Fièvre catarrhale ovine. Journée de réflexion sur la maladie
Actualité
Auteur(s) : Stéphanie Padiolleau
Acteurs indispensables, mais peu médiatisés, les laboratoires départementaux sont pourtant impliqués dans la lutte contre la fièvre catarrhale ovine, pour réaliser les diagnostics sérologiques et virologiques et contrôler le statut des broutards avant l’exportation, souvent dans des délais très courts. Une journée de réflexion sur la maladie, organisée le 15 octobre dernier par Laboratoire Service International (LSI) et Merial, a permis aux laboratoires fournisseurs de tests ou de réactifs, aux producteurs de vaccins et aux utilisateurs d’échanger des idées et des informations.
Emmanuel Bréard, ingénieur de recherche au Laboratoire national de référence, a lancé les débats par un rappel de la situation en France, suivi par un exposé de l’évolution de l’épizootie en Europe par Carrie Batten, manager du laboratoire de référence pour la blue tongue de l’Organisation mondiale de la santé animale (OIE) à l’Institut de santé animale (IAH) de Pirbright (Royaume-Uni).
La description des symptômes de la maladie, observés lors d’expérimentations, montre que les chèvres présentent des signes locomoteurs plus marqués et plus fréquents, ainsi que des hémorragies sous-cutanées dans la mamelle non décelées chez les brebis. Avec un retard d’apparition de la virémie d’un à deux jours par rapport aux ovins, lors d’infection expérimentale, une autre particularité caprine est la faible détection d’anticorps après une seule injection de vaccin, ce qui conduit à préférer une primovaccination en deux injections chez cette espèce, a indiqué Claude Hamers (Merial), pour assurer une bonne protection clinique et épidémiologique.
Après la vaccination, des anticorps sont détectés chez 80 à 90 % des animaux, mais la protection n’apparaît pas liée de manière directe à la séroconversion. En effet, les animaux vaccinés sont protégés, même si leur dosage sérologique est négatif. Il ne s’agit pas là d’un déficit de protection immunitaire, mais d’un problème de détection, qui peut être lié au seuil de positivité, mais surtout au manque d’outils adaptés à un type de protection immunitaire indépendant des anticorps. L’effet “rappel” améliore beaucoup la séroconversion.
Un autre problème soulevé est l’existence ou non d’une virémie après la vaccination. « Les génomes des vaccins inactivés ne sont pas détectés par la polymerase chain reaction (PCR), a indiqué Emmanuel Bréard. Ainsi, une virémie détectée après la vaccination signe une infection. » D’autant que le génome viral est détectable longtemps, jusqu’à plus de cent jours chez les bovins. Cependant, lors d’une infection, certains vaccins semblent s’opposer à la virémie et d’autres moins. Des tests d’innocuité, réalisés par Merial, sont en cours, mais aucune baisse de fertilité n’a été enregistrée à la suite de la vaccination des mâles.
En l’absence de différence clinique entre les deux sérotypes, le diagnostic de laboratoire est fondamental et doit être le plus fiable possible. L’avenir devrait voir le développement d’outils permettant de différencier sérologiquement les animaux vaccinés des infectés. Dans cette optique, Flavia Tisserant, responsable du service biotechnologie et innovation de LSI, a présenté les pistes de recherche dans la mise au point de tests destinés à la différenciation des anticorps naturels, liés à une infection par des virus sauvages, des anticorps vaccinaux (differentiating infected from vaccinated animals, Diva).
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