Le patron de Fort Dodge en Europe veut redonner « confiance en sa compagnie »

Ugo Cosentino, le directeur de Fort Dodge pour l’Europe, se définit lui-même comme un « manager atypique ». Quelques mois après le départ du directeur de la filiale française, Jean-Marc Zeil, il vient à la rencontre de la presse vétérinaire pour s’expliquer « en toute transparence » et, il est vrai, sans langue de bois, sur la stratégie européenne de « sa compagnie ».

Fort Dodge, filiale vétérinaire du groupe de pharmacie Wyeth, est un vieux laboratoire puisqu’il est né il y a presque un siècle aux Etats-Unis, en 1912. Mais sa création en France et en Europe date seulement d’un peu plus de dix ans, avec le rachat de l’activité santé animale de Solvay en 1997, après celui d’American Cyanamid en 1994.

Ugo Cosentino reconnaît que, dans certains pays, dont la France, la naissance de Fort Dodge a pu tourner au « désastre », voire à la « débâcle ». Les « hémorragies » des cadres et du personnel traduisaient un « manque de confiance ». Après avoir réussi à restructurer la filiale italienne « sans aucune démission », il développe sa vision stratégique pour redonner confiance et poursuivre le développement des filiales européennes, « en priorité en France et en Allemagne ». Les investissements humains dans ces filiales sont considérables, avec un effectif augmenté de plus de moitié en deux ans et la création de trois unités : animaux de compagnie (vingt-deux personnes), ruminants et équidés (quinze personnes), porcs et volailles (huit personnes).

En tête des fabricants de vaccins vétérinaires au niveau mondial

Fort Dodge bénéficie aussi de quelques points forts dans sa gamme. Au cinquième rang mondial avec un peu plus d’un milliard de dollars de ventes l’an dernier (^{voir graphique}), le laboratoire commercialise des produits de qualité reconnue comme la moxidectine (Cydectine®, Equest®, etc.). Moins connu en France, il est aussi le « premier fabricant de vaccins vétérinaires dans le monde », toutes espèces confondues. En Europe, Fort Dodge s’est mobilisé « jour et nuit », ces derniers mois, pour apporter au marché européen les vaccins Zulvac® contre la fièvre catarrhale ovine. Il a ainsi toujours pu répondre favorablement aux demandes de vaccins de l’administration française, d’abord contre le sérotype 1 dès le mois de mars dernier, puis contre le sérotype 8 avec plus d’un million de doses, pour pallier le problème de fabrication d’Intervet durant l’été.

Le premier vaccin West Nile approuvé en Europe

L’Agence européenne du médicament vient également d’approuver le premier vaccin équin contre la maladie de West-Nile : Duvaxyn® WNV. L’intérêt est d’autant plus grand pour un tel vaccin que cette zoonose commence à sévir de manière plus inquiétante en Italie. Fort Dodge répond aussi aux besoins urgents de vaccins contre l’influenza aviaire depuis 2006.

Hors des maladies réglementées, le laboratoire a lancé cette année une gamme de vaccins canins innovants (Duramune®), l’an dernier un nouveau vaccin contre la pasteurellose aviaire (Poulvac® Pabac IV) et il s’apprête à commercialiser un nouveau vaccin porcin (Suvaxyn® M. Hyo Parasuis) qui combine les valences M. hyopneumoniae et H. parasuis.

En outre, depuis l’an passé, la gamme Promeris® s’attaque à l’important marché des antiparasitaires externes pour chiens et chats, « avec succès », selon le directeur de l’unité “animaux de compagnie”, Christophe Rigaud. Fort Dodge est en effet présent sur la totalité des grandes classes thérapeutiques pour toutes les espèces. Pour compléter son portefeuille, il n’hésite pas à rechercher des accords de distribution, comme pour les deux derniers-nés de sa gamme analgésique : Detogesic®, un générique de Domosedan® (détomidine), et Dorbene-Vet®, un générique de Domitor® (médétomidine). Cette stratégie de croissance à la fois interne et externe permet au laboratoire de renouer avec une forte hausse de son chiffre d’affaires depuis deux ans.

« Je veux être un manager de succès. Je sais qu’il est beaucoup plus long et difficile de construire que de détruire. Nous sommes entrés dans un cercle vertueux. Si les personnes s’y sentent bien, elles y viendront », conclut Ugo Cosentino, avant de nous donner rendez-vous dans un an pour vérifier que les paroles sont tenues, que la confiance revient.