Des éleveurs du Limousin font appel à la justice

Confrontés depuis plus d’un an à une crise sans précédent, les éleveurs du bassin allaitant limousin ont dû faire face pendant quinze jours à… une erreur du laboratoire national de référence. Celui-ci a diagnostiqué un cas de fièvre catarrhale ovine de sérotype 1 dans un élevage de Dordogne, alors qu’il s’agissait du sérotype 8 ! Une simple erreur d’étiquetage aux lourdes conséquences… Les présidents des principales organisations syndicales agricoles du Limousin ont déposé plainte contre X pour préjudice financier, le vice-président de la Chambre d’agriculture de la Corrèze a démissionné pour dénoncer la mauvaise gestion de cette crise, des manifestations ont été organisées, des mouvements de colère se sont fait jour, etc.

Retour sur les faits. Le 4 septembre, de nombreux cantons de Haute-Vienne et de Corrèze, distants de 70 km du foyer supposé de sérotype 1, sont placés en zone réglementée. L’exportation des broutards vers l’Italie – soit l’essentiel de l’activité de l’élevage limousin – et le déplacement d’animaux vers des zones dites indemnes deviennent donc subitement interdits. Un coup dur, alors que le commerce est déjà fortement perturbé par le sérotype 8, pour lequel la vaccination n’est pas achevée. Pour les éleveurs des zones non concernées par les arrêtés préfectoraux, l’objectif immédiat est simple : vendre au plus vite avant que le périmètre réglementé ne s’étende. Vendre vite, sous peine d’avoir à garder les animaux dans l’exploitation pendant plusieurs mois, ce qui signifie les nourrir et les vacciner alors que les trésoreries sont exsangues… Face à l’afflux d’animaux et à l’urgence, les cours s’effondrent naturellement.

Le 20 septembre, la préfecture de région annonce la levée des mesures de zone réglementée. Sans explication.

« Le 11 septembre avait lieu à la préfecture une réunion avec toutes les organisations agricoles, les opérateurs et les représentants de la profession vétérinaire : GTV, syndicat, Ordre, expliquait Eric Périgaud, président du GTV de la Haute-Vienne dans un courrier publié la semaine dernière⁽¹⁾. Notre DSV devait participer le soir même à une réunion de crise au ministère et le préfet nous a demandé quels étaient les messages à faire passer. Nous l’avons interpellé sur le fait que nous doutions de ce cas erratique de fièvre catarrhale de sérotype 1 en Dordogne, alors que le foyer le plus proche se situait à plus de 60 km. Nous avons donc demandé une enquête épidémiologique plus approfondie. » Cela a probablement permis de découvrir l’erreur. Les éleveurs estiment avoir perdu entre 150 et 200 € par broutard vendu et réclament une indemnisation. « Nous, quand il manque une boucle sur un animal, on est sanctionné ! », peste l’un d’eux. Les conséquences psychologiques seront également importantes. Thierry Barron, directeur des services vétérinaires de la Haute-Vienne, s’inquiète : « Désormais, il sera difficile d’être pris au sérieux… »

• (1) Voir La Semaine Vétérinaire n° 1328 du 26/9/2008 en page 7.