L’activité pollinisatrice mondiale des insectes représente 153 milliards d’euros par an - La Semaine Vétérinaire n° 1329 du 03/10/2008
La Semaine Vétérinaire n° 1329 du 03/10/2008

Biodiversité. Production alimentaire mondiale

Actualité

Auteur(s) : Nathalie Devos

En termes pondéral, 35 % de la production mondiale de nourriture résultent de la production de cultures qui dépendent de pollinisateurs, 60 % proviennent de cultures qui n’en dépendent pas (principalement les céréales) et 5 % sont issus de cultures sur lesquelles l’impact des pollinisateurs est inconnu.

Une étude(1) réalisée par des chercheurs français (de l’Inra et du CNRS) et allemands a permis de chiffrer la valeur de l’activité pollinisatrice des insectes (les abeilles principalement). Elle s’est élevée à 153 milliards d’euros en 2005 dans le monde pour les principales cultures dont l’homme tire sa nourriture. Ce chiffre représente 9,5 % de la valeur de l’ensemble de la production agricole alimentaire mondiale.

Les recherches mettent également en évidence que la valeur moyenne des cultures qui dépendent des pollinisateurs est bien supérieure (760 € par tonne) à celle des cultures qui n’en dépendent pas, comme les céréales et la canne à sucre (150 € par tonne).

Dans ce contexte, le déclin des insectes pollinisateurs, principalement les abeilles, est une préoccupation majeure. Les résultats montrent que les équilibres alimentaires mondiaux seraient profondément modifiés pour trois catégories – les fruits, les légumes et les stimulants – en cas de disparition totale des pollinisateurs : la production mondiale ne suffirait plus à satisfaire les besoins aux niveaux actuels. Les régions importatrices nettes, comme l’Union européenne, seraient plus particulièrement touchées.

Cette étude ne constitue cependant pas une prévision, puisque les estimations proposées n’intègrent pas les réponses stratégiques que les producteurs et les filières agro-alimentaires adopteraient pour faire face à une telle disparition, précisent les auteurs. Par ailleurs, les calculs simulent une disparition totale des pollinisateurs et non un déclin graduel. Si quelques travaux montrent une proportionnalité entre déclin et production, la relation reste à confirmer.

  • (1) N. Gallai, J.-M. Salles, J. Settele, B.E. Vaissière : « Economic evaluation of the vulnerability of world agriculture confronted with pollinator decline », Ecological Economics, août 2008.

  • Source : Inra, septembre 2008.

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