« Il faut aboutir à une recherche universitaire dynamique sur le comportement du chien » - La Semaine Vétérinaire n° 1327 du 19/09/2008
La Semaine Vétérinaire n° 1327 du 19/09/2008

Bertrand Deputte, professeur d’éthologie à l’école vétérinaire d’Alfort

À la une

Auteur(s) : M. N.

La Semaine Vétérinaire : Quel parcours vous a conduit à enseigner au sein des écoles vétérinaires ? Quel regard portez-vous sur la profession vétérinaire, relatif à la gestion du comportement canin ?

Bertrand Deputte : J’ai mené un doctorat en éthologie (thèse de troisième cycle en biologie animale, option éthologie). Je suis docteur ès sciences, avec une thèse sur le développement du comportement chez des primates. Ainsi, tout mon parcours scientifique a trait à l’éthologie, avec en outre la réalisation d’un postdoctorat au Wisconsin National Primate Research Center. Directeur de recherche au Centre national de la recherche scientifique (CNRS), dans l’équipe de primatologie de l’université de Rennes, je suis arrivé aujourd’hui au sein de l’école vétérinaire d’Alfort, notamment en raison de mes travaux en éthologie fondamentale comme en éthologie appliquée. En outre, je dirige un axe de recherche au laboratoire d’éthologie expérimentale et comparée de l’université Paris XIII sur le comportement des bovins et des chiens.

Si l’éthologie a fait son entrée dans les écoles vétérinaires, c’est que les instances avaient noté une carence auparavant, notamment par rapport à l’Europe. Mais les éthologistes ont un parcours en recherche. Il est dans ce sens difficile de travailler autour du chien, car le savoir est actuellement essentiellement empirique plutôt que scientifique. Plusieurs étudiants vétérinaires orientent leur travail de thèse sur des approches expérimentales du comportement. Je ne peux que m’en réjouir. Là où il y a une carence en connaissances, nous souhaitons mettre en place des recherches, pour que les réponses soient scientifiques.

Il est surprenant et regrettable qu’il n’y ait jamais eu, par exemple, des appels d’offres en recherche, de la part des instances universitaires ou autres, sur le comportement du chien. Cela permettrait de bien comprendre l’émergence de la dangerosité canine et de la prévenir précocement. De telles études ont été sollicitées et donc menées sur le comportement du cheval. La recherche sur le comportement du chien est embryonnaire, cela est probablement dû au nombre d’intervenants dans la filière canine, et à des difficultés économiques. Cette filière arrive comme le dernier maillon.

A l’occasion des rencontres “Animal et société”, de nombreuses questions ont été soulevées, mais sans donner aux éthologistes les moyens d’y répondre. Ces interrogations nécessitent une recherche scientifique, donc une approche rigoureuse. Bien entendu, y répondre demande du temps et des moyens. Il était néanmoins enrichissant de cotoyer, lors de ce Grenelle de l’animal, des interlocuteurs d’horizons variés, et d’avoir une démarche d’explication.

S. V. : Que pensez-vous des revendications des différents courants de pensées en comportement, des décisions prises cette année dans le cadre de la dernière loi sur la prévention des morsures ? Que faudrait-il envisager pour mieux structurer ce secteur économique du comportement canin ?

B. D. : Dans la filière canine, les acteurs ont le plus souvent acquis des compétences sur le terrain, ce qui engendre des discours dissonants. Il faut que les connaissances soient établies sur des bases scientifiques, réfutables. Il faut savoir identifier où il y a une absence de connaissances, un besoin en recherche, et cela atténuera cet effet de courants de pensées ou d’écoles, de dissonance des savoirs. Leur mise à plat permettra leur harmonisation. Il convient d’aboutir à une recherche universitaire dynamique sur le comportement du chien.

Une bonne adéquation entre le chien et l’individu, maître ou propriétaire, est importante. Lors de la vente ou de la cession d’un chien, il faudrait que dès le départ, au-delà du geste commercial, l’éleveur s’assure de la concordance entre le comportement du chien et ce que pourra offrir le futur propriétaire, ainsi que ses attentes. Cependant, s’il n’y a pas d’éducation par la suite, pas de structuration du comportement du chien, le travail, même bien fait au début par l’éleveur, peut être mis à mal.

Par ailleurs, le milieu canin, si vaste, reste encore souvent fermé, suspicieux, il y a encore beaucoup à faire sur ce point. Mais je crois à l’harmonisation des connaissances sur une base scientifique. En outre, certains savoirs sont tellement rabâchés que leur origine est incertaine et que les personnes semblent ne pas comprendre qu’ils puissent évoluer. Quelques éducateurs apprécient toutefois le regard analytique, denué de jugement, que nous portons sur leurs pratiques dans le cadre de collaborations.

Avec les vétérinaires comportementalistes, nous devrions arriver à des études pharmacologiques permettant de vérifier les hypothèses thérapeutiques et les conséquences réelles des molécules sur les comportements. Cela permettrait de faire encore plus progresser le savoir clinique et de l’ancrer sur des données expérimentales.

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