La liste rouge 2008 des espèces menacées est dévoilée

Le 4^e congrès mondial de la nature s’est tenu du 5 au 14 octobre dernier à Barcelone (Espagne). Cet événement majeur dans le domaine de la protection des espèces réunit les membres de l’Union internationale pour la conservation de la nature (UICN) et ses partenaires, tous les quatre ans. Plus de huit mille personnes venues de cent soixante-dix-sept pays étaient réunies pour cette édition, dans un contexte d’accélération du rythme de disparition des espèces, au point qu’une 6^e grande crise d’extinction est évoquée, la dernière étant celle des dinosaures. Avant l’assemblée générale de l’UICN, seul parlement mondial sur l’environnement composé de gouvernements et d’organisations non gouvernementales, la première partie du congrès s’est consacrée au forum mondial de la nature. Ce rassemblement public a permis de débattre autour de trois thèmes : un climat neuf pour le changement, un environnement sain pour des populations prospères et la sauvegarde de la diversité de la vie.

« Il existe une forte corrélation entre le nombre d’amphibiens et d’oiseaux menacés et ceux qui sont sensibles au changement climatique », a souligné Jean-Christophe Vié, directeur adjoint du programme pour les espèces de l’UICN. Les premiers résultats d’une étude menée par l’organisation révèlent que 35 % des oiseaux du monde, 52 % des amphibiens et 71 % des coraux bâtisseurs de récifs en eaux chaudes risquent d’être particulièrement sensibles aux modifications climatiques. Le réchauffement s’ajoute à la mondialisation et à la demande énergétique croissante, qui pèsent déjà sur la diversité biologique.

Le forum a une nouvelle fois pointé du doigt les lourdes conséquences des activités de l’homme à l’échelle de la planète. La capacité des écosystèmes à fournir des biens et des services essentiels à la vie (eau et nourriture notamment) se réduit à une vitesse alarmante. De nombreuses catastrophes naturelles comme les glissements de terrain peuvent être attribuées aux mauvais traitements infligés aux écosystèmes. La dégradation de ces derniers affecte en particulier les populations les plus démunies. Par ailleurs, certaines crises sanitaires, telles que le Sras et la grippe aviaire, sont liées à une promiscuité artificielle entre l’homme, les espèces domestiques et les espèces sauvages.

Un quart des mammifères sont menacés d’extinction

Le congrès a permis de dévoiler la version 2008 de la liste rouge de l’UICN. Elle met en évidence la crise d’extinction des mammifères. Près d’une espèce sur quatre est menacée. En à peine cinq cents ans, soixante-seize espèces de mammifères ont disparu. La destruction et la dégradation des habitats touchent 40 % des mammifères de la planète. Le phénomène est plus grave en Amérique centrale et du Sud, en Afrique orientale et centrale, à Madagascar, ainsi qu’en Asie du Sud et du Sud-Est. Mais tout n’est pas perdu. Des efforts concertés de conservation peuvent inverser la situation des espèces proches de l’extinction. « Plus nous attendons, plus la prévention des extinctions coûtera cher, a martelé Jane Smart, directrice du programme des espèces de l’UICN. Actuellement, nous savons quelles espèces sont menacées, quels sont les dangers et où ils se situent. Nous n’avons plus d’excuses pour regarder sans rien faire. »

Les pays, les communautés et les individus dépendent de la diversité biologique. La gestion durable des ressources naturelles et la conservation de la biodiversité sont les nouvelles urgences du siècle. Même si des annonces concrètes ont été faites concernant la protection des espèces et des habitats, le congrès a souligné la nécessité de se réveiller et d’agir rapidement en faveur de la protection de la planète.