La ventilation est le meilleur moyen de mettre « une claque aux p’tites mauvaises odeurs » - La Semaine Vétérinaire n° 1326 du 12/09/2008
La Semaine Vétérinaire n° 1326 du 12/09/2008

Qualité environnementale

Gestion

S’ÉQUIPER

Auteur(s) : Laurent Masson

Jusqu’à récemment, la qualité de l’air à l’intérieur des bâtiments ne faisait pas partie des préoccupations sanitaires majeures. Or de récentes études soulignent qu’il est plus pollué que celui de l’extérieur.

L’environnement intérieur offre une grande diversité de situations de pollution. En premier lieu, celle de l’extérieur pénètre dans les bâtiments, principalement les gaz et les particules issus de la circulation et des activités industrielles. Il n’est pas nécessaire d’être à proximité d’une zone industrielle pour souffrir de ce type de nuisance. Il suffit d’être sous l’influence des vents dominants. Ainsi, les composés toxiques émis par diverses industries du bassin parisien produisent leurs effets jusque dans la campagne allemande. A cela s’ajoute la présence de plusieurs agents physiques et contaminants chimiques ou microbiologiques, liés aux bâtiments, aux équipements, etc.

Par ailleurs, de nombreux produits de consommation (détergents ménagers, désodorisants, peintures, bougies, encens), ainsi que le mobilier et les matériaux de construction émettent des composés organiques volatils, par exemple le benzène, le formaldéhyde et le naphtalène, connus pour leurs effets néfastes sur la santé. En outre, ces composés réagissent avec l’ozone au niveau du sol (ozone troposphérique) pour former des polluants secondaires.

La troisième source de pollution provient des nombreuses particules en suspension dans l’air comme les allergènes, les fibres végétales ou minérales (l’amiante par exemple), le plomb, etc.

La clientèle peut associer la pollution de l’air ambiant à une mauvaise hygiène

Les problèmes de pollution de l’air ne sont pas récents. Ainsi, au XIXe siècle, le fameux smog londonien était provoqué par le chauffage au charbon. Depuis, ils sont devenus un enjeu politique majeur. Si l’air extérieur devient de plus en plus “propre”, il est paradoxalement de plus en plus pollué à l’intérieur des bâtiments. En outre, l’humidité et le manque de ventilation aggravent la pollution intérieure, en favorisant le développement de moisissures, de bactéries, de blattes et d’acariens. Dans le cadre d’une clinique, cela génère des mauvaises odeurs et de l’inconfort pour les praticiens, mais aussi pour les clients qui peuvent alors avoir des doutes sur l’hygiène de la structure.

La mauvaise qualité de l’air peut avoir des effets sur la santé à long terme, mais également occasionner une baisse d’attention, favoriser un état d’irritation ou de somnolence, donc une moins bonne rentabilité au travail pour toute l’équipe de la clinique.

Des astuces bon marché permettent de maintenir une odeur agréable

Le principal facteur de la mauvaise qualité de l’air intérieur est sa concentration en polluants. Pour la réduire, divers procédés peuvent être mis en œuvre. Il faut d’abord tenter de limiter leurs émissions. Ainsi, un système de chauffage performant et régulièrement contrôlé émet peu de composés toxiques et permet une économie d’énergie. Les appareils de chauffage à flamme qui ne comportent pas d’évacuation extérieure, comme les radiateurs à gaz ou les poêles à pétrole, sont à éviter. Il faut par ailleurs bannir les diffuseurs de parfum, d’insecticides, d’encens ou les bougies. De nombreux désodorisants et parfums d’intérieur qui promettent de supprimer les mauvaises odeurs non seulement ne purifient pas l’air, mais le chargent en substances chimiques nocives, voire dangereuses.

Ceux qui veulent lutter contre les mauvaises odeurs se tourneront plutôt vers les huiles essentielles, en les manipulant avec précaution, car certaines présentent un fort pouvoir allergène. Des neutraliseurs d’odeurs sont également disponibles sur le marché depuis une vingtaine d’années. Auparavant, les systèmes de traitement de l’air avaient un mode de fonctionnement unique : ils diffusaient un produit parfumé pour masquer l’odeur indésirable. Désormais, les industriels s’appuient sur un principe olfactif simple qui veut qu’à presque toute senteur correspond une autre qui, mélangée à la première dans une certaine proportion, l’annule. Des produits, composés de diverses huiles et essences essentielles, diffusés sous forme de vapeur sèche, permettent ainsi de neutraliser la plupart des effluves désagréables.

