Bartonella henselae est désormais aussi isolée chez le cheval - La Semaine Vétérinaire n° 1329 du 03/10/2008
La Semaine Vétérinaire n° 1329 du 03/10/2008

Infections bactériennes

Formation continue

ÉQUIDÉS

Auteur(s) : Isabelle Desjardins

L’association possible entre une séropositivité à cette bactérie et un purpura hémorragique est envisagée.

Les infections à bartonelles occasionnent des zoonoses un peu partout dans le monde. Il s’agit de bacilles Gram négatif aérobies qui regroupent au moins vingt espèces différentes. Ces bactéries ont été isolées chez des espèces animales domestiques et sauvages (chats, chiens, bovins, rats, lapins, lions, marsouins, etc.).

Les chats, ainsi que les canidés domestiques et sauvages serviraient de réservoir aux bartonelles. La plupart de ces bactéries se transmettent via une piqûre d’insecte. Bartonella henselae a aussi été isolée à partir de tiques du genre Ixodes. La transmission de chat à chat est possible par l’intermédiaire des puces (Ctenocephalides felis).

Bartonella henselae est l’agent de la lymphoréticulose bénigne (maladie des griffes du chat), de l’angiomatose bacillaire, de la péliose bacillaire humaine. Chez l’homme, Bartonella henselae, transmise par les piqûres de moustiques, provoque une anémie hémolytique sévère, tandis que B. quintana, transmise par les poux du corps, engendre de la fièvre, des douleurs osseuses, parfois une endocardite et une angiomatose bacillaire.

Bien qu’étant plutôt une infection inapparente chez le chat, des syndromes qui vont d’une simple fièvre et une inflammation locale à une endocardite sont décrits lors d’infection à B. henselae. Chez le chien, cette bactérie provoque une maladie granulomateuse systémique, ou une lymphadénite pyogranulomateuse, une péliose hépatique ou une hépatite granulomateuse.

Jusqu’à maintenant, cette bactérie n’avait jamais été isolée chez le cheval.

Deux implications cliniques de B. henselae sont décrites

Les auteurs d’une étude(1) décrivent deux cas cliniques pour lesquels Bartonella henselae a été isolée à partir du sang des deux chevaux via une technique de real time polymerase chain reaction (RT-PCR) combinée à un milieu de culture enrichi spécial (Bartonella alpha-proteobacteria growth medium, BAPGM). En effet, les techniques microbiologiques conventionnelles sont peu sensibles pour isoler les bartonelles.

Le premier cas est celui d’une jument quarter horse de sept ans, présentée en urgence à l’université de Caroline du Nord (Etats-Unis) pour des coliques aiguës, avec une anamnèse de fièvre et de maladie respiratoire récente, non caractérisée. Une impaction du côlon est mise en évidence, de même qu’un œdème des membres et un autre ventral, ainsi que la présence de pétéchies évoquant une vasculite. Des analyses sérologiques pour la recherche des herpès virus de types 1 et 4, du virus de la grippe, de l’artérite virale se révèlent négatives. Une technique de PCR pour la mise en évidence d’Anaplasma phagocytophilum (agent de l’ehrlichiose granulocytaire équine) est également non concluante. Des anticorps dirigés contre la protéine M de Streptococcus equi (agent de la gourme) sont détectés (échantillon positif à 1/6 400), si bien qu’un diagnostic de gourme compliquée d’un purpura hémorragique est émis. La jument reçoit de la dexaméthasone et l’évolution clinique est favorable. Elle mourra d’une cause inconnue quelques semaines plus tard.

Le second cas concerne un hongre pur-sang de onze ans importé du Brésil six ans auparavant. Depuis cinq ans, il présente une baisse de performance, associée à une boiterie intermittente chronique qui passe d’un membre à l’autre. Une encéphalomyélite à protozoaires est précédemment suspectée, malgré un examen neurologique normal, et le cheval reçoit un traitement à base de pyrémitamine et de sulfadiazine pendant trois mois. L’examen locomoteur révèle une boiterie légère antérieure et postérieure, sans lésion radiographique évidente. Le diagnostic établi est une arthropathie inflammatoire multifocale. Les analyses sérologiques pour l’ehrlichiose granulocytaire équine et la borréliose (Borrelia burgdorferi) reviennent négatives. Les articulations concernées sont traitées par des infiltrations de corticostéroïdes et le cheval est placé quarante-cinq jours sous antibiothérapie (chloramphénicol per os) en raison du résultat positif de la RT-PCR pour B. henselae. Ce traitement s’accompagne d’une amélioration clinique et une recherche sanguine ultérieure de bartonelles se révèle négative.

B. henselae pourrait être impliquée dans les arthropathies chroniques du cheval

Les bartonelles induisent des infections ou des inflammations intravasculaires et une association épidémiologique entre une séropositivité à B. henselae et un purpura d’Henoch-Schonlein(2) est établie chez l’enfant. Il est possible qu’une telle association puisse aussi être envisagée chez le cheval souffrant de purpura hémorragique.

De même, un lien statistique est mis en évidence entre la détection d’anticorps anti-B. henselae sanguins et la présence de boiterie et de polyarthrite neutrophilique chez le chien. Une arthropathie chronique est également décrite dans certains cas de maladie des griffes du chat chez l’homme, ainsi que des douleurs musculaires et articulaires diffuses. Une manifestation clinique inhabituelle de l’infection à B. henselae chez l’enfant est une arthrite rhumatoïde juvénile sévère. Une implication de la bactérie dans les arthropathies chroniques chez le cheval est donc possible.

Les auteurs de l’étude remarquent que, dans le second cas clinique, une borréliose constituait l’un des diagnostics différentiels principaux et qu’il existe un vecteur commun pour les agents de la maladie de Lyme et de la bartonellose (les tiques).

En outre, des coinfections à Borrelia burgdorferi et Bartonella henselae sont décrites chez l’homme.

La contribution de Bartonella henselae à ces présentations cliniques chez le cheval n’est pas déterminée. Des études de prévalence, via la recherche sérologique d’anticorps anti-B. henselae, seraient nécessaires et permettraient de mieux cerner l’implication clinique de cette bactérie chez le cheval. Selon les auteurs, il n’existe actuellement pas de test sérologique validé pour la recherche des bartonelles dans le sang du cheval.

  • (1) S.L. Jones, R. Maggi, J. Shuler, A. Alward, E.B. Breitschwerdt : « Detection of Bartonella henselae in the blood of two horses », J. Vet. Med. Int., 2008, n° 22, pp. 499-502.

  • (2) Vasculite par réaction d’hypersensibilité impliquant des immunoglobulines A.

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