Biodiversité et maladies infectieuses
Formation continue
FAUNE SAUVAGE ET NAC
Auteur(s) : Stéphanie Bourgeois
Des virus et des bactéries, possédant une faible spécificité d’hôte et transmis par contact, sont incriminés.
Selon l’Union internationale pour la conservation de la nature (UICN), 25 %descinqmilleespècesde mammifères connues sont menacées d’extinction(1). La perte d’habitat, la chasse et les espèces invasives sont les grandes causes de déclin invoquées. Les agents pathogènes sont rarement incriminés dans les extinctions contemporaines. La liste rouge de l’UICN en identifie un comme cause de la diminution de population ou de la baisse de fitness de l’hôte (valeur qui indique sa capacité à supporter la sélection naturelle) pour cinquante-quatre espèces de mammifères seulement. Cependant, force est de constater que les exemples de déclins associés à l’émergence d’un agent pathogène se multiplient à l’échelle des populations. Il s’agit, par exemple, des morbillivirus de la maladie de Carré chez le lion et de la peste bovine chez les ruminants sauvages d’Afrique de l’Est, du virus Ebola chez les gorilles, ou encore des mycobactéries de la tuberculose bovine chez les ongulés sauvages. Il est urgent de comprendre le rôle joué par les maladies infectieuses dans le déclin des espèces menacées.
L’analyse comparative des données de la littérature scientifique et de la liste rouge de l’UICN a permis d’identifier les facteurs associés aux déclins ou aux extinctions occasionnés par un agent pathogène(2). Plusieurs études soulignent les caractéristiques des agents pathogènes qui présentent un danger significatif pour la santé humaine ou animale, mais aucune n’avait encore évalué ces facteurs du point de vue du risque d’extinction. Les caractéristiques de l’hôte ou de l’agent pathogène sont importantes pour prédire le risque de maladies infectieuses chez les espèces menacées et définir des mesures de protection adaptées.
La plupart (88 %) des espèces de mammifères identifiées comme menacées par une maladie infectieuse appartiennent à deux ordres seulement : artiodactyles (notamment les familles Bovidae et Suidae) et carnivores (notamment les familles Felidae et Canidae). Ces quatre familles englobent la quasi-totalité des espèces d’animaux domestiques, bétails comme animaux de compagnie. Or plus de 80 % des parasites identifiés chez les espèces domestiques sont transmissibles aux espèces sauvages(3). Ces résultats suggèrent que le plus grand risque d’apparition d’un agent pathogène menaçant la survie d’une espèce sauvage est la transmission par les espèces domestiques phylogénétiquement proches. La forte densité et la large répartition des animaux domestiques intensifient le risque de transmissions interspécifiques.
Les agents pathogènes considérés comme une menace pour les mammifères sauvages sont des virus (41 %) et des bactéries (28 %) qui possèdent une faible spécificité d’hôte et sont transmis par contact. Alors qu’ils présentent une grande diversité chez les mammifères sauvages, les helminthes sont peu cités (16 %) comme cause de déclin. Leur impact serait en fait plus difficile à quantifier, car ils représentent surtout une menace significative pour la conservation lorsqu’ils sont associés à d’autres parasites ou facteurs environnementaux.
Deux stratégies de protection des populations sauvages peuvent être déduites de ces résultats. Ainsi, la vaccination des mammifères domestiques et leur isolement, pour diminuer les contacts avec les mammifères sauvages, pourraient prévenir efficacement ces derniers contre le risque d’émergence d’une maladie infectieuse susceptible de les conduire à l’extinction. Le manque de données concernant les maladies infectieuses dans les populations de mammifères sauvages menacés mérite néanmoins d’être souligné. Il existe des publications pour seulement 12 % des espèces d’artiodactyles, 54 % des espèces de carnivores et 67 % des espèces de primates menacées. Ces chiffres suggèrent que le risque d’extinction lié aux maladies infectieuses est sous-estimé. En raison de la difficulté à freiner la propagation d’une maladie infectieuse dans une population sauvage, il est crucial d’évaluer précocement la présence et l’impact des agents pathogènes dans les populations de mammifères sauvages menacés d’extinction.
(1) Liste rouge 2008 des espèces menacées de l’UICN (www.iucnredlist.org).
(2) A. Pedersen, K. Jones, C. Nunn et S. Altizer : « Infectious diseases and extinction risk in wild mammals », Conservation Biology, 2007, vol. 21, n° 5, pp. 1269-79.
(3) S. Cleaveland, M.L. Laurenson, L.H. Taylor : « Disease of humans and their domestic mammals : pathogen characteristics, host range and the risk of emergence », Philosophical Transactions of the Royal Society, Biological Sciences, 2001, n° 356, pp. 991-999.
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