La lutte contre les maladies vectorielles est ciblée sur les arthropodes vecteurs - La Semaine Vétérinaire n° 1336 du 21/11/2008
La Semaine Vétérinaire n° 1336 du 21/11/2008

Maladies animales

Formation continue

RURALE

Auteur(s) : Lorenza Richard

La méthode de lutte chimique, par les insecticides, n’est pas la seule à pouvoir être utilisée.

Les maladies vectorielles, transmises d’un vertébré à l’autre par le biais d’un arthropode hématophage (insecte ou acarien), sont en recrudescence aujourd’hui. L’émergence du sérotype 8 de la fièvre catarrhale ovine dans le Benelux en est un exemple. Culicoides imicola, vecteur de la peste équine, est présent dans le bassin méditerranéen (Corse et Var pour la France), ce qui représente un risque d’apparition de la maladie en Europe. La fièvre hémorragique du daim, qui touche les ruminants, est aussi transmise par les Culicoides. La besnoitiose (en France) et la fièvre de la vallée du Rift (dans l’océan Indien) sont également en progression.

Une transmission qui emprunte plusieurs voies

Les arthropodes, vecteurs des agents pathogènes, les transmettent selon deux modalités.

La transmission peut être mécanique, quand un insecte, interrompu dans son repas sur un animal, va se nourrir sur un autre hôte avec des pièces buccales souillées. Ce cas nécessite une forte densité d’hôtes et de vecteurs. Les vecteurs doivent faire mal pour être chassés par l’hôte, et le harceler pour transmettre la maladie rapidement. C’est le cas des tabanidés et des stomoxes (trypanosomose).

La transmission peut aussi être biologique : c’est le cas pour la fièvre catarrhale ovine. Si un Culicoide qui vient de se gorger de sang contaminé est compétent, c’est-à-dire s’il est capable de s’infecter, de se multiplier et de transmettre le virus (quelques femelles), ce dernier passe la barrière intestinale de l’insecte et se multiplie dans ses glandes salivaires. Le Culicoide devient alors infestant et transmet le virus en piquant un autre animal. Le délai qui sépare le repas infestant de la présence du virus dans les glandes salivaires (période d’incubation extrinsèque) dépend de la température (environ une semaine à 25 °C). Une trentaine d’espèces de Culicoides (sur les mille quatre cents recensées) sont impliquées dans la transmission de la blue tongue dans le monde. « L’émergence de la maladie en Europe nous rappelle durement la nécessité de l’observation du vivant », estime Thomas Balenghien.

Plusieurs méthodes de lutte ciblent le vecteur

Une maladie vectorielle ne peut donc être transmise que si des populations d’agents pathogènes, de vecteurs et d’hôtes interagissent et évoluent ensemble, le tout étant conditionné par l’environnement. Modifier l’un de ces facteurs diminuera donc la probabilité de transmission, notamment la lutte contre le vecteur. Il existe différentes méthodes de lutte antivectorielle qui ciblent l’arthropode en cause, mais qui impliquent la connaissance de son cycle biologique. La lutte environnementale consiste à modifier l’environnement, auquel sont sensibles les vecteurs, pour le rendre hostile à leur présence. Le plus efficace est de détruire les gîtes de ponte (importance de la gestion du fumier, par exemple, où vivent les larves de stomoxes).

La lutte écologique utilise un prédateur ou un agent pathogène spécifique du vecteur (introduction de poissons qui mangent les larves de moustiques dans les zones rizicoles, de guêpes qui pondent dans les pupes de stomoxes à La Réunion, etc.).

La lutte génétique « réduit le potentiel reproductif » des vecteurs (lâchers de mâles stériles, qui ont permis l’éradication de Glossina austeni de l’île Unguja, Zanzibar).

La lutte mécanique consiste en la capture des vecteurs (pièges spécifiques) et en l’évitement du contact entre l’hôte et son vecteur. Culicoides imicola, responsable de la transmission de la peste équine, est exophage (il n’entre pas dans les bâtiments) et nocturne : enfermer les chevaux dans les écuries un peu avant la nuit est donc un bon moyen de prévenir l’apparition de la maladie. D’après une étude anglaise, les Culicoides du groupe Obsoletus, vecteurs suspectés de la transmission de la fièvre catarrhale ovine en Europe tempérée, semblent être six fois plus nombreux à l’extérieur des étables qu’à l’intérieur et ils sont capables de piquer le jour. Rentrer les animaux toute la journée ne permet pas d’éviter totalement le contact et il est ignoré dans quelle mesure cela réduit la transmission. Les formes de résistance étant les larves, des études seraient nécessaires pour déterminer si la recrudescence de la fièvre catarrhale ovine cette année est due à la survie des adultes durant un hiver doux ou à un passage transplacentaire chez l’hôte.

Tous ces moyens de lutte sont importants. Pourtant, les vétérinaires s’en servent peu dans leur pratique quotidienne. La voie chimique, via les insecticides, reste de loin la méthode de lutte antivectorielle la plus utilisée, par manque de connaissances des vecteurs, notamment en raison de la pénurie d’entomologistes. « Lutter contre un arthropode vecteur n’est possible qu’avec la connaissance de son comportement et de ses cycles de développement, souligne Thomas Balenghien. Or, souvent, la biologie des arthropodes vecteurs de maladies d’importance vétérinaire est mal connue. » L’épandage d’insecticides étant de plus en plus réglementé, le mieux serait de multiplier les méthodes.

CONFÉRENCIER

Thomas Balenghien, chercheur au Cirad, titulaire du CEAV de pathologie animale en régions chaudes et du DEA modèles et instruments en médecine et biologie.

Article rédigé d’après la conférence « Lutte contre les arthropodes vecteurs », présentée lors des 18e rencontres GTV Rhône-Alpes/ENVL à Marcy l’Etoile le 9 octobre 2008.

Formations e-Learning

Nouveau : Découvrez le premier module
e-Learning du PointVétérinaire.fr sur le thème « L’Épanchement thoracique dans tous ses états »

En savoir plus

Boutique

L’ouvrage ECG du chien et du chat - Diagnostic des arythmies s’engage à fournir à l’étudiant débutant ou au spécialiste en cardiologie une approche pratique du diagnostic électrocardiographique, ainsi que des connaissances approfondies, afin de leur permettre un réel apprentissage dans ce domaine qui a intrigué les praticiens pendant plus d’un siècle. L’association des différentes expériences des auteurs donne de la consistance à l’abord de l’interprétation des tracés ECG effectués chez le chien et le chat.

En savoir plus sur cette nouveauté
Découvrir la boutique du Point Vétérinaire

Agenda des formations

Calendrier des formations pour les vétérinaires et auxiliaires vétérinaires

Retrouvez les différentes formations, évènements, congrès qui seront organisés dans les mois à venir. Vous pouvez cibler votre recherche par date, domaine d'activité, ou situation géographique.

En savoir plus


Inscrivez-vous gratuitement à nos Newsletters

Recevez tous les jours nos actualités, comme plus de 170 000 acteurs du monde vétérinaire.

Vidéo : Comment s'inscrire aux lettres d'informations du Point Vétérinaire

Retrouvez-nous sur
Abonné à La Semaine Vétérinaire, retrouvez
votre revue dans l'application Le Point Vétérinaire.fr