L’alfaxalone est un nouvel anesthésique injectable de courte durée pour chiens et chats - La Semaine Vétérinaire n° 1330 du 10/10/2008
La Semaine Vétérinaire n° 1330 du 10/10/2008

Anesthésie. Un stéroïde inhibiteur du système nerveux central

Actualité

Auteur(s) : Eric Vandaële

« Flexible », Alfaxan® s’injecte lentement pour éviter une dépression respiratoire dose dépendante réversible.

Vétoquinol débute la commercialisation d’Alfaxan®(1), un nouvel anesthésique en solution injectable pour chiens et chats. Inédit pour les praticiens français, il est toutefois commercialisé depuis 2001 en Australie, en Nouvelle-Zélande et en Afrique du Sud par le laboratoire Jurox, à l’origine de son développement vétérinaire. En accord avec ce laboratoire australien, Vétoquinol en assure la commercialisation au Royaume-Uni depuis l’année dernière. Dans un domaine où l’expérience et les habitudes comptent au moins autant que la bibliographie et les connaissances, il souligne qu’« un million de flacons Alfaxan® ont déjà été vendus ».

Flexible et sûr, mais sans valence analgésique

L’alfaxalone, molécule stéroïdienne d’une structure assez proche de la progestérone, est un anesthésique général qui agit comme un gabamimétique direct. Elle exerce ainsi un « effet inhibiteur sur le système nerveux central ».

Présenté en flacon de 10 ml, la solution à 10 mg/ ml d’alfaxalone est destinée à une administration intraveineuse (lente), mais son pH compris entre 6,5 et 7 lui permet de n’être ni irritante, ni nécrosante en cas d’injection périvasculaire. Les protocoles d’emploi du résumé officiel des caractéristiques du produit (RCP) recommandent une dose comprise entre 2 et 3 mg/kg (soit 2 à 3 ml/10 kg) en induction chez le chien, suivie, si nécessaire, par des doses d’entretien de 1,0 à 1,2 mg/kg (1 à 1,2 ml/10 kg) toutes les dix minutes environ. Chez le chat, les posologies sont plus élevées, s’établissant à 5 mg/kg (soit 0,5 ml/kg) en induction, malgré une élimination un peu plus lente que chez le chien.

L’alfaxalone n’est pas un analgésique. Le RCP prévoit son emploi avec des agents de prémédication et/ou des analgésiques : l’acépromazine, des benzodiazépines (avec alors un risque de réveil plus agité chez une minorité d’animaux), un agent anticholinergique tel que l’atropine, un α2agoniste comme la médétomidine, des opiacés comme la morphine, le butorphanol ou la buprénorphine, ou encore des anti-inflammatoires non stéroïdiens, par exemple le carprofène ou le méloxicam. Cette prémédication conduit à réduire légèrement les doses anesthésiques (voir tableau). La caractéristique essentielle de cet anesthésique est sa durée d’action courte, de dix minutes chez le chien et quinze minutes chez le chat. Une élimination rapide, avec des demi-vies d’élimination de vingt-cinq minutes chez le chien à quarante-cinq minutes chez le chat, explique cette brève durée d’action. Après l’anesthésie, le réveil dure environ dix minutes chez un chien (quinze chez un chat). Une demi-heure après l’injection, le chien peut donc être rendu à son propriétaire dans un état de vigilance normal. En raison de l’élimination un peu plus lente, le délai entre la dernière injection et le retour à un comportement normal nécessite environ quarante minutes.

Cette courte durée d’action en fait un anesthésique assez sûr d’emploi chez les animaux qui présentent un risque anesthésique. Vétoquinol souligne ainsi « sa grande marge de sécurité » et « sa flexibilité ».

Des apnées fréquentes, mais réversibles et sans séquelles

Néanmoins, le RCP mentionne qu’au cours des essais cliniques réalisés avec le médicament, 44 % des chiens et 19 % des chats ont subi une apnée postinduction, définie comme un arrêt respiratoire de trente secondes ou plus. La durée moyenne de l’apnée pour ces animaux était de cent secondes chez les chiens et de soixante secondes chez les chats. Selon le RCP, « une intubation endotrachéale et un apport d’oxygène doivent alors être employés ». Cet effet dose dépendant est toujours rapidement réversible, même lors de surdosages importants, jusqu’à dix fois la dose recommandée chez le chien (20 mg/kg) et cinq fois chez le chat (50 mg/kg), si la précaution a été prise d’apporter une assistance respiratoire artificielle aux animaux. Dans ces conditions, « le réveil reste rapide et sans effet résiduel ni séquelle », même avec de tels surdosages.

Pour prévenir ces effets respiratoires, le laboratoire recommande des injections intraveineuses très lentes, sur une minute au total, en disposant d’un cathéter et en “poussant” dans la veine un quart de la dose calculée toutes les quinze secondes. Vétoquinol recommande aussi de « disposer d’une sonde d’intubation prête dans un environnement proche ». Cet effet peut aussi être mis à profit pour intuber l’animal, notamment en cas de relais par une anesthésie gazeuse.

  • (1) Voir La Semaine Vétérinaire n° 1306 du 14/3/2008.

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