Des marqueurs urinaires sont identifiés chez des bovins infectés par l’agent de l’ESB

Les différentes méthodes de diagnostic des “maladies à prions”, humaines et animales, sont restreintes du vivant des patients et des animaux. Elles font généralement appel à des investigations post-mortem. Toutes les techniques classiques ou nouvelles de recherche des marqueurs de l’infection sont complémentaires. Dans la mesure où la nature exacte de l’agent infectieux n’est toujours pas élucidée, le diagnostic se limite principalement à la mise en évidence de la protéine prion résistante (PrPres), le marqueur spécifique des encéphalopathies spongiformes subaiguës transmissibles (ESST), et aux lésions classiques associées à ces maladies (spongiose, gliose, perte neuronale).

La mobilisation dans le monde de nombreux chercheurs et laboratoires sur la mise au point de tests applicables aux animaux vivants commence à donner des résultats. En effet, une étude canadienne, récemment publiée en ligne sur le site de la revue Proteome Science, relate l’identification d’un marqueur urinaire chez des vaches infectées par l’agent de l’encéphalopathie spongiforme bovine (ESB). En l’absence d’un test de diagnostic ante mortem, une autre équipe canadienne⁽¹⁾ a tenté de mettre en évidence des marqueurs de l’ESB dans l’urine d’animaux infectés. L’étude a consisté à prélever, tous les huit mois pendant quarante mois, l’urine de quatre vaches infectées expérimentalement per os par l’agent de l’ESB et de quatre vaches témoins (non infectées). L’analyse urinaire a été réalisée par différentes méthodes (électrophorèse bidimensionnelle, colorations des protéines et analyse par spectroscopie de masse).

Une protéine, la clustérine, serait le marqueur le plus prometteur

Plusieurs marqueurs biologiques ont révélé des différences de concentration dans les prélèvements des animaux infectés versus non infectés.

Tout d’abord, certains marqueurs diminuent chez les vaches malades. Il s’agit d’un peptide antimicrobien, la cathelicidine, produit par les cellules épithéliales du rein, ainsi qu’un autre peptide qui joue un rôle dans la régulation du sodium, l’uroguanilyne, produit par les cellules épithéliales du rein et de l’intestin grêle.

D’autres marqueurs, au contraire, augmentent chez les animaux infectés. La variation de concentration d’un fragment d’anticorps, chaîne légère de l’immunoglobuline γ-2, pourrait constituer un marqueur alternatif de l’ESB. En outre, une protéine, laclustérine, serait, selon les auteurs, le candidat le plus « prometteur » des quatre marqueurs protéiques identifiés dans cette étude, car elle permettrait de discerner un animal infecté d’un non-infecté, mais également d’estimer le stade de l’animal infecté au cours de la période d’incubation.

Cette étude canadienne constitue une étape préliminaire intéressante dans le diagnostic ante mortem chez les ruminants, mais d’autres travaux sur des effectifs beaucoup plus importants seront nécessaires pour confirmer ces résultats et atteindre cet objectif. Il serait aussi intéressant de rechercher ces marqueurs dans d’autres affections, afin d’évaluer leur spécificité par rapport aux ESST.

• (1) S.L. Simon, L. Lamoureux, M. Plews, M. Stobart, J. Lemaistre, U. Ziegler, C. Graham, S. Czub, M. Groschup, J.D. Knox : « The identification of disease-induced biomarkers in the urine of BSE infected cattle », Proteome Sci., 2008, vol. 6, n° 1, p. 23.