Quelques astuces bon marché et efficaces permettent aussi de maintenir une odeur agréable dans les locaux. Pour un parfum mentholé assuré, il suffit, par exemple, d’aspirer trois à quatre feuilles de menthe fraîche avant de passer l’aspirateur. Il est aussi possible de déposer une goutte d’huile essentielle sur une ampoule qui, en chauffant, diffusera le parfum dans la pièce. Verser deux cuillères à soupe de marc de café dans les canalisations permettra de supprimer les mauvaises odeurs qui s’en dégagent fréquemment. Et pour éviter une trop forte odeur de litière dans le chenil, il suffira d’ajouter un peu de talc pour bébé au moment de nettoyer les bacs.

La ventilation des locaux constitue une obligation légale

La ventilation est une obligation légale. Les arrêtés du 24 mars 1983 et du 28 octobre 1983 l’imposent pour tous les logements postérieurs à 1982. Il faut cependant veiller à ventiler à bon escient, sans dépense superflue d’énergie. L’un des objectifs est de chasser l’humidité. En effet, une hygrométrie élevée contribue autant que la température à une sensation de chaleur étouffante. Elle accroît la pollution et accentue les odeurs. A l’inverse, un air trop sec est également malsain, occasionnant une irritation de la peau et des muqueuses. La condensation de l’eau se fait sur les surfaces froides (vitres, murs), surtout si elles sont mal isolées, ce qui participe au développement de moisissures. Pour conserver un taux d’humidité idéal dans l’atmosphère intérieure (entre 40 et 60 %), il convient de renouveler l’air grâce à une ventilation. Les humidificateurs, réservoirs accrochés sur les radiateurs, sont à éviter, car ils constituent de véritables nids à bactéries. Quant à l’efficacité des déshumidificateurs chimiques, qui utilisent des cristaux de chlorure de calcium, elle se limite souvent à l’environnement immédiat, un placard par exemple. Les appareils électriques sont plus efficaces, mais leur consommation est importante. Comme les problèmes d’humidité proviennent généralement d’un chauffage excessif et d’une absence de courants d’air, il est souvent plus efficace de les traiter en maintenant un renouvellement d’air permanent.

La réglementation prévoit « une aération générale et permanente ». Elle vise juste. Etablir une circulation constante permet d’obtenir un air moins humide et d’assécher les murs. Ouvrir les fenêtres pendant cinq minutes en réalisant un courant d’air traversant (nord/sud ou est/ ouest) est largement suffisant pour assurer un renouvellement de l’air sans refroidir les murs, même en hiver. Il faut aussi les ouvrir largement lors du passage de l’aspirateur et du nettoyage des sols ou après avoir fait fonctionner le lave-linge. Cependant, la ventilation naturelle, qui consiste à créer des flux par le biais d’orifices d’entrée d’air en partie basse des murs des pièces principales et des bouches de sortie situées en partie haute des pièces les plus humides, ne permet pas d’assurer un débit de circulation d’air parfaitement contrôlé. Il dépend en effet des conditions climatiques, du vent et des saisons, ce qui conduit à des situations de sousventilation ou de surventilation. D’autres techniques permettent alors d’assurer un renouvellement satisfaisant de l’air.

La VMC et le puits canadien permettent d’optimiser la ventilation

La ventilation mécanique assistée (VMC) simple flux est le système le plus simple. Les entrées d’air sont placées au niveau des fenêtres des pièces principales, les bouches d’extraction de l’air étant généralement situées dans les pièces les plus humides et reliées à un groupe d’extraction motorisé. Cette aération permanente ne tient cependant pas compte des variations d’humidité et de chaleur. Une telle VMC refroidit donc les locaux en hiver et les réchauffe en été. Pour sa part, la VMC hygroréglable régule le débit d’air selon les besoins. Il est ainsi possible d’automatiser un dispositif simple flux en installant un capteur d’humidité. La VMC double flux vise à réchauffer l’air neuf en récupérant la chaleur de l’air évacué. L’économie sur les pertes d’énergie est de 70 %, mais l’installation est onéreuse et l’entretien lourd. Il faut compter une dizaine d’années pour rentabiliser un tel dispositif, ce qui correspond à peu près à sa durée de vie.

