La mélamine est au cœur du dernier scandale alimentaire chinois en date - La Semaine Vétérinaire n° 1330 du 10/10/2008
La Semaine Vétérinaire n° 1330 du 10/10/2008

Santé publique. Poudre de lait contaminée

Actualité

Auteur(s) : Nathalie Devos

Selon l’autorité européenne, le risque serait inexistant pour les adultes, mais potentiel pour les enfants.

Près de 54 000 nourrissons malades, dont 12 900 environ hospitalisés et 4 décédés. Tel est le bilan du nouveau scandale sanitaire chinois, la poudre de lait frelatée à la mélamine, dans le but de la faire apparaître artificiellement plus riche en protéines. Cette triste affaire a été officiellement révélée par les autorités chinoises début septembre dernier. En réalité, selon plusieurs organisations non gouvernementales (ONG) et associations de journalistes (comme Reporters sans frontières ou encore la Fédération internationale des journalistes), elle daterait de plusieurs mois, mais aurait été étouffée pour cause de jeux Olympiques… Revers de la médaille, à la mi-septembre, ce scandale sanitaire a pris une ampleur internationale et plusieurs pays ont fermé leurs portes aux importations chinoises ou les ont restreintes. A la suite de ces événements, Bruxelles a demandé à l’Autorité européenne de sécurité des aliments (Efsa) de fournir d’urgence un avis scientifique sur les risques que l’éventuelle présence de mélamine dans des aliments composites contenant du lait ou des produits laitiers en provenance de Chine peut induire sur la santé des consommateurs européens. La Commission a souhaité que l’Efsa axe son évaluation essentiellement sur les biscuits et le chocolat qui contiennent de la poudre de lait, car ces produits sont susceptibles d’être importés de Chine(1). L’agence a élaboré des scénarios d’exposition qui prennent en compte le taux de contamination de la poudre de lait en mélamine, la proportion de dérivés laitiers dans les produits concernés et la consommation théorique de ces derniers par les enfants et les adultes. Elle s’est pour cela appuyée sur les données de l’Association des industries de la chocolaterie, biscuiterie et confiserie de l’Union européenne.

La dose journalière admissible est fixée à 0,5 mg/kg de poids corporel en Europe

Dans son avis rendu le 25 septembre dernier(2), l’Efsa stipule que « si, en Europe, des adultes venaient à consommer du chocolat et des biscuits contenant de la poudre de lait contaminée, ils ne risqueraient pas de dépasser la dose journalière admissible (DJA), fixée à 0,5 mg/kg de poids corporel au sein de l’Union, même dans le pire scénario ». Ce dernier se fonde sur la concentration la plus élevée en mélamine signalée dans le lait maternisé chinois, soit 2 563 mg/kg de poudre. Pour leur part, les enfants « qui font une consommation moyenne de biscuits (22 g/j), de caramels au lait ou de chocolat (14 g/j) contenant ce type de lait en poudre ne dépasseraient pas non plus la DJA ». En revanche, selon le scénario le plus pessimiste, « les enfants présentant une consommation journalière élevée de caramels au lait, de chocolat ou de biscuits contenant des forts taux de lait en poudre dépasseraient la DJA ». Ainsi, dans le pire des cas, un enfant de 20 kg qui consommerait chaque jour plus de 40 g de chocolat fortement enrichi (25 %) en poudre de lait contaminée au plus haut niveau observé en Chine dépasserait de près de trois fois la DJA. Les scientifiques de l’agence ajoutent qu’il est actuellement impossible de se prononcer sur la circulation en Europe d’un produit contaminé à des taux aussi importants qu’en Chine.

Pour votre santé, ne mangez pas trop gras, pas trop sucré… et pas trop chinois ?

En France, les pouvoirs publics ont choisi d’adopter des mesures de précaution complémentaires vis-à-vis de tous les produits qui incorporent des dérivés laitiers d’origine chinoise, dès le 24 septembre dernier. « Ils devront être retirés du marché et ne pourront donc pas être commercialisés. » Deux jours plus tard, la Commission européenne a décidé « d’interdire l’importation, sur le territoire européen, des produits composés contenant du lait ou des produits laitiers originaires ou expédiés de Chine et destinés à l’alimentation particulière des nourrissons et des enfants en bas âge ». En outre, « des contrôles systématiques devront être effectués sur tous les produits composés originaires de Chine contenant plus de 15 % de produits laitiers, ainsi que pour tous les lots de produits composés dont la teneur en produits laitiers ne peut être établie ». Ces contrôles visent « à vérifier que la concentration éventuelle de mélamine ne dépasse pas 2,5 mg/kg de produit, auquel cas ils seront détruits. Les lots seront par ailleurs retenus en attendant les résultats des analyses de laboratoire ».

Dans le cadre de la recherche de mélamine dans les produits alimentaires en provenance de Chine, un communiqué de l’Agence fédérale belge pour la sécurité de la chaîne alimentaire (Afsca), daté du 1er octobre, indique d’ores et déjà le retrait de la vente de bonbons de la marque White Rabbit. Ils contenaient 11,24 mg de mélamine par kilo de produit. Singapour, qui retient la DJA américaine de 0,63 mg/kg, souligne que la consommation quotidienne d’environ quarante-sept de ces bonbons serait nécessaire pour la dépasser.

S’il n’y a pas (encore ?) de psychose en Europe, force est de constater que le made in China alimentaire est à prendre avec des baguettes. L’an dernier, la Chine a tout de même remporté la palme des notifications de risque au système communautaire d’alerte rapide pour les denrées alimentaires et les aliments des animaux (RASFF).

  • (1) Les importations de produits laitiers proprement dits (lait, fromages, etc.) en provenance de Chine sont déjà interdites dans l’Union européenne depuis 2002, la Commission européenne ayant jugé les contrôles sanitaires sur place insuffisants.

  • (2) Consultable en intégralité sur http://www.efsa.eu.int: 80/cs/ BlobServer/Statement/contam_ej_807_melamine.pdf?ssbinary=true

La mélamine

La mélamine est un produit chimique utilisé dans la fabrication de résines, de plastiques, de colles et de matériaux qui entrent en contact avec les aliments. En raison des risques d’insuffisance rénale associés à sa consommation à forte dose, elle n’est pas autorisée en Europe dans l’alimentation humaine et animale.

En mars 2007, elle a été à l’origine d’un rappel de 60 millions de boîtes de nourriture pour chiens et chats contaminées aux Etats-Unis, après la mort suspecte de dizaines d’animaux.

N. D.
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