Différents moyens permettent de prévoir la future valeur laitière d’une génisse

Au Royaume-Uni, la plupart des vaches laitières ne font que trois lactations, ce qui réduit la disponibilité des génisses de remplacement. Le constat de chercheurs anglais⁽¹⁾ est alarmant. Des pertes prénatales sont observées, constituées par les mortalités embryonnaires précoces (40 %) et tardives (20 %), ainsi que les avortements (5 %). Par ailleurs, 7,9 % des veaux sont morts à la naissance, 3,4 % meurent au cours du premier mois et 6,7 % sont éliminés avant la mise à la reproduction, à quinze mois, en raison d’un accident ou d’une maladie. A cela s’ajoutent les 2,3 % de génisses qui ne produisent aucun veau.

Au final, il reste peu de choix pour un renouvellement des laitières interne à l’exploitation. Dans ces conditions, il peut être intéressant de déterminer des critères de sélection des veaux pour garder de futures bonnes laitières qui associeront des vêlages réguliers à une bonne production de lait.

Certaines caractéristiques sont liées à l’âge au premier vêlage, lui-même influencé par le taux de croissance des génisses. Celles qui n’ont pas eu une croissance satisfaisante ont besoin de plusieurs tentatives avant de présenter une saillie ou une insémination fécondante. La fertilité optimale et un taux de production de lait maximal sont atteints lors des vêlages à vingt-quatre ou vingt-cinq mois. Les génisses qui vêlent plus tôt, vers vingt-deux ou vingt-trois mois, ont une meilleure performance en termes de production totale de lait et de survie après cinq ans, en partie parce qu’une bonne fertilité des génisses est corrélée à une bonne fertilité plus tard.

Plusieurs critères ont été étudiés chez les jeunes pour déterminer leur valeur prédictive dans les performances à l’âge adulte.

Les veaux qui présentent un faible poids à la naissance proviennent indifféremment de primipares ou de vaches fortes productrices qui ont fait plus de trois lactations. Cela suggère que l’environnement utérin limite la croissance du fœtus lorsqu’il y a une compétition avec la production de lait ou avec la propre croissance de la mère pour les nutriments. Les caractéristiques de l’ossature montrent une corrélation génétique avec la longévité. La hauteur du squelette et la longueur mesurée de la base du crâne à la croupe chez les veaux âgés d’un mois sont liées à la stature définitive, et l’épaisseur de l’ossature est corrélée au poids à quinze mois. Il serait donc possible de prédire les performances au vu des seules mesures de la taille chez les jeunes. Aucune corrélation n’apparaît entre le taux d’hormone de croissance (GH) endogène ou stimulée, durant les six premiers mois de vie, et la production de lait pendant les trois premières lactations. En revanche, l’amplitude du pic de GH est corrélée positivement à la valeur énergétique du lait de la première lactation. Les vaches qui ont une ovulation tardive, après quarante-cinq jours, lors de la première lactation, présentaient, plus jeunes, une grande amplitude de la sécrétion de GH associée à un taux bas de facteur de croissance 1 ressemblant à l’insuline (insulin-like growth factor-1).

• (1) D.C. Wathes, J.S. Brickell, N.E. Bourne, A. Swali et Z. Cheng : « Factors influencing heifer survival and fertilité on commercial dairy farms », Animal, 2008, n° 2, pp. 1 135-1 143.