Lors d’un choc porté à la tête du cheval, une lésion cérébrale est toujours à suspecter - La Semaine Vétérinaire n° 1332 du 24/10/2008
La Semaine Vétérinaire n° 1332 du 24/10/2008

Traumatisme crânien

Formation continue

ÉQUIDÉS

Auteur(s) : Gwenola Touzot-Jourde

Deux types de traumatismes sont distingués, selon la région anatomique touchée : le front ou la nuque.

La localisation et la sévérité de la lésion cérébrale peuvent être identifiées chez la plupart des chevaux traumatisés à partir d’un examen physique complet, incluant un examen neurologique, et à l’aide d’outils diagnostiques complémentaires tels que la radiographie, l’endoscopie, le scanner CT et l’imagerie par résonance magnétique (IRM). Les particularités de la gestion du cérébrolésé dans l’espèce équine sont liées à la taille de l’animal, qui représente un inconvénient majeur pour la réalisation d’un scanner ou d’une IRM et complique sérieusement l’approche thérapeutique (convulsions, décubitus).

Une équipe(1) de l’université américaine de Californie à Davis a compilé sur dix ans (1994 à 2004) et analysé les dossiers de trente-quatre cas de traumatisme crânien chez le cheval avec lésion cérébrale aiguë.

Le cabrer avec chute en arrière sur la nuque représente 44 % des cas analysés

Le traumatisme crânien avec lésion cérébrale aiguë est rencontré chez des chevaux de trois semaines à vingt et un ans, avec un âge médian de douze mois, aussi bien chez les femelles (47 %) que chez les mâles (entiers et hongres). La plupart des chevaux sont présentés environ douze heures après la survenue du choc. Les causes des traumatismes crâniens sont identifiées dans 65 % des cas : cheval qui se cabre et retombe en arrière sur la nuque pendant le débourrage ou lors d’une tenue en main trop ferme, cheval coincé dans son box ou dans une clôture et qui s’est débattu, réveil de l’anesthésie, collision avec un arbre, coup de pied.

Le traumatime nucal consécutif au cabrer est noté dans 44 % des cas de traumatisme crânien, principalement chez les poulains âgés de moins d’un an (60 % des cas de traumatisme nucal). Cette propension du jeune cheval au traumatisme nucal s’explique par sa réponse brutale à la manipulation et à la contention de la tête durant le débourrage, mais sans doute également par une fragilité des os basilaires, les os basisphénoïde et basioccipital n’étant pas complètement ossifiés jusqu’à l’âge de deux à cinq ans. En outre, lors de l’impact, les muscles flexeurs de l’encolure, attachés à la base du crâne, exercent une traction considérable lors de l’hyperextension entre l’encolure et la tête au moment de toucher le sol : ils pourraient contribuer au traumatisme.

En dehors du traumatisme crânien, les déficits proprioceptifs chez le cheval sont le plus souvent dus à une lésion de la moelle épinière. Certains cas présentent une lésion de la moelle concomitante au traumatisme crânien (moins de 1 %).

Le signe neurologique le plus couramment rencontré est l’ataxie (65 % des cas)

Sans traumatisme de la moelle épinière, une atteinte du tronc cérébral s’accompagne d’ataxie et de faiblesse des membres. D’autres signes, rencontrés dans plus de la moitié des cas, sont un état de conscience altérée (hyperexcitabilité, léthargie, dépression) et un nystagmus. Un peu moins d’un cheval sur trois présente les trois signes associés. Des symptômes vestibulaires sont fréquents chez les chevaux victimes d’un traumatisme nucal. Les autres signes rapportés sont des variations de la taille, de la symétrie et des réflexes pupillaires (47 %), un port de tête penché (44 %), une épistaxis (32 %), la paralysie du nerf facial (29 %), un strabisme (24 %), des convulsions (21 %), une otorrhée (sang, liquide céphalo-rachidien), de la dysphagie, une cécité. Les auteurs émettent une réserve sur l’état de conscience, qui a pu être modifié par l’administration d’un sédatif pour le voyage jusqu’à l’hôpital. En ce qui concerne les convulsions, la plupart sont rapportées dans l’anamnèse et il est possible qu’elles aient été confondues avec une période d’agitation, quand les chevaux se débattaient. Seuls deux cas (6 %) sombrent dans un état comateux en mydriase, sans réponse pupillaire à la lumière, et présentent une paralysie flaccide et un rythme respiratoire irrégulier. Ce tableau clinique est compatible avec une hernie tentorielle.

Un décubitus continu de plus de 4 h après l’admission est associé à un pronostic mortel

Le décubitus prolongé est considéré comme un indicateur pronostique sombre, car de nombreuses complications naissent de la persistance anormale de cette position : blessures auto-infligées quand le cheval se débat et essaie de se relever, ulcères de décubitus, incapacité à boire, manger, uriner, crotter normalement, pneumonie, cystite, transit digestif altéré, myopathie ischémique ou compartimentale, neuropathies. A cela s’ajoute la lourdeur des soins, aussi bien pour l’animal que financièrement. Il faut espérer que le développement des méthodes de treuillage et la disponibilité grandissante des harnais de suspension contribueront à améliorer le pronostic dans les années à venir.

Les chevaux cérébrolésés ont survécu dans 62 % des cas après neuf jours d’hôpital

Une fracture de la voûte crânienne, incluant celle de l’os basilaire, est identifiée chez 65 % des chevaux. La radiographie permet d’obtenir un diagnostic seulement une fois sur deux. Il est alors établi majoritairement post-mortem, à l’endoscopie ou au scanner. Les fractures basilaires (basisphénoïdale et basioccipitale) et temporales à la suite au traumatisme nucal (chevaux qui se sont retournés) sont fatales pour 60 % des cas. L’identification radiographique a posteriori des fractures de l’os basilaire après le diagnostic post-mortem ou le scanner représente une véritable difficulté et elles ne sont visualisées sur les clichés que dans 60 % des cas. La présence d’une fracture basilaire multiplie le risque de mort par 7,5.

Dans 32 % des cas seulement, aucune fracture ne peut être mise en évidence par aucune des techniques diagnostiques et 90 % de ces cas survivront. La majorité des non-survivants sont des cas euthanasiés.

Parmi les chevaux qui repartent après une hospitalisation de onze ± sept jours, 90 % gardent des déficits neurologiques à leur départ. L’évolution de la guérison ne sera suivie que dans 20 % des cas, dont un pur-sang de course pour lequel les propriétaires rapportent un retour au niveau initial de ses performances.

  • (1) D.J. Feary, K.G. Magdesian, M.A. Aleman, D.M. Rhodes : « Traumatic brain injury in horses : 34 cases (1994-2004) », Javma, 2007, vol. 231, n° 2, pp. 259-266.

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