Ceux qui envisagent la construction de nouveaux locaux ou des travaux de terrassement peuvent opter pour un puits canadien, dont la réalisation ne nécessitera alors que 300 €. Le principe consiste à utiliser l’énergie géothermique de façon passive en faisant circuler l’air neuf de renouvellement par des tuyaux enterrés dans le sol, à une profondeur d’un à deux mètres, avant qu’il ne pénètre dans la maison. En hiver, le sol est plus chaud que la température extérieure. L’air froid est donc préchauffé dans les tuyaux. L’air aspiré par la VMC n’est pas prélevé directement de l’extérieur (via les bouches d’aération des fenêtres), d’où une économie de chauffage. En été, le sol est plus froid que la température extérieure. Le puits utilise donc la fraîcheur relative du sol pour tempérer l’air entrant.

Plusieurs appareils de traitement de l’air sont disponibles sur le marché

Pour maintenir une ambiance respirable dans la clinique, il est indispensable de rafraîchir l’atmosphère des locaux via un ventilateur qui, s’il ne produit pas de froid, peut procurer une sensation de fraîcheur. Le ventilateur sur socle a l’avantage d’être mobile, mais il n’est généralement destiné qu’à l’usage d’une personne. A contrario, celui sur pied permet de ventiler une pièce grâce à sa puissance, son oscillation, son flux d’air ultralarge et son débit important. Le ventilateur en colonne, qui diffuse l’air verticalement, rafraîchit de la tête aux pieds. Il est à réserver aux petites pièces. Dans certains cas, un brasseur d’air peut être plus adapté (éclairages puissants, locaux sous verrière, etc.). Il se pose au sol et pulse l’air vers le haut. Il fonctionne généralement de façon ponctuelle pour rafraîchir une pièce surchauffée.

Dans les régions chaudes, un climatiseur peut se révéler indispensable. Tout en abaissant la température, il déshumidifie et filtre l’air. La sensation de chaleur lourde est supprimée, l’air est purifié et la température contrôlée.

Certains peuvent être tentés par l’achat de divers appareils présents sur le marché du traitement de l’air. Toutefois, ils sont incapables d’assurer une ventilation des locaux telle qu’elle est prévue par les textes. Aucune réglementation uniforme concernant leur performance et leur efficacité n’est en outre disponible. Il existe ainsi des purificateurs d’air, équipés d’un filtre à haute efficacité (HEPA) ou d’un générateur de champs électriques qui piègent correctement les particules, mais faiblement les polluants gazeux. Des ioniseurs sont également disponibles. Grâce à un courant électrique à haute tension, ils génèrent une grande quantité d’ions négatifs qui contribuent à améliorer la qualité de l’air. Leur rayon d’action est limité à l’environnement proche de l’appareil (1,50 m environ). Pour leur part, les purificateurs décontamineurs ioniseurs, outre un filtre HEPA, disposent d’un filtre à charbon actif, de grilles bactéricides et fongicides et d’un ioniseur pour un traitement complet de l’air. Ces appareils fonctionnent généralement sur un principe identique. L’air pénètre dans un préfiltre qui retient les plus grosses particules, puis passe à travers une grille électrostatique qui arrête la poussière et emprisonne ainsi les particules et les polluants. Un filtre à charbon activé absorbe ensuite les gaz, les composés organiques volatils et les odeurs. Le filtre HEPA est efficace pour capturer les poussières, les allergènes et les autres particules solides (y compris les bactéries). Tous les micro-organismes, notamment ceux capturés par le filtre HEPA, sont ensuite détruits par une lampe germicide à ultraviolets. Un ioniseur complète fréquemment le dispositif. Ces appareils, dont le prix varie de 300 à 400 €, sont prévus pour des surfaces de 15 à 70 m2.

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