Si le sérotype 8 progresse au nord et à l’est, l’accalmie gagne les premiers pays touchés

Alors que la France est une nouvelle fois rudement frappée par la fièvre catarrhale, seulement douze nouveaux foyers sont recensés en Belgique, depuis un premier cas confirmé fin juillet dernier. Aux Pays-Bas, un cas est apparu le 7 août, à l’est du pays (un bovin non vacciné), puis une trentaine d’autres ont suivi dans le nord-est, pas davantage. Au Luxembourg, un cas a été recensé le 24 août. Il s’agit d’un bovin non vacciné. Dans ces trois pays, rares sont les ruminants adultes qui, depuis 2006, ont échappé à la maladie et ne sont pas immunisés. La Belgique a en outre mis en place une vaccination obligatoire, avec plus de six millions de doses vaccinales allouées. Le même nombre a été distribué aux Pays-Bas, sur la base d’une vaccination volontaire.

L’incidence relevée cette année en Allemagne est également faible comparée aux vingt mille foyers de l’épizootie de 2007. Depuis le 21 juillet dernier, un millier de nouveaux foyers se disséminent à travers le pays, surtout dans le Nord et le Sud, où la maladie était moins répandue l’an passé. Les autorités sanitaires allemandes font valoir la réussite de la campagne de vaccination, qui n’a pourtant débuté que fin mai. Elles estiment qu’en trois mois, 70 % des bovins et 90 % des ovins ont été vaccinés. Des études de terrain ont par ailleurs permis de vérifier la forte immunité induite par la vaccination. Celle-ci a également été mise en place avec succès en Suisse, où elle est obligatoire. Si un cas a été confirmé le 19 août chez un mouton encore non vacciné, puis trois autres le 12 septembre chez trois moutons (dont un vacciné), ce pays ne totalise que dix-huit cas de blue tongue depuis octobre 2007.

Le sérotype 8 fait son apparition en Suède et en Hongrie

Dans le Jutland, région du Danemark où un premier cas est survenu en 2007 chez un mouton, deux bovins ont déclaré les signes pathognomoniques de la fièvre catarrhale, fin août. Débutée le 28 juillet, la campagne de vaccination se poursuit et devrait s’achever à la fin du mois. En revanche, le 6 septembre, pour la première fois, deux cas sont apparus en Suède. Par la suite, une vingtaine d’autres ont été confirmés dans la même région occidentale, distante de plus de 300 km du Jutland. Les animaux ont été abattus et une vaccination en anneau a été mise en place immédiatement. Alors que la limite de l’extension de la blue tongue est classiquement décrite au 54^e degré de latitude nord, ces foyers sont situés au-delà du 56^e.

A l’est de l’Europe, en république Tchèque, un premier cas est apparu le 22 août suivi de six autres dans le même élevage, à la mi-septembre.

De façon surprenante, le 5 septembre, la Hongrie s’est ajoutée à la liste des pays touchés par le sérotype 8. Son émergence chez quatre bovins autochtones n’est pas le résultat d’une extension naturelle de l’épidémie, mais proviendrait de l’importation de bovins français certifiés séronégatifs, mais dont l’un au moins s’est révélé porteur du virus à l’arrivée, début juillet, à l’est du pays.

Une partie de la Roumanie voisine est à présent placée en zone réglementée. Lors de la dernière réunion du Comité permanent de la chaîne alimentaire et de la santé animale, le 16 septembre à Bruxelles, ce pays a souligné l’existence de plusieurs ovins vaccinés importés de France et du Royaume-Uni, qui se sont étrangement révélés séronégatifs⁽¹⁾.

L’extension du sérotype 1 suggère aux Etats membres des vaccinations préventives

Comme l’hiver dernier, la Grande-Bretagne a enregistré, cet été, plusieurs cas d’animaux importés d’Europe continentale et positifs aux dépistages virologiques de contrôle. Pour autant, les autorités sanitaires britanniques estiment qu’aucune circulation virale n’a encore débuté cette année. Pour poursuivre la vaccination à l’est et au nord de l’Angleterre, la zone réglementée est étendue à l’ensemble du territoire, Pays de Galles inclus. Dans les régions nouvellement intégrées, la vaccination, facultative et pas toujours bien perçue par les éleveurs, est en retard, avec des taux inférieurs à 30 %. Une reprise massive de l’épidémie est donc à craindre. L’Ecosse, toujours indemne, s’est munie du vaccin et entreprendra cet hiver une campagne de vaccination obligatoire.

Echaudées par les cas d’importation, les îles britanniques craignent désormais de voir débarquer le sérotype 1. Sa progression rapide en France attise une inquiétude similaire chez ses autres voisins. L’Italie, qui poursuit la vaccination en Vénétie contre le sérotype 8⁽²⁾, envisage maintenant de recourir à la vaccination 1-8 dans des zones tampons, aux frontières et dans les régions importatrices d’animaux. Les Pays-Bas songent également à se procurer le vaccin contre le sérotype 1. Cette stratégie préventive, non prévue par le règlement sanitaire communautaire, doit être soumise à la Commission européenne.

En Espagne enfin, le sérotype 1 continue de se propager à l’ouest, dans la corniche cantabrique. Il est en outre apparu récemment à l’est, en Catalogne. Face à cette situation et à la menace française du sérotype 8, une zone tampon de vaccination 1-8 couvre désormais toute la bande nord. Mais les autorités espagnoles comptent étendre ce périmètre à l’ensemble de la péninsule.

• (1) Voir les présentations sur le site http://ec.europa.eu/food/committees/ regulatory/scfcah/animal_health/presentations_en.htm#16092008

• (2) Aucun nouveau cas autochtone de sérotype 8 n’est apparu depuis mars en Italie. Voir aussi La Semaine Vétérinaire n° 1310 du 11/4/2008 en page 14.