différents vecteurs de maladies. Une unité mixte de recherche Cirad-Inra, baptisée “contrôle des maladies exotiques et émergentes”, existe depuis de nombreuses années. Concernant le pôle en gestation, une vingtaine de vétérinaires y travailleront avec des médecins biologistes, des entomologistes et des spécialistes de la modélisation. La fédération des différents organismes, en cours, donnera alors naissance au premier pôle européen de recherche scientifique dans le domaine des maladies émergentes. Sa création entre dans le contrat de projets Etat-région 2007-2013. Les travaux devraient commencer au début de l’an prochain.

  • (1) Cirad : Centre de coopération internationale en recherche agronomique pour le développement ; IRD : Institut de recherche pour le développement ; Inra : Institut national de la recherche agronomique ; EID : Entente interdépartementale pour la démoustication.

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