Le bien-être du poulet de chair est guidé par l’idéal des consommateurs européens - La Semaine Vétérinaire n° 1327 du 19/09/2008
La Semaine Vétérinaire n° 1327 du 19/09/2008

Filière avicole. Rencontres à Saint-Malo

Actualité

Auteur(s) : Catherine Bertin-Cavarait

Leur vision et leurs exigences recadrent les programmes de recherche et influencent les schémas génétiques.

Le laboratoire Shering-Plough Intervet s’est voulu prospectif en optant pour le thème des enjeux et des perspectives de la filière du poulet de chair française, à l’occasion de la deuxième édition des rencontres avicoles organisées dans le contexte du Space, le 10 septembre dernier à Saint-Malo (Ille-et-Vilaine). Ce choix a notamment permis d’explorer les volets réglementaires et économiques de la production de ces volailles. Pour accompagner l’expression d’attentes sociétales fortes, la directive relative au bien-être du poulet de chair a été votée par les ministres de l’Agriculture des vingt-sept Etats membres de l’Union, le 7 mai 2007(1). La suite logique est l’évaluation de ce bien-être et la recherche de méthodes d’élevage qui permettent de l’améliorer. A ce titre, un projet européen, le Welfare Quality, vise à construire un standard en matière d’évaluation et d’information sur le bien-être animal. Christine Leterrier, chercheur au sein de l’équipe “comportement, neurobiologie, adaptation” de l’Inra de Tours-Nouzilly, a replacé l’évaluation du bien-être animal dans le contexte de la demande. « Les scientifiques ne sont pas les seuls à contribuer au choix des critères qui seront utilisés », a expliqué notre consœur. En effet, les consommateurs sont des acteurs majeurs. Ils ont des exigences et participeront à la sélection de ces critères et à leur pondération. Par exemple, ils considèrent qu’un poulet qui se perche a un comportement normal. Or cela n’est pas vrai pour toutes les souches de poulets de chair. Ce point sera embarrassant lorsqu’il s’agira d’estimer, en élevage, l’expression des comportements des volatiles. En la matière, les scientifiques proposent des critères objectifs comme la mortalité, la morbidité et les indicateurs lésionnels. A quelle hauteur seront-ils pris en considération dans le cadre de l’évaluation globale ?

Les Anglais respectent mieux la réglementation

La vision et les exigences des consommateurs guident également les recherches scientifiques en fixant le cadre des études sur les méthodes d’élevage respectueuses du bien-être des animaux. Parmi celles qui permettent la réduction des troubles locomoteurs, certains programmes lumineux présentent un intérêt, mais leur utilisation est interdite.

Pour sa part, « l’alimentation séquentielle va dans le sens du vent », selon Christine Leterrier. La distribution séquentielle de deux aliments qui ont un rapport protéines/énergie et un taux de lysine différents, sur un cycle de quarante-huit heures, permet de réduire les troubles locomoteurs des poulets de chair. Les oiseaux nourris avec un aliment pauvre en lysine et dont la teneur en protéines est réduite présentent une activité locomotrice accrue, laquelle renforce le squelette. Cette alimentation séquentielle, fondée sur la croissance compensatrice, ne modifie ni l’indice de consommation ni la composition de la viande. « L’animal est capable de stocker de la protéine d’un jour sur l’autre. Ce phénomène va à l’encontre de tout ce que nous avons appris auparavant », a précisé notre consœur.

Lasuperposition de règles de l’Union européenne relatives à la commercialisation des viandes de volailles montre que, « paradoxalement, les Anglais respectent mieux la réglementation que les Français », a démontré Jean-Jacques Trévidy, grâce à sa connaissance des élevages britanniques acquise en partie chez le sélectionneur Hubbard. Un taux de mortalité de 7 % est enregistré dans les élevages Organic(2), où sont produits les poulets sous label Free Range, copie conforme de la norme certifiée européenne, qui ne sortent pas sur les parcours en raison du rationnement alimentaire pratiqué au regard de leur vitesse de croissance et de la durée d’élevage fixée à cinquante-six jours.

Au troisième rang européen, la France n’est plus le pays du poulet. Dans ce contexte, quelles contraintes la filière hexagonale doit-elle lever, en particulier face à la compétitivité du poulet brésilien ? Quelles seront les stratégies d’investissement adoptées par les acteurs des filières des volailles de chair ? Les réponses à ces questions seront cruciales pour l’avenir.

  • (1) Voir La Semaine Vétérinaire n° 1270 du 19/5/2007 en page 29.

  • (2) Correspond au label Agriculture biologique, avec toutefois un cahier des charges différent du cahier des charges français.

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