Célia et Guillaume rencontrent des éleveurs de moutons reconvertis dans les cervidés - La Semaine Vétérinaire n° 1332 du 24/10/2008
La Semaine Vétérinaire n° 1332 du 24/10/2008

Carnet de voyage en Nouvelle-Zélande

Éclairage

INTERNATIONAL

Après Bali et ses élevages de bord de plage, le couple parcourt un petit bout d’Australie avant d’arriver au pays des kiwis et des moutons.

Débarquant dans la grisaille à Christchurch, Célia et Guillaume Keravec pensaient trouver facilement des éleveurs de moutons, la Nouvelle-Zélande étant connue pour héberger presque dix fois plus d’ovins que d’habitants (35 millions au lieu de 4). Mais c’est sans l’ombre d’un contact qu’ils partent vers le sud du Canterbury, malgré des dizaines de courriels envoyés. La recherche des éleveurs est souvent la partie la plus ardue de leur projet et ces moments de “flottement” sont assez difficiles pour le moral du couple. Heureusement, une nouvelle fois, leur bonne étoile les remet en selle en les menant chez les Mc Caw, au bord de la rivière Hakataramea. Alors qu’ils expliquent leur aventure au cours d’un trajet en auto-stop, ils ne se doutent pas qu’un journaliste viendra frapper à leur porte le lendemain et qu’outre un article sur les aventures du vétérinaire et de l’agronome, toute la rédaction du Courier de Timaru se démènera pour leur trouver le contact idéal. Grâce à cela, Gavin et Kay Mc Caw les accueillent dans leur ferme de Viewfield. Alors que Célia et Guillaume étaient habitués aux élevages vivriers d’Asie, les 1 000 ha de cette exploitation les transportent dans une autre dimension. Une journée en 4x4 sera nécessaire pour en découvrir toute l’étendue !

La filière ovine connaît une crise et nécessite une diversification

Le couple découvre la relation entre les hommes et les chiens de berger qui œuvrent main dans la patte auprès des mille deux cents moutons. Aboyant ou louvoyant, selon leur spécialité, derrière les suffolks à têtes noires et les highlanders à têtes blanches, les chiens sont impressionnants et font preuve d’un plaisir évident à travailler de concert avec leurs maîtres… même si la fougue des plus jeunes contrecarre parfois leur efficacité, entraînant les vociférations du propriétaire des lieux !

Mais derrière cette image d’Epinal de la Nouvelle-Zélande se cache une réalité bien différente. Malgré une tonte hivernale qui apporte une meilleure qualité de laine et en dépit d’une plus grande résistance des agneaux, le prix de la laine couvre à peine les frais de tonte. Aujourd’hui, la filière est en pleine crise. Pour diversifier leur activité, Gavin et son associé, Bob, se sont tournés vers les cervidés. Cette viande de gibier, particulièrement prisée dans l’est de l’Europe, se vend mieux. Mais la mise en place et l’entretien des enclos représentent un investissement lourd. Alors pour aider un peu, mettant à profit son expérience de vétérinaire, Guillaume assiste Gavin pour baguer et vacciner un tiers des mille huit cents cerfs. Il découvre alors le caractère récalcitrant de ce bétail. L’instinct sauvage des animaux et leur vivacité nécessitent de bonnes protections pour les éleveurs, et les grillages d’une hauteur de plus de 3 m ne suffisent pas toujours à arrêter les sauts.

Des accords commerciaux sont signés avec la Chine

La vie est souvent dure pour les fermiers. Cette année, le manque d’herbe lié à un été sec les a obligés à se séparer d’une partie de leurs bêtes, malgré les bas prix du marché, annonçant des temps difficiles. Ils envisagent même de se tourner vers les cultures fourragères destinées aux vaches laitières, le seul secteur actuellement porteur. Outre l’implantation de barrages dans les zones sèches destinés à favoriser l’irrigation et l’absence de taxe sur cette eau, l’Etat a passé des accords commerciaux avec la Chine pour abreuver cet énorme marché laitier en éveil.

Le soir, devant un incontournable match de rugby, Célia et Guillaume comparent les politiques d’élevage européennes et néo-zélandaise. Ici, les grands espaces et l’absence d’aides directes de l’Etat incitent les éleveurs à agrandir leurs troupeaux, à choisir des animaux rustiques et à opter pour une gestion globale de leur cheptel. Le travail du vétérinaire est donc bien différent. Les interventions individuelles sont peu nombreuses et le rôle de pharmacien et de conseil est plus développé.

Mais déjà il est temps de quitter les Mc Caw pour parcourir le pays de Mac Kenzie, célèbre voleur de moutons, avant de rechercher l’hospitalité des fermiers le soir venu, en échange de leurs services. De rencontres en rencontres, le couple remonte vers le Nord, d’où il s’envolera bientôt pour l’Amérique du Sud.

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