Les mesures de prévention de la néosporose restent essentiellement non médicales - La Semaine Vétérinaire n° 1328 du 26/09/2008
La Semaine Vétérinaire n° 1328 du 26/09/2008

Reproduction bovine

Formation continue

RURALE

Auteur(s) : Stéphanie Padiolleau

L’élimination de toutes les vaches positives demeure la méthode la plus rapide et la plus efficace.

Lors du congrès des Groupements techniques vétérinaires (GTV) organisé à Nantes en mai dernier, Bruno Gottstein, directeur de l’institut de parasitologie de l’université vétérinaire de Berne (Suisse), a fait le point sur les perspectives de maîtrise et d’assainissement des élevages en matière de néosporose. Notre confrère a insisté sur la nécessité d’informer correctement les éleveurs. « Ce n’est pas la faute du chien », a-t-il souligné, car la transmission horizontale par l’ingestion d’ookystes ne représente que 1 à 5 % des infestations. « Il existe des lignées positives et les risques d’avortement sont quatre fois plus élevés chez les vaches séro-positives. » En effet, la transmission est essentiellement verticale, par voie transplacentaire. L’infection des veaux est provoquée par la recrudescence de tachyzoïtes maternels. Par ailleurs, le risque d’avortement est plus élevé chez les génisses et diminue chez les vaches âgées, avec un pic entre le cinquième et le septième mois de la gestation.

L’association avec d’autres agents infectieux (comme le virus de la diarrhée virale bovine ou une bactérie) fait toujours l’objet de controverses. Les divers facteurs qui abaissent l’immunité, comme le stress ou les toxines alimentaires, sont aussi mis en cause.

La cause de l’avortement reste incertaine, même en cas de sérologie positive

Des mesures d’hygiène sont à mettre en place pour limiter l’éventualité d’une transmission horizontale. « Congeler la viande suffit pour tuer Neospora », a répété Bruno Gottstein. Cela permettrait de donner les délivres et les avortons aux chiens sans danger. Il est cependant préférable d’éliminer les annexes fœtales. Par ailleurs, les chiens ne doivent pas avoir accès à l’aliment des vaches. Lorsque c’est possible, il faut aussi limiter leurs déjections sur les lieux de pâture, ce qui exige de bien clôturer ces derniers pour dissuader les chiens de passage et les renards de pénétrer dans les prés.

Les stratégies de dépistage de la néosporose sont différentes dans le cadre d’un diagnostic individuel ou de troupeau. Dans le premier cas, l’examen doit concerner le fœtus, par une polymerase chain reaction (PCR) sur le cerveau. Il est inutile de réaliser des tests sur le placenta seul, car le parasite peut être détecté au niveau du fœtus sans l’être sur le placenta, mais le contraire est impossible. Les analyses sérologiques, qu’il s’agisse de test Elisa, d’immunofluorescence ou d’immunoblot, sont à réserver au diagnostic de troupeau. En effet, face à un résultat positif, la cause de l’avortement ne peut être connue avec certitude, car de nombreuses vaches infectées de façon chronique présenteront des sérologies positives sans que l’avortement puisse être attribué à Neospora. Au niveau du troupeau, une forte augmentation des anticorps apparaît rapidement après un avortement à Neospora. Mais « trouver des anticorps contre N. caninum chez une vache qui vient d’avorter n’implique donc pas systématiquement que la néosporose est responsable de cet avortement ». En dehors de tout contexte d’avortement, pour préciser le statut d’une vache vis-à-vis de N. caninum, mieux vaut réaliser au moins deux prélèvements espacés, pour limiter les faux négatifs liés à une présence intermittente des anticorps. Pour pouvoir qualifier une infection récente ou ancienne, un test Elisa qui mesure l’avidité des IgG est alors nécessaire. Cela permet de savoir s’il s’agit d’une nouvelle infection ou d’une vague d’avortements chez des vaches infectées de façon chronique en période d’immunodépression.

Lorsqu’un nouveau-né est séropositif, la différence entre une infection du veau et une transmission des anticorps par la mère est faite par une discrimination isotypique entre les IgG1, transmises par la mère, et les IgG2 anti-Neospora, produites par le veau. Le moment de l’infection peut alors être déterminé.

Réformer les vaches positives est un bon moyen de prévention

Les stratégies d’éradication de N. caninum au sein d’un troupeau et leur coût ont été étudiés en Suisse. Les vaccins tués utilisés aux Etats-Unis permettent une séroconversion des vaches, mais pas encore une protection du fœtus en cas d’infection d’une femelle gestante. Les traitements qui ont un objectif de prévention des avortements devraient être employés de façon continue du début du quatrième mois jusqu’à la fin du septième, ce qui est cher et contraignant. Des essais sont réalisés avec le toltrazuril chez les veaux. Cette option, à réserver aux femelles issues de mères positives, serait la moins onéreuse, d’après les études suisses. Un traitement administré aux veaux nouveau-nés éliminerait les tachyzoïtes d’origine maternelle qui se développent après la naissance, et éviterait les infections chroniques.

La méthode la plus rapidement efficace reste d’éliminer toutes les vaches positives, mais elle est parfois difficile à faire admettre aux éleveurs. Une autre technique, un peu plus lente, consiste à isoler les animaux positifs et à les écarter de la reproduction ou, au minimum, à exclure les femelles de renouvellement issues de mères qui ont été positives ou dont le statut s’est révélé douteux au moins une fois.

CONFÉRENCIER

Bruno Gottstein, directeur de l’institut de parasitologie de l’université Vetsuisse et de la faculté de médecine vétérinaire de Berne.

Article tiré de la conférence « Néosporose, actualités et perspectives de maîtrise et d’assainissement », présentée lors des journées nationales des GTV 2008, à Nantes.

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