Le praticien canin est placé au cœur du dispositif sanitaire - La Semaine Vétérinaire n° 1332 du 24/10/2008
La Semaine Vétérinaire n° 1332 du 24/10/2008

Animaux de compagnie. Suivi des élevages

Actualité

Auteur(s) : Marine Neveux

La réglementation exige désormais la réalisation d’une visite deux fois par an dans les élevages d’animaux de compagnie.

La visite biannuelle des locaux d’élevage d’animaux de compagnie par un vétérinaire est définitivement actée dans un décret du 28 août dernier(1). Il fait partie d’une série de textes sur cette filière, dont la parution était attendue depuis la loi du 6 janvier 1999. Il stipule que la personne responsable de l’activité fait procéder au moins deux fois par an à une visite de l’établissement par le vétérinaire de son choix. Ce dernier est en outre informé sans délai de toute mortalité anormale ou de toute morbidité répétée chez les animaux. Le cas échéant, le praticien suggère par écrit, à l’occasion de sa venue, la modification du règlement sanitaire. Le compte rendu des visites et les propositions sont portés sur le registre de suivi sanitaire et de santé, qui doit également contenir les informations sur les animaux malades ou blessés.

« Les praticiens sont peu familiarisés avec l’approche de l’élevage des carnivores »

L’instauration de cette visite place le vétérinaire au sein du dispositif sanitaire de l’élevage des animaux de compagnie. « Elle concerne trois mille cinq cents à cinq mille élevages, c’est-à-dire des structures qui réalisent la vente d’au moins deux portées par an. Ce décret émane d’un rapport sur l’élevage canin réalisé en 2000 par Alain Fontbonne, enseignant à l’école d’Alfort, pour le compte du ministère de l’Agriculture », explique Philippe Mimouni, président du Groupe d’étude en reproduction, élevage et sélection des carnivores (Geres) de l’Afvac. Notre confrère exerce au Centre de reproduction des carnivores du Sud-Ouest (Crecs)(2), à L’Isle-Jourdain (Gers), avec Xavier Levy, diplômé de l’European College of Animal Reproduction. Tous deux participent aux formations des vétérinaires réalisées dans le cadre du Geres, ce qui leur permet notamment de porter un regard critique sur cette nouvelle visite sanitaire.

La place du vétérinaire au sein du dispositif sanitaire de l’élevage des animaux de compagnie reste à développer. « Les praticiens sont peu familiarisés avec l’approche de l’élevage des carnivores. La visite d’élevage est en effet rarement effectuée actuellement. Lorsqu’elle l’est, elle est soit proposée par les services vétérinaires à titre préventif (dans le cadre d’une installation), soit sollicitée par l’éleveur lui-même face à une situation “d’urgence” (chute de la production à la suite d’une mortalité néonatale, d’infertilité, de maladies infectieuses, etc.). La visite est alors souvent prise en charge par les industriels du pet food. Cette situation signe un manque de formation des confrères praticiens », témoigne Philippe Mimouni.

Il reconnaît plusieurs avancées dans le nouveau décret, au premier rang desquelles l’établissement par l’éleveur, en collaboration avec un vétérinaire, d’un règlement sanitaire qui régit les conditions d’exercice de l’activité afin de préserver la santé et le bien-être des animaux selon leur espèce, ainsi que la santé et l’hygiène du personnel. Un arrêté du ministre de l’Agriculture précise le contenu de ce règlement et les modalités d’information des personnes chargées de sa mise en œuvre.

Assurer un suivi de l’élevage sur le terrain et sur la durée

Le décret a deux objectifs majeurs. Le premier est d’assurer un suivi de l’élevage sur le terrain et sur la durée. Un point positif souligné par nos deux confrères qui estiment en effet que « le vétérinaire impliqué dans l’élevage des carnivores ne doit pas se limiter à un rôle médical de soins aux chiens ou aux chats malades. Il doit utiliser ses compétences zootechniques et son expertise sanitaire pour aider au mieux les éleveurs, depuis la conception de leur élevage jusqu’à l’optimisation de son fonctionnement et de ses performances ».

L’autre but principal de ce texte est d’affirmer le contrôle des Directions des services vétérinaires (DSV), tout en améliorant la technicité des éleveurs. « La visite obligatoire renforce le rôle sanitaire du praticien au sein de l’élevage national (mandat sanitaire). L’éleveur fait intervenir le vétérinaire sanitaire de son choix ; le praticien peut alors jouer son rôle d’expert et de conseil, via des propositions d’amélioration », souligne Xavier Levy.

Du côté des éleveurs, l’intérêt de cette nouvelle réglementation est également multiple. « Elle leur permet de mettre en place une prophylaxie efficace, d’améliorer la gestion de l’élevage, et joue un rôle essentiel dans la formation continue », estime Xavier Levy. Selon lui, les visites ne doivent donc pas être perçues comme une contrainte, mais comme une opportunité, pour chacun des intervenants. « Cependant, seul un vétérinaire qui connaît les points forts et les faiblesses de la conception et du fonctionnement d’une structure d’élevage peut valablement intervenir face à un risque sanitaire et améliorer les performances de l’élevage, ainsi que les compétences de l’éleveur. »

Au final, les confrères ont donc toute légitimité à s’engager dans ces visites. Pour cela, ils pourront mettre à profit le programme de formation dédié à l’audit de l’élevage canin et félin, mis en place par le Geres. A partir du premier trimestre 2009, il permettra aux praticiens d’optimiser la réalisation des nouvelles visites d’élevage obligatoires.

Le déroulement de la visite

• Envoi d’un questionnaire à l’éleveur (il peut également être rempli sur place).

• Discussion avec l’éleveur au cours de la visite effectuée dans la structure.

• Analyse des documents d’élevage.

• Entretien sur la gestion de l’alimentation, de la socialisation, de la reproduction et de la prophylaxie.

• Création d’un dossier d’élevage qui reprend les données recueillies.

• Evaluation (uniquement dans le but de faire progresser l’élevage et pas pour porter un jugement de valeur), axes de progrès qui pourront être vérifiés ultérieurement, proposition d’un plan sanitaire d’élevage. Dans le cadre de ce dossier, il faut prendre en compte l’aspect affectif et passionnel de l’élevage canin et se souvenir que la productivité n’est pas le seul objectif des éleveurs.

• La visite suivante est l’occasion d’une nouvelle évaluation pour constater l’amélioration de la situation ou l’absence de résultats.

Philippe Mimouni et Xavier Levy
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