Le projet Genequin veut décortiquer le cornage et l’ostéochondrose chez le cheval - La Semaine Vétérinaire n° 1326 du 12/09/2008
La Semaine Vétérinaire n° 1326 du 12/09/2008

Recherche. Génétique équine

Actualité

Auteur(s) : Marine Neveux

L’étude de ces deux affections se déroulera sur quatre ans.

Un projet d’envergure, baptisé Genequin, est lancé cette année. Il est réalisé en commun avec l’école vétérinaire d’Alfort (sous la responsabilité de Jean-Marie Denoix), la faculté de médecine vétérinaire de l’université de Liège (sous la direction de Pierre Lekeux) ainsi que son unité de génomique (Michel Georges), et l’Institut national de la recherche agronomique (Gérard Guérin, Jean-Michel Elsen, Anne Ricard). « Le projet s’intéresse aux affections qui peuvent limiter les performances du cheval et qui ont une composante génétique », explique notre consœur Marie-Capucine Dupuis, ingénieur de recherche au Centre d’imagerie et de recherche sur les affections locomotrices équines (Cirale), dans le Calvados. Une telle démarche est nouvelle dans l’espèce équine puisqu’elle s’intéresse à des affections complexes qui mettent en jeu de nombreux facteurs, aussi bien génétiques qu’environnementaux.

Ce programme ambitieux est financé par l’Agence nationale de la recherche, les Haras nationaux, le Fonds Eperon et le conseil régional de Basse-Normandie. Deux affections sont retenues : la neuropathie laryngée récurrente (cornage) et l’ostéochondrose. Leur étude se déroulera sur quatre ans.

« Pour l’ostéochondrose, nous allons travailler sur un effectif de trois cents chevaux sains et de trois cents chevaux atteints », détaille Marie-Capucine Dupuis. Afin d’affiner l’étude, il est préférable que les sujets soient issus des mêmes étalons. Une liste de quatre-vingts étalons trotteurs français a ainsi été dressée. « Nous l’avons arrêtée afin de limiter la diversité. L’idéal est d’inclure des individus sains et atteints issus d’un même père », ajoute-t-elle. Un échantillon sanguin est également prélevé chez ces pères, et si possible aussi chez les mères.

Pour le cornage, l’échantillonnage est moins sélectif et porte sur plusieurs races de chevaux. « Nous travaillons avec des cliniques partenaires en France et en Belgique. » Cette affection est parfois difficile à cibler. Il est en effet nécessaire de rassembler un maximum d’informations sur le cheval concerné pour s’assurer que l’atteinte a bien une origine génétique. Certaines hémiplégies laryngées n’ont ainsi aucun support génétique, mais sont acquises (conséquence d’une injection périveineuse dans une jugulaire, d’une mycose des poches gutturales, etc.). Des vidéo-endoscopies du larynx sont réalisées et toutes les vidéos sont revues par le groupe de recherche. Un grade de 1 à 4 est établi selon l’intensité du trouble.

Pour l’étude sur l’ostéochondrose, la même rigueur est observée. Des clichés radiographiques précis sont réalisés au Cirale ou dans les cliniques partenaires et tous les bilans sont relus par notre confrère Jean-Marie Denoix. Chaque lésion reçoit un indice de sévérité et le cheval se voit attribuer un score global. Le bilan englobe dix clichés (profil des doigts antérieurs, face des carpes, profil des doigts postérieurs, des jarrets et des grassets).

Des échantillons sanguins sont prélevés sur chaque individu inclus dans l’étude (deux tubes EDTA en plastique) et immédiatement congelés à - 20 °C. L’idéal étant de disposer du sang des géniteurs des individus étudiés, qu’ils soient sains ou atteints, il faut ensuite essayer de localiser ces parents. Grâce à l’aide des Haras nationaux, des associations de races équines et des vétérinaires de terrain, les propriétaires des parents sont contactés afin de pouvoir prélever du sang sur leurs chevaux. Toutes les données sont, bien entendu, confidentielles. En parallèle de la collecte des cas, la Station d’amélioration génétique des animaux de l’Inra, à Toulouse, effectue l’analyse des données pour réorienter la constitution des cohortes si besoin.

Le but est de pouvoir disposer d’un test génétique

Au terme de ces travaux de recherche, « l’objectif serait d’aboutir à un test permettant de dire, à partir d’une simple prise de sang, si le cheval est porteur ou non de l’affection ». L’intérêt est en effet considérable, pour les entraîneurs comme pour les propriétaires, d’autant qu’une affection comme le cornage peut ne se développer que tardivement dans la carrière du cheval. « Nous aurons ainsi des données en amont. »

D’autres maladies génétiques, avec un déterminisme plus simple, sont déjà connues dans l’espèce équine. Un observatoire des maladies génétiques est d’ailleurs créé à l’Inra de Jouy-en-Josas pour étudier des affections plus rares, mais à déterminisme plus simple, comme l’épidermolyse bulleuse.

Une micropuce révolutionnaire

Pour rechercher les gènes ou les parties du génome impliqués dans une maladie, une technique consiste à utiliser des micropuces SNP (single nucleotide polymorphism). L’ADN est extrait des échantillons sanguins, puis est déposé sur une micropuce. Cette dernière permet de réaliser le screening complet du génome et d’identifier les régions liées à la maladie. « Grâce à cette puce, nous avons des marqueurs situés sur tout le génome. Nous pourrons ainsi mettre en évidence si une ou plusieurs de ses régions sont associées à ces affections », précise Marie-Capucine Dupuis.

Les micropuces sont disponibles depuis cette année. L’étude du génome du cheval connaît un tel essor grâce à son séquençage complet l’an dernier.

M. N.
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